Ce pianiste et cycliste olympique a finalement opté pour l'informatique dans le secteur des transports. Il est aujourd'hui DSI de la compagnie aérienne Europe Airpost, l'ancienne Aéropostale. Il préfère jouer un rôle de garde-fou qui met en place des choses simples, tout en suivant les évolutions technologiques.
Fabrice de Biasio : jeune, j’ai été prix d’honneur en piano au Conservatoire de Paris et j’ai participé aux épreuves de cyclisme des Jeux Olympiques de Moscou en 1980. Pour pouvoir continuer à m’entraîner au vélo, à 21 ans, j’ai intégré en 1982 une entreprise de transport par autocar à mi-temps. J’y ai démarré l’informatique en autodidacte, étudiant puis programmant une solution de planification des tournées des autocars. Puis j’ai finalement informatisé de A à Z la société. Le vélo m’a armé pour le monde du travail : il m’a appris à me battre, à travailler seul ou en équipe, et à supporter les échecs comme à apprécier les réussites.
➜ S&L : Quel est votre parcours par la suite ?
• FdB : D’abord analyste-programmeur en langage C et Unix dans une SSII, je deviens en 1992 responsable informatique du groupe de transport routier de marchandises et de logistique Transalliance. Fin 2000 je passe DSI du groupe de transport Giraud International, où j’ai mis en place un ERP maison. En 2003, le développement interne du progiciel de gestion intégrée en Roumanie en Java, avec V-Sphere et sur AS-400 a coûté un million d’euros ; un seul système, déployé en 2004-2005 sur toute l’Europe, reliait toutes les agences, même dans le coin le plus perdu. Chaque ordre de transport était visible par l’ensemble des agences. En mars 2008, juste après la cession par la Poste d’Europe Airpost (l’ancienne Aéropostale) à Air Contractors, et donc sa privatisation, qui a donné naissance au groupe ASL Aviation, je suis recruté par la compagnie aérienne pour créer une DSI tournée vers le futur.
➜ S&L : Quel est le rôle du DSI ?
• FdB : Le DSI ne doit pas avoir d’idées reçues. Il a un rôle de garde-fou. Il vaut mieux rester dans les rails de l’autoroute de l’information. Au lieu de construire une usine à gaz, mieux vaut faire des choses simples qui fonctionnent. Il ne faut jamais réinventer la roue, et chercher à capitaliser sur ce qu’on possède. Quand un logiciel ne semble pas bon, c’est souvent l’usage qui en est fait qui est en cause. Il faut un bon paramétrage du logiciel et une bonne communication aux utilisateurs pour susciter leur adhésion.
➜ S&L : Quelle est pour vous la valeur ajoutée d’une DSI ?
• FdB : La Direction des SI doit s’adapter aux évolutions technologiques, adapter le système d’informations à l’entreprise et aux utilisateurs et fournir du service pour apporter de la valeur ajoutée. Ainsi, dans l’aviation, les logiciels métiers doivent être certifiés par la Direction Générale de l’Aviation Civile (DGAC), par l’Association Internationale du Transport Aérien (IATA). Nous utilisons donc des logiciels du marché agréés, et l’open source uniquement pour certaines applications hors coeur de métier, comme le portail bureautique. 90% de la solution métier est sur Oracle. En tant qu’architecte, la DSI intègre les briques logicielles, fait tourner le système dans son entier et communique auprès des utilisateurs. La DSI est également chargée de réaliser une veille technologique permanente pour faire évoluer le système.
➜ S&L : Quelles sont les grandes tendances technologiques que votre DSI suit actuellement ?
• FdB : L’essor de la mobilité et des tablettes, le cloud computing, et le travail plus haché des salariés, connectés en dehors de la tranche 8h-18h, sont des tendances que nous avons prises en compte. Nous déployons des iPad dans les directions, avons développé une application sur iPhone pour nos clients tour-opérateurs. Nous avons virtualisé les serveurs, le stockage et les routeurs. Nous virtualisons les postes de travail fixes d’ici fin 2011, et en 2012 les postes portables. Que le poste virtuel suive partout le salarié est un enjeu de productivité énorme.