L’avenir de l’ERP semble aujourd’hui multiple, dans sa forme comme dans son fond. Voici quelques pistes d’enjeux à l’heure où les éditeurs le réinventent.
« L’ERP est sur le déclin », soutient Tien Tzuo, CEO et fondateur de Zuora, éditeur d’applications SaaS financières, commerciales et de facturation. « C’est difficile d’y croire mais il n’y a pas si longtemps, l’ERP était tendance. Dans les années 90 – avec le bug de l’an 2000 à l’horizon – les sociétés ont remplacé leur système de back-office par les nouvelles suites d’Enterprise Resource Planning (ERP) ou progiciel de gestion intégrée, dont l’objectif était de créer une sorte de solution unique pour gérer la paie, la facturation, les RH, la logistique, la supply chain, le Grand livre comptable et bien d’autres choses encore. Oracle s’est d’ailleurs fait une fortune dans la vente de base de données. »
Tien Tzuo met, lui, en avant les solutions Cloud dédiées à une seule tâche : « Du service client au calcul des frais, en passant par les prévisions et la facturation, de plus en plus d’entreprises ont recours à des fournisseurs de Saas “plug and play” qui mettent toute leur énergie à effectuer une seule fonction, parfaitement. »
Quels enjeux majeurs aujourd’hui ?
A l’ère du Cloud et du SaaS, ce questionnement sur le rôle et le devenir des ERP est devenue récurrent dans la presse et les conférences IT, jusqu’à la keynote inaugurale du Salon Solution ERP le 20 septembre, portant ce titre : « Non, l’appellation ERP n’est pas désuète ! Voici pourquoi » Alors, faut-il prévoir un déclassement rapide et définitif de l’ERP ? Pour Robin Pirez, Directeur communication et marketing digital chez archipelia, « nous n’échappons pas à ce questionnement : certes, la suite archipelia est bâtie autour d’un ERP innovant et reconnu, mais elle est surtout largement ouverte aux services connectés et riches de modules complémentaires, du CRM au SCM en passant par les solutions de ventes omnicanal et la mobilité ou la BI, etc. Du coup, on pourrait penser que le rôle de l’ERP s’en trouverait amoindri, dilué au sein du SI. Voire anecdotique. C’est tout l’inverse ! L’ERP est plus que jamais indispensable ! En fait, sans un ERP puissant et rapide comme celui d’archipelia et sa base de données synchronisée en temps réel, la suite archipelia ne serait qu’une juxtaposition de services SaaS. Avec archipelia, le SI s’appuie sur un ERP multi-vertical, offrant un périmètre horizontal particulièrement large et adapté au business 3.0 tandis que les métiers peuvent bénéficier de toute la profondeur verticale nécessaire pour améliorer la relation client ou optimiser les flux, par exemple. »
TVH Consulting est une ESN experte dans l’intégration des ERP SAP, Microsoft Dynamics et Sage, et qui opère sur des projets complexes à volumétrie importante et plutôt dans un contexte international. Son Directeur général Ahmed Mahcer distingue 4 objectifs majeurs pour l’entreprise, aujourd’hui, autour de l’ERP.
D’abord la stratégie de distribution autour de l’omnicanal. « L’enjeu majeur depuis 2 à 4 ans c’est la diversification des canaux de distribution. D’une stratégie multicanal, on passe à une stratégie omnicanal. Avec un socle ERP puissant, up to date, vous êtes en mesure de pouvoir gérer toute la logistique et toute la partie commande pour pouvoir répondre à ces différents canaux de distribution : e-commerce, m-commerce, points de vente traditionnels… ».
Vincent Laurain, Directeur stratégie produits, Directeur qualité & méthodes chez Divalto, dont la solution générique s’adapte aux besoins métiers via le savoir-faire des partenaires (dans le monde du vin ou des travaux et maintenance par exemple), voit également des demandes sur « la problématique cross-chanel, et la gestion des informations produits : mise en avant des produits, suivi du client, proposition produits complémentaires, etc. »
L’analyse prédictive, de son côté, est « indispensable aujourd’hui pour « Identifier les habitudes de consommation et les futurs besoins du consommateur, afin d’innover autour des différents produits », soutient Ahmed Mahcer. S/4HANA, que TVH Consulting a déjà installé auprès de 3 clients, est « une belle solution » qui apporte des nouveautés importantes pour tout ce qui touche à la base de données, à l’analyse prédictive, « à la notion de in-memory qui permet des temps de réponses extrêmement rapides ». Lire l’interview de Claude Molly-Mitton, Président de l’USF, l’association francophone des utilisateurs SAP.
« Ce qui fait le succès ou l’échec d’un projet ERP, c’est rarement la solution, mais souvent l’intégrateur. »
Ahmed Mahcer, TVH Consulting
Pour la stratégie de marketing digital, « Là aussi, il faut une base de données solide et des informations fiables », indique Ahmed Mahcer. Enfin, pour l’implémentation à l’international, l’ERP répond bien évidemment à la « nécessité d’avoir des référentiels uniques et communs », ajoute-t-il. TVH Consulting a par exemple installé Dynamics AX sur l’ensemble des filiales Pierre Fabre.
L’ERP, bénéfique pour une implémentation à l’international
Une étude d’Opinion Way menée pour Sage, auprès des PME françaises sur leur stratégie à l’international montre que celles qui sont déjà internationalisées sont équipées d’un ERP à 59 %. Elles le jugent bénéfique (61 % pour ces stratégies internationales) et le recommanderaient dans une très large majorité (90 %) aux PME qui s’apprêtent à franchir le pas. Face aux pressions qu’engendrent ces changements sur leur environnement, les entreprises industrielles ont la nécessité absolue d’améliorer leur productivité, mais également d’innover pour rester compétitives. Le système d’information et en son cœur les solutions de gestion, en constituent les leviers majeurs. La mise en œuvre d’un ERP constitue une opportunité pour rationaliser les outils et, au-delà des impératifs opérationnels, d’accompagner les entreprises dans de nouvelles stratégies. La mise à jour en temps réel de l’information (85 %), la sécurisation du stockage et de l’accès aux données (84 %), le fait de disposer d’une solution tout-en-un (83 %) ou encore le contrôle à distance de l’ensemble des sites (80 %), figurent en bonne place dans le top des avantages reconnus aux ERP. A compléter par l’harmonisation des processus, l’application des procédures standardisées, l’homogénéisation des normes de qualité, la gestion automatisée des langues et devises…
« Les contraintes, multiples, conjuguées à une nécessaire flexibilité, conduisent les PME à des choix drastiques concernant les solutions », explique Isabelle Saint-Martin. « Celles-ci doivent proposer un champ étendu d’aptitudes exploitant à bon escient les technologies internet, décisionnelles et mobiles ; elles doivent être simples d’utilisation, d’appropriation, d’administration ;
enfin, elles doivent être rapides à déployer, économiques et évolutives. Pour adopter le schéma le plus adapté à son contexte, l’entreprise doit également jouir d’une liberté de choix concernant l’exploitation de la solution (déployée sur site, hébergée ou en tant que service dans le Cloud) ainsi que la révision de ce choix pour le futur, en fonction de son évolution », conclut Isabelle Saint-Martin, Chef de marché ERP chez Sage
La fin de l’ERP monolithique ?
En novembre 2014 déjà, Gartner indiquait dans un rapport nommé « Les DSI devraient évaluer des options ERP Cloud tout en conservant des stratégies ERP post modernes », que la suite ERP traditionnelle allait être remplacée par un environnement ERP plus homogène, « l’ERP post-moderne » avec l’essentiel, voire la totalité des fonctionnalités ERP requises disponibles dans le Cloud.
Depuis, les offres se sont multipliées. Parmi les plus récentes, l’éditeur Axelor décline son ERP open source dans une nouvelle édition à destination des petites entreprises, et entièrement Cloud : Axelor My Business. Le but : permettre aux TPE d’accéder aux fonctionnalités d’un ERP, logiciel souvent inaccessible pour elles, dans une édition simple et ergonomique. Contrairement aux solutions de gestion classiques, « aucun investissement, aucune installation ni aucune formation n’est nécessaire », soutient l’éditeur. Le logiciel, qui reste open source, est proposé à 25 € par mois/utilisateur. L’utilisateur peut le télécharger et l’exploiter ensuite, avec le code source, sans redevances (lire notre encadré).
Un bouquet de services chez Cegid
Cegid a, lui, complété son ERP Yourcegid Y2 On Demand. Bouquet de services Cloud intégrés, il couvre l’ensemble des besoins de gestion des PME (comptabilité, paie, fiscalité) et propose dorénavant la gestion commerciale (Yourcegid Trade Y2 On Demand) et la gestion d’affaires (Yourcegid Services Y2 On Demand). Deux nouveaux domaines de l’ERP en SaaS, qui « permettent aux prestataires de service, bureaux d’études et acteurs du négoce, de gérer leur activité au quotidien grâce à une vision 360° des métiers de l’entreprise », indique l’éditeur.
Chez Nout, on a repensé l’interface Web du nouvel ERP SIMAX 11, en utilisant le nouveau framework Symfony pour une ergonomie épurée et un grand confort d’utilisation, promet l’éditeur.
Unit4 Business World On ! de Unit4, qui permet à chacun de créer son propre environnement, de choisir sa façon de travailler en automatisant des tâches répétitives à faible valeur ajoutée, peut être déployé dans le Cloud public, le Cloud privé ou sur site. Une approche que l’éditeur met en avant et nomme « Cloud Your Way ».
Chez Sage, dans le cadre d’une nouvelle mise à jour (Update 10) disponible dans le Cloud, Sage X3 s’enrichit, « avec une adéquation renforcée de la plate-forme applicative aux exigences du Cloud, un usage mobile et web facilité (nouvelle interface utilisateur mobile intégrant les apports de Windows 10, améliorations de la navigation, intégration de Microsoft Office 2016, etc.) ». Au-delà, Sage X3 s’enrichit d’une couverture fonctionnelle étendue pour les secteurs de la distribution, de l’industrie et le domaine de la gestion financière, ou encore « d’un nouveau module e-commerce, développé dans le cadre d’un partenariat fort avec XM Development, fournisseur de solutions d’e-commerce mobiles, indique Isabelle Saint Martin, un service activable en complément de l’ERP ». En matière de reporting et de décisionnel, la nouvelle version (7.2) de la solution de Business Intelligence (BI), issue d’un partenariat industriel avec Tangerine Software, est intégrée à la nouvelle version de Sage X3.
Proginov, qui édite une suite applicative qui s’articule autour de la gestion commerciale et industrielle, la comptabilité et finance, la paye et RH : pour les secteurs variés (négoce, industrie, agroalimentaire, distribution et logistique, BTP, menuiserie et bois brut, textile et automobile, points de vente et e-commerce, santé) met en avant parmi les principales nouveautés de sa nouvelle version 5.0 le design et l’ergonomie avec un nouveau portail d’hébergement Cloud.
Changement de paradigme pour Microsoft Dynamics
Microsoft a sorti en mars dernier pour les ETI et PME son ERP Dynamics AX en mode Cloud (AX7), « avec un changement complet de l’ergonomie de la solution, très moderne », indique Wilfrid Guerit, Microsoft Business Solution Director chez Microsoft, assortie de diverses « innovations ». Et de donner en premier exemple, la réalisation de tutoriels : on peut enregistrer une suite d’opérations dans l’ERP, en pas à pas, et envoyer le tout à un utilisateur, pour lui indiquer une procédure à suivre. Second exemple : la BI, avec des tableaux de bord complètement intégrés dans l’ERP.
Enfin, impossible de passer à côté de Microsoft Dynamics 365, lancé sous peu (en octobre, début novembre) et qui intègrera les fonctions de Dynamics CRM et des offres ERP Dynamics au sein d’une solution Cloud unique, disponible depuis la plateforme Microsoft Azure. Sur mesure pour chaque organisation et chaque secteur, cette nouvelle offre permet de bénéficier d’une solution incluant la gestion des ventes, la relation clients, les opérations, le marketing ou encore la gestion financière. « On aura une offre Dynamics 365 en dessous de 250 utilisateurs (offre Entreprise) qui s’appuie sur le CRM et Dynamics AX. L’offre au-dessus de 250, s’appuiera sur Nav, en mode full Cloud ou hybride en fonction des besoins des clients (offre Business) », précise Wilfrid Guerit.
Une offre complétée par un app store nommé AppSource, une marketplace sur laquelle l’éditeur, ses partenaires et plus généralement les éditeurs pourront proposer des applications métiers complémentaires. En preview, 250 apps métiers sont disponibles en SaaS (lire notre article sur la stratégie de Microsoft page 12). Wilfrid Guérit résume ainsi la philosophie : « une intégration beaucoup plus forte entre toutes nos solutions mais aussi avec les solutions tierces du marché. »
Cloud, mais aussi mobilité, BI, Big Data, Analytics… l’ERP se réinvente et s’adapte. Chez Infor, la toute nouvelle solution Infor Mobility for Field Service (MFS), v15.1.0, permet d’accéder à l’ERP Infor M3 au moyen d’un terminal mobile. Divalto adapte sa solution pour un accès par les collaborateurs à l’information professionnelle en situation de mobilité: on pense aux commerciaux bien entendu (gestion des commandes, présentation de produits, etc.), mais aussi à la mobilité interne, sur des fonctions de logistique, de contrôle qualité, de production, de maintenance…
Proginov continue de son côté à développer son offre mobile, en WMS (système de gestion d’entrepôts), en magasin, avec l’encaissement grâce à la tablette, dans les ateliers avec la gestion du SAV et pour les commerciaux avec l’application force de vente.Dynamics 365 offre, lui, à la fois des interactions en profondeur avec Office 365, et avec les outils d’analyses prédictives et de data-visualisation de l’éditeur (Power BI et Cortana Intelligence), le tout construit sur une plateforme et un modèle de données communs. Avec Dynamics 365, on peut depuis Outlook, par exemple, obtenir des infos sur un prix – pour l’envoyer à un client – issu d’autres applications, et cela sans sortir de la messagerie, mettre à jour ce prix dans ces mêmes applications, toujours en restant dans la messagerie.
À consulter sur notre site
solutions-numeriques.com,
le livre blanc Solutions IT/Qualiac sur les centres de services partagés et l’ERP.
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