Les éditeurs spécialistes des grands systèmes sont unanimes. La pénurie de compétences menace l’évolution des applications et l’exploitation continue des mainframes.
A l’heure des applications Cloud mobiles, retrouver le mainframe dans les prédictions 2016 peut surprendre. Pourtant, plusieurs études confirment la menace qui plane sur le vénérable grand système, assimilé à un dinosaure de l’ère numérique et négligé par les générations PC, Internet, Y puis Z.
En un demi-siècle, il a rendu de fieffés services, éditant d’épais listings et affichant ses transactions sur écrans verts, ambres puis graphiques. Mais son système hautement disponible et ses outils propriétaires, assortis d’un tarif luxe, l’ont condamné progressivement face aux micro-ordinateurs individuels puis aux PC portables, smartphones et tablettes, sans l’effacer toutefois du paysage des salles informatiques.
Pénurie de compétences à court terme
Près de neuf DSI sur dix – 88% des 350 directeurs informatiques internationaux interrogés par Vanson Bourne pour Compuware au printemps dernier -, considèrent le mainframe comme un élément clé de leur système d’informations en 2016 et pour dix ans encore. L’étude révèle également que 78% des DSI perçoivent toujours le grand système comme un catalyseur d’innovations.
Sept sur dix se disent toutefois préoccupés par le risque lié au transfert de connaissances et de compétences technologiques, notamment en langages Cobol et JCL. Malgré cela, 39% n’ont pas encore défini de plan pour faire face à la pénurie de développeurs, suite au départ en retraite des plus expérimentés.
Encourager la collaboration entre informaticiens
Pour Jason Bloomberg, président du cabinet d’analyse Intellyx, “les organisations qui dépendent d’un grand système pour leurs activités quotidiennes doivent encourager une collaboration entre les équipes mainframe et non-mainframe. Le succès de leur transformation numérique dépend de cet équilibre.” Selon lui, cette étape n’est pas à prendre à la légère car elle exige d’aligner des cultures, des outils et des processus différents.
L’éditeur BMC Software note également que 6 à 7% seulement des DSI imaginent abandonner leur mainframe. On peut regretter qu’il forme trop souvent un ilot informatique dans le datacenter, faute d’interconnexions avec les autres ressources informatiques, faute de formations et d’investissements adaptés ; en direction des applications Big Data par exemple.
“Depuis le tournant de l’an 2000, le mainframe n’a jamais autant requis l’attention des DSI ni leur implication directe. L’espoir n’est jamais une bonne stratégie en la matière. Il convient de redonner une priorité aux investissements mainframe pour réduire efficacement le risque associé au changement de générations des équipes informatiques”, préconise Chris O’Malley, le PDG de Compuware.
Auteur : Olivier Bouzereau