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« Donner l’accès aux compétences numériques à 30 millions de personnes d’ici 2030 », Justina Nixon-Saintil, vice-présidente RSE d’IBM

Emplois Numériques a réalisé un entretien exclusif avec Justina Nixon-Saintil, vice-présidente de la responsabilité sociale et environnementale du groupe IBM, lors de son passage à Paris, alors qu’elle était en route pour participer à la COP27 à Charm-el-Cheikh, dont IBM est partenaire technologique. Elle était accompagnée d’Isabelle Biadatti, directrice responsabilité sociale d’IBM France.

 

 

Comment le secteur de l’IT peut-il faire face à la pénurie de talents
mondiale dans l’IT ?

 

Justina Nixon-Saintil, vice-présidente de la responsabilité sociale et environnementale, IBM :
Il y a des difficultés partout à embaucher, que ce soit dans les grandes, les petites ou les moyennes entreprises. Or, il y a nombreux gisements de talents inexploités : citons les femmes, les personnes à bas revenu et les migrants qui n’ont pas les moyens financiers et le soutien nécessaire pour intégrer le domaine des technologies. Pourtant, ces personnes réussissent bien une fois qu’elles sont dans le domaine.

Etant moi-même ingénieure, je sais que c’est un métier difficile. C’est pourquoi il faut enseigner les sciences et les technologies très tôt à l’école, ce qui permettra d’avoir des personnes plus qualifiées par la suite. Nous devons notamment sensibiliser les jeunes filles tôt, afin de susciter leur intérêt, puis qu’elles poursuivent des études dans ces domaines puis y trouvent du travail.

 

Que diriez-vous aux jeunes femmes qui hésitent du fait du sexisme et des stéréotypes de genre qui existent dans le domaine de l’IT, aux femmes qui souhaitent quitter le secteur pour les mêmes raisons ?

 

Beaucoup d’entreprises me semblent aujourd’hui plus engagées à mettre en œuvre les conditions du succès de leurs collaboratrices féminines ainsi qu’un environnement inclusif. Elles font preuve de plus de transparence dans les données concernant l’emploi et notamment l’emploi des femmes. Notre secteur évolue, il faut donc ne pas hésiter à y aller et à y rester. Les opportunités de carrière sont nombreuses, et les postes dans l’IT sont très bien payés. Ainsi, chez IBM nous avons des engagements pour augmenter le nombre de femmes parmi nos cadres exécutifs.

 

Quelles actions IBM met en œuvre face à la pénurie de talents ?

Nous mettons l’accent sur la formation et les compétences, ce qui permettra de combler le fossé entre l’offre et la demande de talents qualifiés dans l’informatique. Ainsi, notre plateforme en ligne gratuite SkillsBuild.org met à disposition dans 7 langues plus de 1 000 cours dans de nombreuses disciplines techniques, comme l’intelligence artificielle, l’analyse de données, la cybersécurité – qui est un enjeu majeur de cette décennie – mais aussi sur les soft skills. Elle s’adresse à la fois aux jeunes de l’enseignement secondaire et supérieur et aux adultes. Elle compte aujourd’hui plus de 2,2 millions d’utilisateurs. Ils peuvent obtenir des badges et des certifications numériques. 221 000 ont été déjà délivrés. Nous avons plus de 500 partenaires dans le monde.

Plus largement, notre ambition, annoncée en 2021 et dont je suis fière, est de fournir d’ici 2030 à 30 millions de personnes de tout âge et toute origine les compétences numériques nécessaires pour les emplois de demain. Pour atteindre cet objectif, IBM a annoncé une feuille de route claire avec plus de 170 nouveaux partenariats avec des établissements d’enseignement, des ONG et des entreprises de l’écosystème IT. L’effort s’appuiera sur les programmes existants d’IBM et les plateformes de développement de carrière pour élargir l’accès à la formation. Notre PDG Arvind Krishna a souligné que « le talent est partout, contrairement aux opportunités de formation. »

En 2021, nous avons atteint grâce à nos différents programmes de formation 3,5 millions de personnes. Quel que soit le domaine dans lequel vous travaillez, vous avez besoin de compétences digitales. Notre but est social : il s’agit, par la formation, d’aider à monter en compétences, à se perfectionner, à se reconvertir, et à réussir.


Parmi les viviers de talents souvent oubliés figurent les personnes vivant en zone rurale et les personnes en situation de handicap. Qu’en pensez-vous ?

 

La pandémie de Covid-19 a développé le télétravail et les formations en ligne. Il est désormais plus facile pour les personnes en zone rurale d’accéder aux opportunités dans notre secteur.

Pour les seconds, je préfère le terme de personnes qui ont des capacités spéciales. IBM parle aussi de personnes qui ont des capacités diverses. Ce sont des personnes qui réussissent très bien dans notre secteur. Nous nous engageons chez IBM à les soutenir, les former et les recruter.

 

Pouvez-vous nous parler de votre programme de diversité et d’inclusion
au sein d’IBM ?

 

Le programme Be Equal forme nos collaborateurs à la diversité et l’inclusion. Nous avons également des partenariats extérieurs. Nos engagements sont forts en matière de diversité au sein d’IBM : accroître le nombre de femmes et de personnes issues de la diversités parmi nos leaders, mais aussi augmenter parmi nos fournisseurs le nombre d’entreprises dirigées par des femmes et des personnes issues de la diversité.

 

Quels sont vos objectifs pour 2023 ?

 

Nous avons 3 principaux objectifs. D’abord, il y a urgence à renforcer le pipeline de talents dans la tech. Nous allons développer nos programmes de formation, pour qu’au final il y ait plus d’emploi. Deuxièmement, si nos partenariats avec le secteur public sont déjà bien avancés, nous devons renforcer nos partenariats avec d’autres entreprises privées, notamment sur le sujet des communautés les plus vulnérables. Troisièmement, nous allons travailler à élargir le pipeline de talents pour les emplois dits « verts », liés au développement durable.

 

 

La plateforme SkillsBuild en France

Isabelle Biadatti, directrice responsabilité sociale d’IBM France, nous précise que la plateforme SkillsBuild a démarré en France en 2020. “Nous avons différents partenaires en France, comme les Descodeuses, la cité des Métiers. Cette année, nous avons accueilli au sein de nos partenaires Specialisterne, entreprise sociale spécialiste de l’emploi des personnes autistes ou ayant d’autres différences cognitives.”

 

Propos recueillis par Christine Calais