Qu’elle soit liée au cœur de métier des RH ou à l’entreprise dans son ensemble, la digitalisation transforme chaque jour un peu plus les contours du métier de RH. Quelles sont les outils mis en place ? Quels seront les priorités dans 5 ans ?
En 2017, 2 entreprises sur 3 sont équipées d’un outil de paie ou de gestion des temps digitalisés, selon la 10ème édition du Baromètre RH 2017 de Bodet Software, éditeur de logiciels RH. Une proportion qui baisse pour d’autres outils, tels que l’évaluation des compétences, l’administration du personnel et la gestion des notes de frais, avec 1 entreprise sur 3 équipée. Mais il s’agit d’un chiffre à mettre en rapport avec la maturité et la taille des entreprises. Pour l’évaluation des compétences par exemple, les entreprises de plus de 3 000 salariés sont équipées à 65 % quand les entreprises de moins de 250 salariés avoisinent les 16 %.
L’e-learning en ligne de mire
Néanmoins, 36,1 % des entreprises envisagent de digitaliser l’évaluation des compétences d’ici 5 ans, suivie de près par la formation (32,5 %). Conséquence directe de la réforme de la formation professionnelle de janvier 2015, incluant la mise en place du CPF, l’accès aux formations professionnelles évolue. Si les formations présentielles en interne et en externe sont les plus courantes puisque trois entreprises sur quatre déclarent les utiliser, 44% des répondants souhaitent mettre en place l’e-learning dans leur entreprise d’ici 5 ans. De par la flexibilité dans l’apprentissage et l’autonomie qu’il induit, l’e-learning monte enfin en puissance dans les organisations. Mais les DRH ne se projettent pas dans la réalité augmentée ou les serious games. Quant au blended learning (enseignement mixte associant apprentissage en ligne et présentiel), il attire l’attention de 27 % d’entre eux. Concernant le suivi des formations des collaborateurs, les PME utilisent majoritairement une suite bureautique tandis que les ETI optent principalement pour un logiciel du marché. A noter que cet outil est encore loin d’être démocratisé puisqu’en moyenne, moins d’une ETI sur deux travaille avec un logiciel de marché.
Le télétravail freiné par la gestion des temps et la sécurité
Pratique concrète rendue possible par la digitalisation : le télétravail. 46 % des DRH interrogés indiquent que certains salariés de leur entreprise le pratiquent déjà. A contrario, 43 % des entreprises déclarent ne pas vouloir le mettre en place, un chiffre à prendre cependant avec précaution en raison du « télétravail gris » (télétravail informel, régulier ou occasionnel, ne relevant d’aucune contractualisation spécifique ou choix organisationnel de la part de l’entreprise).
Principaux freins à une pratique plus répandue du travail à distance : la gestion des temps (40,5 %) ainsi que la sécurisation des données et la confidentialité (32,6 %). Pour permettre un déploiement serein du télétravail, les DRH estiment que la première condition nécessaire serait d’améliorer les flux d’informations entre le salarié et son entreprise (41,6 %). Le contrôle du travail effectif, le respect de la confidentialité et la sécurité des données sont également des conditions importantes aux yeux des entreprises dans ce domaine.
Plus d’1 entreprise sur 2 utilise le recrutement par réseaux sociaux
Enfin, le recrutement a lui aussi été passé au crible par le Baromètre RH. Les réseaux sociaux professionnels, en premières places desquels LinkedIn ou Viadeo, arrivent en première position des outils utilisés dans les processus de recrutement, avec 55 % des établissements interrogés y ayant recours. Un chiffre qui laisserait à penser que seule la phase de sourcing des candidats est entièrement structurée par le numérique. Cette hypothèse est corroborée par le fait que la diffusion d’offres d’emploi reste la raison principale des entreprises (52,5 %) d’utiliser ces outils.
La raison de ces usages restreints du numérique dans le recrutement selon les RDH interrogés ? Les services proposés sont inadaptés pour leurs besoins (argument essentiellement évoqué par les petites structures), le manque de temps et le coût de fonctionnement.
L’aisance inégale des collaborateurs, barrière à la digitalisation
Si le gain de temps (28,8 %) et un meilleur partage des informations (28,1 %) sont les principaux avantages évoqués par les répondants, le frein majeur à l’adoption d’outils digitaux évoqué par la fonction RH est l’aisance inégale des collaborateurs vis-à-vis des nouvelles technologies, sur laquelle 23,5 % des répondants se retrouvent, loin devant les craintes de défaillances techniques (7,3 %) ou la valeur juridique des documents (5,6 %). « Attirer et retenir les talents, développer les compétences, garantir un climat social sain et, bien sûr, contribuer à la stratégie de l’entreprise en tant que « Business Partner » sont des enjeux clés de la DRH. Le métier est en pleine mutation. Cette fonction stratégique auprès de la direction générale requiert d’élaborer des reportings et tableaux de bord issus de nombreuses données administratives. Tout ceci dans un contexte de pressions et de réglementations croissantes… Dans ces conditions, la DRH doit exploiter les opportunités offertes par le digital, pour ses propres besoins, mais aussi dans son rôle de service à destination des métiers. Elle y trouvera le gain de temps, l’amélioration du partage d‘informations et la fiabilité des données qu’elle recherche », estime Eric Ruty, directeur général de Bodet Software.
Le Baromètre RH 2017 repose sur les résultats d’une enquête en ligne réalisée en France en partenariat avec l’Université Catholique de l’Ouest aux mois de novembre et décembre 2016 auprès de 302 personnes.