Le cabinet Innov and Co emploie des personnes en situation de handicap ou ayant des problèmes d’insertion pour offrir des services informatiques aux entreprises.
L’économie sociale et solidaire regorge de pépites entrepreneuriales. Thomas Saillard, diplômé de l’école d’ingénieurs de Grenoble en 2006, est autiste Asperger. Le syndrome d’Asperger rend difficile les interactions sociales. Il a engendré des complications dans ses études, et surtout d’importantes difficultés au début de sa vie professionnelle. Aussi a-t-il décidé il y a huit ans de créer un cabinet, Innov and Co, pour accompagner sur le marché de l’emploi des personnes qui doivent faire face à d’importants freins pour y accéder. Il se compose de deux structures : Innov and Co Handicap, pour les personnes en situation de handicap, agréée entreprise adaptée (EA) et Innov and Co Social Consulting, qui accompagne des personnes ayant des difficultés d’insertion, agréée entreprise solidaire d’utilité sociale.
Le cabinet travaille avec plusieurs associations dans le domaine du handicap, oui aidant des réfugiés politiques. Les deux entreprises sœurs réalisent des prestations intellectuelles, dans l’IT et la finance, ainsi que des prestations manuelles ou administratives.
« Ces dernières sont souvent la porte d’entrée chez un nouveau client, explique Thomas Saillard. Par la suite, nous lui proposons des services informatiques et financiers (contrôle de gestion, comptabilité, etc.). La majorité de notre chiffre d’affaires est réalisée dans le digital. Ce sont les banques et assurances qui nous font travailler le plus. » Le cabinet compte parmi ses clients la Société Générale, le Crédit Agricole ou AG2R La Mondiale. T. Saillard précise : « Souvent, nous échangeons avec les directions RSE, qui jouent le rôle de relais auprès des services achats. Je souligne l’ingéniosité et la confiance des opérationnels et des acheteurs qui nous font travailler et qui contribue à notre réussite. »
45 collaborateurs dans les services informatiques
La structure handicap comporte une trentaine de salariés réalisant des prestations, la structure d’insertion une quinzaine, et fait travailler une quinzaine de travailleurs indépendants. 45 réalisent des prestations informatiques, en CDI, et ont un niveau d’études entre bac à bac+5. Le cabinet a un vivier de 150 personnes auquel il peut faire appel. L’équipe d’accompagnement d’Innov and Co compte huit personnes. Elle joue un rôle d’intermédiation avec les entreprises. Un psychologue, un ergothérapeute et un chargé d’insertion en font partie. « Notre équipe médicale et technique permet de garantir la qualité des prestations, confie Thomas Saillard. Ce sont les personnes de l’ombre qui font que tout se passe bien. »
« Nos prix peuvent être plus bas que le marché car nous bénéficions d’aides au poste, poursuit-il. En s’adressant à Innov and Co Handicap, nos clients réduisent leur contribution financière au titre de l’obligation d’emploi des travailleurs handicapés (OETH). » Le taux d’emploi des personnes en situation de handicap est fixé à 6% des effectifs pour les entreprises de plus de 20 salariés. Recourir à la sous-traitance permet d’obtenir une déduction sur la contribution due par les entreprises dont le taux d’emploi est inférieur à 6 %.
Développer les centres de services numériques
Le cabinet travaille en régie ou en centre de services. Le premier est le plus fréquent, avec des collaborateurs qui travaillent sur site ou en télétravail. Le second permet de faire travailler des salariés à temps plein comme à temps partiel, en fonction des capacités de chacun. « Nous travaillons encore relativement peu en centre de services, indique M. Saillard. Notre souhait est de développer des centres de services numériques responsables, adressant différents domaines : helpdesk, chat, premier niveau de cybersécurité, programmation low code et no code. Notre objectif est d’insérer des personnes avec peu ou pas d’expérience, en les intégrant dans des équipes projet avec des personnes plus expérimentées. Ainsi, elles peuvent monter en compétences pendant un ou deux ans avant de devenir seniors. Nous aidons aussi nos collaborateurs à monter en compétences à travers la formation. »
Christine Calais