Manuel Valls a présenté aujourd’hui vendredi 16 octobre la stratégie de la France en matière de cybersécurité, un document de 40 pages, qui vient remplacer un premier pensum publié début 2011, et visant à résumer la « doctrine » face une menace qui provient tout aussi bien de groupes mafieux, islamistes radicaux ou encore de services étrangers, y compris alliés.
Dans la foulée, un accord doit être signé sous l’égide d’Axelle Lemaire avec les opérateurs Internet français pour protéger les courriels qui circulent à travers leurs réseaux, un grand maillon faible actuellement.
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Le Premier ministre, qui s’est exprimé à la Maison de la Chimie, a rappelé « la nécessité pour la France de se doter d’une stratégie d’envergure pour, d’une part, protéger sa souveraineté et préserver son économie et ses citoyens, face aux risques d’espionnage, de cyberattaques ou de captation de données personnelles » mais aussi « de faire de la sécurité du numérique un facteur de compétitivité et de développement économique », a indiqué Matignon.
Cette prise de position intervient après des affaires qui avaient révélé l’ampleur des risques, de l’affaire Snowden en passant par le piratage de TV5 Monde. « Le vrai message c’est que la France est prête. Ce qui ne veut pas dire qu’il n’y aura pas d’attaques, mais la France est en ordre de bataille pour répondre à cette menace qui évolue très vite », explique-t-on à l’Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information (Anssi), un service dépendant de Matignon qui a élaboré cette stratégie avec le Secrétariat général à la Défense et à la Sécurité nationale (SGDSN). « Il n’y aura pas de bouclier cyber mis en place par tel ou tel service de l’Etat, technologiquement ça n’a aucun sens, c’est la coopération de l’ensemble des acteurs qui permet d’y aboutir », souligne-t-on de même source.
Renforcer la protection des PME
Le gouvernement, après avoir mis l’accent sur les « opérateurs d’importance vitale » (trains, centrales nucléaires, etc.) veut notamment renforcer la protection des PME, souvent largement désarmées face aux cyberattaques. Et aider la filière à croître en s’appuyant sur les poids lourds (Thales, Airbus..), intermédiaires (Solucom, Lexi…) mais aussi les petites entreprises plus susceptibles de capter le marché des particuliers. Un dispositif national d’assistance aux victimes d’actes de cybermalveillance va être également être lancé. Enfin, un groupe d’experts doit être constitué pour mieux faire émerger les nouvelles technologies de sécurité informatique et améliorer l’enseignement supérieur. « Actuellement, on a certains bac+5 en informatique qui n’ont pas eu à faire trois minutes de cybersécurité », déplore-t-on à l’Anssi.
Lors de son intervention, Manuel Valls s’en est pris à la « position caricaturale » de ceux qui opposent « le numérique, qui devrait être le monde de la liberté absolue, à la sécurité, qui se traduirait nécessairement par une restriction dangereuse des libertés fondamentales ». Une position observée selon lui lors du débat sur la loi sur le renseignement. Si cette loi dote les services de renseignement de moyens de surveillance des citoyens, le gouvernement « reste favorable » à ce que les acteurs privés « continuent de bénéficier pleinement » de « toutes les ressources qu’offre la cryptologie légale », a d’ailleurs indiqué M. Valls Les politiques sont eux appelés à montrer l’exemple: devant le manque de souplesse d’utilisation du téléphone sécurisé Teorem, qui rebutait jusqu’au sommet de l’Etat, un nouveau modèle a récemment été déployé à l’Elysée et à Matignon.
Auteur : la rédaction avec AFP