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Pierre Baudracco, président de Blue Mind, revient sur les accusations de contrefaçon lancées par Linagora au sujet de sa messagerie en open source Blue Mind, du nom de sa société. Solutions IT & Logiciels l’a rencontré lors du salon Solutions Linux, Libres et Open Source qui s’est déroulé le 20 mai 2014.
S&L IT : En 2007, vous vendez votre société à Linagora, la société qui vous fait actuellement un procès. Faites-nous un bref historique.
Pierre Baudracco : J’ai créé la société Aliacom en 1997, qui est devenue ensuite Aliasource en 2006, et qui éditait la messagerie Open Source OBM. J’étais l’auteur initial du produit. Installés à Toulouse, avec une agence à Paris, nous avons vendu la société en 2007 à Linagora car nous avions besoin de nous consolider. Nous avions gagné à l’époque le ministère de l’Intérieur, celui de la Culture, l’Assemblée nationale.
Comment se passe la fusion entre les deux sociétés ?
Je suis rentré au comité directeur de Linagora, avec 3 % de la société. Je gérais l’agence de Toulouse et la BU OBM. Mais la cohabitation était difficile. Je me suis posé beaucoup de questions quand mes équipes ont commencé à me dire qu’elles ne se reconnaissaient plus dans le projet. Certains me disaient qu’ils n’arrivaient plus à dormir, qu’ils ne voulaient plus travailler pour Alexandre Zapolsky. Les équipes étaient à bout. J’ai alerté plusieurs fois le comité directeur, en vain. J’ai donc décidé de démissionner en mai 2010 et, en 2011, j’ai revendu mes parts à Alexandre Zapolsky.
Que faites-vous ensuite ?
J’ai fondé une société, un cabinet de conseil en stratégie d’entreprises, car j’avais une clause de non-concurrence d’un an. Pendant un an et demi, deux ans, j’ai travaillé pour la société E-Deal, un éditeur de CRM français installé à Montrouge. J’étais une sorte de directeur général à distance. Puis, avec mon ex-équipe d’OBM -ils avaient tous démissionnés, et tous respecté leur clause de non concurrence – on a voulu tirer profit de notre expertise. D’autant que beaucoup d’anciens clients m’ont demandé également à l’époque de leur proposer un produit. Nous sortons la V1 de Blue Mind fin octobre 2012.
Quelles sont les principales différences avec le produit d’origine OBM ?
Les deux peuvent faire du mail (bien que dans OBM il n’y a pas de client webmail), de l’agenda et du contact. Mais nous allons beaucoup plus loin. Nous avons tout industrialisé : notre messagerie s’installe en deux clics. Par ailleurs, l’architecture est complètement différente : tout fonctionne en Web service. Enfin, nous gérons le mode web déconnecté : dans son navigateur, l’utilisateur accède à ses données même s’il perd la connexion au serveur. On gère l’archivage de mails, la messagerie instantanée… On ne voulait pas repartir sur une architecture qui avait 10 ans. On est parti sur un produit neuf, écrit en Java côté serveur et Javascript côté client – alors qu’OBM est écrit en PHP.
Quel est votre état des lieux commercial en 2014 ?
Nous restons concentrés sur le développement de notre produit, nous en sommes à la version 4, et nous nous appuyons sur des partenaires pour la commercialisation : Alterway, Smile, Savoir-faire Linux… la moitié des entreprises présentes sur le salon sont nos partenaires. Nous sommes éditeurs, nous ne faisons pas de projets. Nous avons actuellement une centaine de clients. En France, on a gagné récemment le support de la messagerie du ministère de L’Intérieur.
Rappelez-nous le déroulement du litige…
En juin 2012, avant la sortie du produit, Linagora a fait une saisie-contrefaçon, car Linagora pensait que nous faisions du code propriétaire et que nous volions leurs clients… Nous avons donné accès à tous les documents. Sur les 50 clients prétendument volés, ils n’en ont trouvé 3 que nous avions gagnés par appels d’offres, comme le Conseil général de Tarn et Garonne, qui n’était plus client de Linagora depuis 1 an ou 2, et auxquels Linagora n’avait pas répondu. Lingora a essayé de faire interdire la distribution de Blue Mind, puis deux modules de Blue Mind, puis a essayé de changer les chefs d’accusation sur les licences, puis nous a reproché de ne pas avoir compléter les en-têtes (qui décrivent les licences, les auteurs…)…. Le but de Linagora est de faire du bruit, de faire croire que nous sommes des méchants et des voleurs. Linagora a contacté nos partenaires, mes contacts Twitter personnellement… En outre, il accuse nos clients d’être des receleurs. Une communication négative, préjudiciable pour notre société. L’ordonnance du 28 avril 2014 a rejeté 100 % des demandes de Linagora. Il va sans doute y avoir de nouvelles expertises, fin 2014 au mieux, et le fond ne sera pas traité avant 2015-2016.