Depuis plusieurs années, la polémique enfle autour de l’orthographe. Appauvrissement du vocabulaire, fautes et langage SMS font couler beaucoup d’encre et soulèvent de nombreuses questions. Nous recevons quotidiennement de nombreuses correspondances papiers et électroniques parfois truffées d’erreurs, qu’elles soient grammaticales, stylistiques, orthographiques ou typographiques.
Faut-il en déduire que la rigueur orthographique se perd ?
C’est probablement faire un constat un peu simpliste. Il y a encore peu de temps, la qualité d’un texte reflétait le niveau orthographique d’une personne, et, par conséquent, son niveau d’éducation et d’instruction. La compétence rédactionnelle contribuait à créer un véritable fossé entre les individus. On mettait donc à contribution ses proches pour corriger ce que l’on avait rédigé et donner ainsi l’image de quelqu’un d’instruit .
Aujourd’hui, on écrit beaucoup plus et il est impossible de faire relire tous ses écrits au quotidien. De fait, on met en place des stratégies de contenu différentes selon les contextes de rédaction. Ces stratégies vont jusqu’à établir des niveaux d’exigence orthographique très différents.
Un souci de l’orthographe qui dépend du contexte d’écriture
Un texte ne reflète plus tant le niveau intrinsèque d’un auteur que l’une des variantes de son orthographe mobilisée dans ce contexte précis. Ainsi, il n’est plus rare de voir des correspondances rédigées par des individus très instruits et maîtrisant parfaitement le français, comportant de nombreuses fautes d’orthographe. En moins de cinq minutes, un auteur pourra réaliser deux correspondances très différentes dans la forme, le fond et l’orthographe.
3 facteurs majeurs qui permettent de décider du niveau de qualité rédactionnelle :
1-L’impératif de réactivité : dans un monde de correspondance rapide et souvent électronique, l’orthographe est délaissée au profit de l’instantanéité. La notion de communication « temps réel » ou de réaction spontanée prime régulièrement sur la qualité des écrits.
2-L’importance accordée à la correspondance : une personne peut très bien supprimer systématiquement les formules de politesse, les négations complexes ou torturer certaines concordances des temps. Cette stratégie permet de simplifier son propos et de le rendre moins solennel, dans le cadre d’une correspondance personnelle. La même personne choisit pourtant d’enrichir le style et de structurer ses écrits dans le cadre de la rédaction d’une lettre de motivation par exemple.
3-Le destinataire : même si c’est simplement pour informer d’un retard, personne n’écrit de la même façon à un patron qu’à un ami proche.
Une orthographe protéiforme
Il est grand temps de prendre en compte ces paramètres qui sont de véritables phénomènes de société. La situation n’est alors pas aussi catastrophique que celle que l’on nous dépeint fréquemment. L’apparition de nouveaux modes de communication et la multiplication des correspondances ont simplement fait bouger les lignes.
Il est donc nécessaire d’intégrer la notion contextuelle dans notre analyse et de prendre en compte toutes les variables évoquées précédemment pour évaluer de manière objective la qualité rédactionnelle d’une personne, et ce quel que soit son niveau d’instruction.
Sophie Muller – Chef de produit Cordial / Synapse Développement