Accueil Le numérique est-il la chasse gardée des hommes ?

Le numérique est-il la chasse gardée des hommes ?

signée par Laurence Lepelley, Head Of Marketing France & North West Africa de Nutanix

Alors que dans les années 70, la représentation des femmes dans le secteur du numérique était proportionnellement bien représentée, celle-ci est depuis en nette régression. Ce phénomène de disparité des genres n’est pas égal d’un pays à l’autre et par exemple, le secteur du numérique représente des métiers d’émancipation dans certains pays tels que l’Inde ou encore la Malaisie où les femmes représentent environ 70 % des programmeurs. Pourquoi la plupart des pays développés ne voient pas ce secteur comme porteur pour tous, peu importe le genre ? 

Les clichés ont la vie dure : les filles se rêvent actrice ou institutrice et les garçons pompier ou policier lorsqu’ ils seront grands. Si cela évolue peu en France et dans la plupart des pays développés, c’est sans doute que les enseignants et aussi les parents restent assez consensuels et ne connaissent pas les nouveaux métiers qui pourraient assurer un avenir satisfaisant à la nouvelle génération. Au cours de la vie scolaire, il est évident que les stéréotypes perdurent : le rose est l’apanage des filles en primaire et le bleu celui des garçons. Cliché me direz-vous ? Il suffit de voir la cour de récréation d’une école pour le vérifier. Les habitudes persistent et cela continue au collège et au lycée, au niveau des matières dans lesquelles chaque genre se doit d’exceller. Les maths aux garçons, la littérature et les langues étrangères aux filles…

Maintenant que nous sommes au clair sur le fait que les métiers sont genrés, comment faire pour que cela change et qu’un secteur comme le numérique attire davantage de femmes ? Il faut revoir les modèles proposés dès l’enfance et ne plus montrer uniquement des geeks qui ne quittent pas leur ordinateur et ne sortent pas de leur chambre ! Les femmes qui travaillent dans la tech confirment qu’elles y ont leur place et y évoluent sans réel problème, encore faut-il qu’elles y soient orientées. Pour preuve, en 2020 dans le classement des 100 personnes les plus influentes dans la tech en France de l’agence européenne TytoPR, la première place est occupée par une femme : Claire Calmejane, directrice de l’innovation à la Société Générale, qui fait partie des 21 % de femmes présentes dans le rapport. 

Une étude Michael Page/IFOP le confirme : 85 % des Français déclarent que les métiers de l’informatique sont aussi bien adaptés aux hommes qu’aux femmes et pourtant… seulement 20 % des postes sont occupés par des femmes en 2021. Un chiffre encore trop faible pour notre époque où le numérique est devenu crucial comme le montre l’étude citée plus haut, où 40 % des métiers porteurs dans 5 ans seront dans l’informatique. Où sont les candidat.e.s ? Il faut avoir à l’esprit que le nombre de jeunes qui s’orientent vers le secteur du numérique n’est pas suffisant à l’heure actuelle. Une revalorisation des métiers, voire une meilleure connaissance des métiers liés à ce secteur s’avère nécessaire. Qui est aujourd’hui capable d’expliquer les différents métiers de ce secteur en dehors des personnes qui font partie de cette industrie? La première action est de former les conseillers d’orientation pour qu’ils soient en mesure de parler des métiers du secteur du numérique aux jeunes qu’ils conseillent et qu’ils le fassent peu importe le genre du jeune qui vient à leur rencontre. Pour que ce secteur se développe et que la France ne soit pas à la traîne, il faut que garçons et filles s’y intéressent et se forment.

Ironhack, organisme de formation spécialisé dans les métiers du numérique, a récemment publié une étude où 58 % des Français sondés avouent qu’ils n’inciteraient pas leur fille à s’orienter vers un métier du numérique. Dans cette même étude, 74 % pensent que les femmes ne sont pas élevées ou éduquées pour s’intéresser à ces métiers et 71 % qu’il y a beaucoup plus d’hommes qui postulent et donc moins de place pour les femmes

Heureusement, les mentalités évoluent et les jeunes filles s’intéressent à ces métiers. Pour preuve, cet organisme comptait plus de 55 % d’étudiantes en 2021. Il est notable que ces métiers sont en forte progression et force est de constater que si les jeunes diplômés ne s’orientent pas massivement vers ce secteur la pénurie de candidats que toutes les entreprises subissent ne fera que s’accentuer. N’oublions pas que nous devons le tout premier ordinateur électronique à six mathématiciennes américaines !