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Le chèque fait de la résistance

Serge Gnassounou, Directeur de Marché chez Orone

C’est un fait. Le nombre de chèques émis décroit depuis une vingtaine d’années. La Banque de France observe même une accélération de cette baisse au cours des dernières années. En 2013, le chèque a accusé un repli de 7 % en volume pour atteindre 2,6 milliards de transactions, soit 14 % des paiements scripturaux. Pour autant, le chèque reste bien ancré dans la vie quotidienne des Français.

Selon la dernière cartographie des moyens de paiement de la Banque de France, 71 % des chèques émis dans l’Union européenne le sont en France, loin devant le Royaume-Uni (19 %). En 2013, chaque Français a utilisé plus de 37 chèques en moyenne, contre moins d’un pour un Allemand.

De fait, selon une autre étude réalisée en 2011 par Edgar, Dunn & Company pour le Comité consultatif du secteur financier (CCSF), 20 % des Français se disent très attachés au chèque et 18 % le préfèrent à tout autre moyen de paiement. 91 % des particuliers ont toujours un chéquier à portée de main.

Les atouts du chèque sont connus. Seul moyen de paiement gratuit, il est incontournable pour le règlement de certaines prestations comme les frais de scolarité, les services à domicile ou la médecine de ville. Sur des montants élevés, le chèque permet, par ailleurs, de maîtriser le calendrier des paiements tout en évitant le transport d’espèces ou le recours à une transaction électronique.

Presque deux fois centenaire, le chèque a encore de belles années devant lui. Il n’en reste pas moins que la gestion de son encaissement présente un coût non négligeable pour les entreprises, mais aussi pour les banques qui veulent donc répartir la charge du traitement des chèques entre elles et les remettants. À l’heure de la transformation numérique, la question de l’automatisation du traitement des chèques se pose donc de façon accrue. Elle permet de simplifier et fiabiliser les transactions, notamment pour les acteurs gérant plusieurs centaines, voire plusieurs milliers de chèques par an. Tout en gagnant un ou deux jours de compensation grâce à une remise en banque accélérée.

L’automatisation de l’encaissement apporte aussi d’autres bénéfices : amélioration des conditions de travail des opérateurs de saisie, enrichissement de la relation client grâce à l’archivage électronique des images chèques… L’évolution réglementaire pousse aussi à cette dématérialisation à l’image de la loi ALUR pour les gestionnaires de biens immobiliers.

Le chèque n’est donc pas mort et devrait continuer d’occuper une place centrale en France sur le marché des moyens de paiement. Sa bonne prise en compte et gestion est donc un axe stratégique qu’il convient de ne pas délaisser.