par Bruno Buffenoir, Managing Director France & North West Africa chez Nutanix
Avec l’évolution technologique, et encore plus depuis la pandémie, le travail à distance s’est généralisé, entraînant des horaires plus flexibles et une liberté géographique accrue. En parallèle, le modèle de travail traditionnel, caractérisé par le présentéisme et des temps de transport importants, s’affaiblit. Le cloud étant devenu la plateforme technologique universelle, pourquoi ne pas imaginer un nouveau modèle de travail, en rupture totale avec le passé et plus en phase avec les nouvelles attentes sociétales ?
Un modèle qui existe déjà ailleurs
En quelques mois, les mentalités des entreprises ont considérablement évolué. AirBnB vient d’annoncer son passage à un modèle 100% télétravail, afin de pouvoir recruter des talents dans le monde entier et mieux s’adapter aux nouvelles attentes des collaborateurs. Dans le même esprit, de nombreuses entreprises technologiques américaines ont quitté la Silicon Valley en ne prenant même pas la peine de conserver leurs locaux professionnels. Exiger que des employés intelligents et compétents se réunissent à endroit précis, aux mêmes horaires, jour après jour, est devenu pour elles un non-sens et une perte d’énergie. Au lieu de cela, elles ont pris la décision d’embaucher des collaborateurs de talents, où qu’ils résident, et de se concentrer sur l’amélioration de leur productivité et de leur satisfaction professionnelle. Ce phénomène touche de plus en plus d’entreprises de services dans le monde.
Le lieu physique fait-il la culture d’entreprise ?
Les “bureauphiles” affirment que les espaces de travail apportent discipline, esprit de corps, créativité et collaboration. Ils permettraient, en outre, de mieux intégrer le personnel et les nouveaux arrivants dans le monde du travail. Selon eux, de nombreux collaborateurs ne souhaitent pas travailler à domicile. Cette position est tout à fait défendable, en effet, rencontrer des collègues et partager un espace commun peut apporter une grande satisfaction. En revanche, admettre d’autres façons de travailler augmente la flexibilité, la possibilité d’effectuer des tâches variées et d’apprendre d’autres choses. L’avenir sera donc certainement hybride, car le travail hybride apporte, en outre, plus de temps passé avec les proches ainsi qu’un sentiment de liberté, très bénéfique pour notre bien-être psychologique.
Demain : une société de nomades numériques ?
Pour attirer et retenir les talents, les entreprises abandonneront probablement les anciens paradigmes. Comme d’autres le font déjà, elles proposeront peut-être des semaines plus courtes et d’autres avantages, comme la retraite anticipée, les interruptions de carrière ou des mises à niveau de compétences régulières. Irons-nous jusqu’à travailler un jour sous des cieux azurs, en remplaçant le happy hour dans le bar du coin par un coucher de soleil sur la plage ? Quoiqu’il en soit, de nombreux pays offrent déjà des conditions fiscales préférentielles aux nomades numériques. Pour accentuer le dépaysement, après nous avoir habitués à Zoom et Microsoft Teams, les fournisseurs d’outils de visioconférence envisagent de remplacer bientôt la traditionnelle 2D par la 3D, des avatars et un simulacre du monde réel.
Aller vers un modèle vertueux
Et si on prenait le meilleur de chaque modèle ? Si les anciens modes de travail étaient « écologiquement peu adaptés », les nouveaux modes de travail peuvent être plus vertueux. Aujourd’hui, les organisations intelligentes et progressistes réalisent que les bureaux ressemblent plus à des lieux où des personnes « corvéables » se rassemblent et font preuve de présentéisme qu’à des espaces de rencontre, de partage, de brainstorming et d’innovation. Alors, pourquoi ne pas remplacer progressivement les bureaux fixes, les PC et les lignes téléphoniques par des espaces plus ouverts avec des zones de rencontre ? Des cages d’escalier aux fontaines à eau, en passant par les cuisines, ces endroits seront conçus par des architectes pour favoriser les réunions spontanées. Des zones seront réservées aux conférences, aux tableaux blancs et à la socialisation. In fine, ces lieux de travail du futur ressembleront certainement plus à des clubs qu’à des ruches humaines.
Le rôle des technologies dans ce nouveau modèle
Les implications technologiques sont considérables. Les utilisateurs finaux accèderont à des ressources contrôlées par le biais d’un serveur, de bureaux virtuels et de clients légers qui est un modèle plus flexible et écologique que la distribution de PC portables ou de bureau. Et bien sûr, la réduction des déplacements domicile-travail permettra d’économiser sur le carburant, les embouteillages et les émissions de carbone. Pour les entreprises qui osent franchir le pas, ce modèle offre un double avantage : une configuration informatique simple, efficace ainsi qu’un modèle doux et durable. La plus grande banque d’Afrique du Sud, Nedbank, a déclaré qu’elle se lançait dans une nouvelle approche radicale, basée sur un modèle opérationnel cloud (qu’il soit privé, hébergé et/ou public). Son objectif : fournir aux employés et aux 2 000 développeurs basés en Inde un “service supérieur” et un “gagnant-gagnant” pour le personnel et les clients. Pour Nedbank, la flexibilité, la rapidité du service, la fiabilité, la performance, la faible empreinte carbone et la facturation basée sur des services cloud, facilement extensibles en fonction des besoins, sont devenues une priorité.
En matière d’avenir du travail, c’est souvent la question du “où” qui vient à l’esprit, alors que le “comment” et le “pourquoi” sont beaucoup plus intéressants. L’intelligence artificielle et les chatbots sont désormais imbriqués dans de nombreux emplois quotidiens et le recours croissant à l’automatisation a un impact clé sur le contenu et la portée de notre travail. Prenons le pari d’un nouveau modèle : un monde où nous travaillons efficacement tout en respectant l’environnement et les besoins humains. Ce chemin sera probablement semé d’embûches mais nous finirons par y parvenir.