Parole d’expert : Josep Solà, docteur en traitement des signaux biomédicaux, cofondateur de Aktiia
1,4 milliard de personnes dans le monde souffrent d’hypertension artérielle. La population hypertendue augmente de 9 % par an. En France, 1 personne sur 3 est hypertendue mais seulement la moitié le sait ! Ces chiffres sont alarmants mais pourtant cette maladie, nommée “le tueur silencieux” ne bénéficie pas de larges campagnes nationales de dépistage. Il faut sensibiliser les Français de tout âge à cette maladie qui est la maladie cardiovasculaire la plus fréquente, et constitue même la première pathologie chronique en France.
Il faut avoir à l’esprit que si cette maladie était détectée lorsqu’elle est contractée, cela permettrait d’éviter un nombre important d’AVC qui sont souvent fatals. Sur les 17 millions de décès par an liés aux maladies cardiovasculaires dans le monde, 9,4 millions sont imputables aux complications de l’hypertension. Aucune diminution de la prévalence de la maladie n’a été observée en France, ni aucune amélioration du dépistage et du traitement.
Nombreuses sont les personnes à ne pas se douter de souffrir d’hypertension artérielle avant d’être affectées par un accident de santé qui peut avoir des conséquences difficiles à gérer au quotidien. La prévention de l’hypertension artérielle est essentielle pour combattre cette maladie : 14,4 millions de Français sont hypertendus et seulement 7,6 millions sont connus. Ce qui est le plus inquiétant : 6,8 millions de Français de plus de 35 ans sont hypertendus mais ne sont pas encore dépistés ou suivis.
Plus tôt une personne sera identifiée comme hypertendue, plus vite il devrait être possible de trouver un traitement adapté personnalisé. Il ne faut pas oublier qu’un patient détecté comme hypertendu a besoin d’une période plus ou moins longue pour que le corps médical trouve un traitement adéquat. On sait aussi que près de 30 % des patients ne répondent pas aux traitements actuellement disponibles.
Avec tous ces freins et difficultés identifiés, il devient donc essentiel que les Français puissent être acteurs de leur prévention surtout dans le dépistage de l’hypertension en réalisant les bienfaits de l’auto-mesure.
L’auto-mesure de la tension artérielle se pratique depuis longtemps mais elle n’avait pas fait l’objet d’innovation depuis un siècle : les patients doivent toujours utiliser un brassard qui a très peu évolué et qui n’est pas sans gênes ou douleurs au moment de son utilisation. Ce brassard influe parfois sur les résultats lors de la prise de la tension artérielle car le patient sait qu’il prend une mesure et cela peut le stresser un peu, comme cela peut se produire lorsqu’il est chez le médecin.
Dans les améliorations qu’apporte la digitalisation, il faut noter qu’un simple bracelet connecté relié via le bluetooth à une application sur son smartphone permet de prendre ses mesures automatiquement et en continu. Ses mesures sont extrêmement précises car elle utilise une technique appelée « analyse de l’onde de pouls » pour traiter les signaux optiques au niveau du poignet afin d’estimer avec précision la pression artérielle, sans douleur ni gonflement.
Le réel avantage est que ces objets connectés permettent aux patients de pouvoir communiquer des rapports mensuels, trimestriels ou annuels de leur prise de mesure à leur médecin. Ce dernier, riche de toutes ces mesures, pourra ajuster le traitement au mieux et aider son patient à gérer sa maladie. Il est avéré qu’un patient et un médecin qui communiquent régulièrement ensemble sont dans une relation de confiance qui ne peut qu’ être bénéfique sur le suivi à long terme.
La révolution de l’auto-mesure digitalisée est lancée c’est certain et elle ne pourra que s’améliorer grâce aux progrès technologiques à venir. Cette facilité d’auto-mesure digitale devrait permettre aux personnes qui s’intéressent à leur santé de prendre leurs mesures et d’être dépistées bien avant les générations précédentes. Espérons que cette avancée technologique permette de sauver des vies !
Chiffres et informations médicales : sources Inserm – OMS / Santé publique / Haute Autorité de Santé / Étude menée par le CFLHTA et la Sofres