Le phishing ne cesse de créer des incidents de toutes sortes pour les professionnels : vol de données ou d’argent, blocage des systèmes, perte de réputation, usurpation d’identité… Dès lors, les entreprises se doivent de prendre des mesures efficaces pour se protéger de ce fléau et sensibiliser leurs équipes aux bonnes pratiques à adopter. C’est dans ce contexte que différents dispositifs, par exemple le test au phishing, limitent l’exposition aux risques des utilisateurs. Mais qu’est-ce que le test phishing et est-il réellement utile ?
Il s’agit d’une question assez récurrente, à laquelle les réponses apportées ne sont pas forcément satisfaisantes. Certains disent que cela ne sert à rien et que ces tests ne sont pas représentatifs de la réalité, arguant que, dans l’immense majorité des cas, les e-mails de phishing réels sont bloqués par les outils de sécurisation des messageries. D’autres considèrent en revanche qu’il s’agit de la meilleure façon de sensibiliser collaborateurs et dirigeants.
Sans chercher à détailler ces différentes positions et les arguments qui les soutiennent ou les infirment, il est utile d’apporter ici un éclairage sur l’intérêt d’avoir recours à déployer ce type de dispositifs. En effet, le premier but recherché par les cybercriminels dans la composition de leurs e-mails de phishing est de provoquer un stress ou une émotion chez ceux qui le reçoivent.
On sait que le stress provoque une chute immédiate et importante des capacités cognitives. La personne ainsi placée en situation de stress ne peut donc plus réfléchir correctement et analyser sereinement ce qui lui est demandé dans l’e-mail. De cette façon, elle tombe plus facilement dans le piège qui lui est tendu.
En revanche, si elle attend une trentaine de secondes avant de faire quoi que ce soit, ses facultés cognitives se rétablissent, le stress généré commençant à se dissiper. Elle peut ainsi prendre un recul nécessaire sur la légitimité et la crédibilité du message reçu, et pourquoi pas, passer en revue les consignes qui lui auront été communiquées lors d’une sensibilisation préalable, ou encore demander son avis à un tiers. Il s’agit en quelque sorte d’appliquer la version numérique du « tourner 7 fois la langue dans sa bouche avant de parler ».
Cette capacité à prendre ce temps de retenue se cultive. Et c’est là tout l’intérêt d’un entrainement préalable au travers de campagnes de tests phishing. En combinant une simulation de phishing avec le rappel de la consigne qui est d’attendre au moins 30 secondes avant toute action, de façon suffisamment répétée, on finit par développer ce réflexe d’attente et de prise de réflexion. De cette façon, on diminue considérablement le risque de se faire piéger.
S’ils ne sont pas une baguette magique, les tests phishing permettent donc de créer de bons réflexes au sein des équipes et de les sensibiliser aux bons réflexes à avoir sans céder à la panique. Ce faisant, l’entreprise est alors plus agile pour lutter efficacement contre le phishing.
Par Michel GERARD, fondateur de Conscio Technologies