Clay Magouyrk est promu en août vice-président exécutif du pôle Infrastructure Cloud d’Oracle (OCI). Larry Ellison, le co-fondateur et président exécutif de l’éditeur, compte à nouveau sur un ex-développeur d’Amazon Web Services pour dynamiser l’activité Cloud d’Oracle… et concurrencer AWS, Google et Microsoft. En a-t-il les moyens ?
Don Johnson, son prédécesseur, a recruté Clay Magouyrk en 2014 chez Amazon Web Services (AWS), où il était un ingénieur spécialisé en développement de logiciels depuis 2005. Ce jeune diplômé en ingénierie électrique de l’Université de Memphis possède un profil très technique assez atypique pour un VP business d’Oracle. Il n’est d’ailleurs pas issu du sérail des grandes écoles américaines de commerce ou de la finance. Rien de choquant toutefois pour Larry Ellison et pour Don Johnson, lui-même ingénieur de formation, qui a passé également plus de sept années en tant que développeur, puis ingénieur en chef chez Amazon AWS.
Deux ex-ingénieurs d’AWS pilotent les projets Cloud d’Oracle OCI depuis deux ans
L’expertise reconnue de Don Johnson chez le leader mondial du Cloud public lui a d’ailleurs permis d’être embauché en 2014 par Oracle en tant que directeur de l’ingénierie, puis de gravir les échelons pour avoir participé à la conception de ses nouvelles offres d’Infrastructure-as-a-Service (IaaS) avec… Clay Magouyrk.
Un succès qui a valu à Don Johnson d’être promu fin 2018 vice-président exécutif en charge du pôle Infrastructure Cloud d’Oracle (OCI). A ce titre, il peut être considéré comme l’artisan du partenariat historique entre Oracle et son rival Microsoft.
Peu de temps après, Don Johnson a confié à Clay Magouyrk l’équipe qui a développé Dedicated Region Cloud@Customer, une plateforme Cloud dévoilée en juillet 2020 par Oracle. Disponible dans les datacenters des grands comptes acceptant de payer au minimum 500 000 dollars par mois, cette plateforme leur donne accès à tous les logiciels portés dans le Cloud public par l’éditeur, dont sa nouvelle base de données Autonomous Database, et ses applications en mode SaaS (ERP-Financials, HCM, SCM et CX, etc.).
Les ambitions d’Oracle dans le Cloud sont plus importantes que ses parts de marché
De biens beaux projets, mais les ambitions d’Oracle dans le Cloud sont plus importantes que ses parts de marché actuelles. Gartner les estime à 3 % au plan mondial en 2020. Principalement en raison du démarrage tardif de ses investissements pour créer et industrialiser des offres d’infrastructures vendues comme des services (Iaas) ; mais également pour « saasifier » ses logiciels BtoB existants, dont sa base de données sur site historique. Sans parler de la création, également tardive, d’un réseau de revendeurs certifiés conséquent.
Concurrencer les leaders du Cloud public comme Amazon Web Services
Lorsqu’Oracle a lancé son pôle Infrastructure Cloud d’Oracle (OCI) en 2016 avec quelques services Cloud, son but était de concurrencer les leaders américains du Cloud public comme Amazon Web Services (AWS), Microsoft et Google Cloud, lesquels contrôlent ensemble environ 60 % du marché en 2020, selon Synergy Research. Un paradoxe à l’époque car la vaste majorité de ses clients, des grands comptes principalement, continuaient à faire tourner, sur site, ses bases de données remplies de leurs données confidentielles. Rares sont ceux qui ont franchi le pas du Cloud, même privé, depuis.
Oracle a tardé à industrialiser ses offres Cloud et à les exporter en dehors des Etats-Unis
En outre, l’éditeur n’a longtemps compté, hors Etats-Unis, que sur une poignée de pays couverts officiellement à 100% par ses offres et services Cloud. Faute de partenaires et de commerciaux certifiés sur ses offres Cloud notamment. Dès 2019, Oracle a refait en partie son retard sur ses concurrents dans ce domaine. Il a annoncé en juillet 2020 l’ouverture de sa 25e région géographique pour commercialiser et supporter son portfolio d’offres Cloud. En outre, il prévoit d’en ajouter onze autres d’ici l’été 2021.
La part de marché d’Oracle pourrait doubler d’ici 2025
Si l’équipe OCI continue à gagner des marchés et à certifier davantage de revendeurs, avec l’aide de Clay Magouyrk, Gartner estime que la part de marché d’Oracle pourrait doubler d’ici 2025. Or, même si l’éditeur atteignait ou dépassait les 6% au plan mondial, ce qui serait déjà une très belle performance, il resterait très loin des trois leaders américains du Cloud cités précédemment. En revanche, il pourrait devenir le leader mondial des bases de données et des progiciels en mode Saas dans le Cloud… Surtout s’il poursuit ses acquisitions.