14 équipes réunissant étudiantes, lycéennes et professionnelles de la tech ont participé à la finale du challenge Innovatech, organisé par l’association Elles Bougent à Paris. Les projets technologiques ingénieux se sont bousculés : un pare-soleil connecté, un trottoir et un greffon créé par bio-impression se partagent le podium.
La 7e édition du challenge Innovatech s’est déroulée le 19 mai dernier au ministère de l’Économie et des Finances à Paris. Dédié à l’industrie du futur et l’entreprenariat numérique, deux secteurs où le taux de féminisation reste faible, il offre aux jeunes femmes l’opportunité d’être plongées, le temps d’une journée, dans la vie d’une ingénieure et d’une entrepreneure. « Vous êtres vraiment capables de tout !, » s’est exclamée Amel Kefif, directrice générale d’Elles Bougent après avoir vu les 14 équipes pitcher leur projet. Tanguy de Belair, directeur de l’inclusion & de la diversité du groupe Vinci, membre du jury a interpellé les finalistes : « Que votre projet ait gagné ou pas, lancez-vous ! »
Hackathon créatif et immersif
La compétition s’est déroulée en deux temps :
1) lors de 14 challenges en région, du 2 mars au 19 avril, qui ont réuni 535 participantes, des équipes ont été créées de façon aléatoire. Elles sont composées d’étudiantes d’écoles d’ingénieures, de lycéennes et d’une ou deux marraines en entreprise. Elles ont cinq heures pour créer un projet innovant sur des enjeux majeurs : ville durable, transport, médecine, cybersécurité, école….
2) Les équipes gagnantes en région travaillent ensuite leur concept pour effectuer un pitch de huit minutes lors de la finale nationale et répondre à trois minutes de questions du jury. Ce dernier est formé de huit professionnels issus de la recherche, de l’industrie, d’institutions en faveur de l’égalité hommes-femmes. Le jury a jugé l’audace et l’originalité du projet, la créativité du pitch, la faisabilité technique et le potentiel de développement et de pérennité du projet.
Des projets ingénieux et utiles
Trois équipes sont montées sur le podium. Sur la 3e marche, l’équipe picarde des Rubans roses a présenté le projet « Enseinbiose », qui accompagne les femmes victimes d’un cancer du sein via un greffon obtenu par une machine de bio-impression. Il permet la reconstruction mammaire via l’impression d’un sein complet ou partiel, grâce à un prélèvement de cellules qui servent à créer les différentes bio-encres pour imprimer les différentes parties du greffon, qui subiront une phase de maturation pour être viables. Charlotte Le Noxaic, marraine de l’équipe, qui travaille chez Valeo, souligne : « le challenge leur montre qu’elles ont des connaissances et des compétences dont elles n’ont pas idée. Voir la fierté dans leur yeux, c’est une joie. »
Sur la 2e marche du podium, l’équipe des Pays de la Loire, les Saloppettes a proposé « Le trottoir Math ». Les trottoirs urbains sont remplacés par des plaques modulables en tartan fait à partir de matériaux recyclés. Elles permettent d’accéder aux réseaux enfouis sans destruction et de récupérer l’eau de pluie, et changent de couleur selon la température.
La grande gagnante est l’équipe d’Aquitaine, les Sunshineuses (voir photo d’ouverture) avec le projet « Sun connect / Collect », un pare-soleil intelligent et connecté. Il récupère l’énergie du soleil dans une batterie qui peut ensuite servir à faire fonctionner les accessoires dans la voiture.
Solutions Numériques a été bluffé par la richesse des idées et apprécié la présentation des projets, professionnelle, souvent plus concrète que bien des pitchs de startups aux chiffres gonflés. La grande majorité des équipes ont respecté le timing. Nous avons apprécié également les projets suivants :
– « Baunvie » (Bretagne) : une borne intelligente et connectée centralise les informations clés d’un patient lors de son arrivée aux urgences pour accélérer sa prise en charge.
– « Connec’Tools » (Bourgogne-Franche-Comté), l’ajout aux outils à main d’un manchon en silicone avec une puce de localisation intégrée et une application permet de les localiser facilement. Les ouvriers de différents secteurs industriels peuvent ainsi éviter de perdre du temps à leur recherche, et leurs employeurs réduire les coûts d’équipement.
– « Jobber » (Auvergne Rhône Alpes) : une application de candidature vidéo et interactive casse les rituels de recrutement classiques, comme l’explique une jeune membre de l’équipe : « Nos parents donnent leur nom et leur fonction pour se présenter ; Jobber permet de présenter ses projets, qui représentent mieux la personne et ses aspirations. » Avis aux DRH !
Déclencher des vocations
Marie-Sophie Pawlak, présidente-fondatrice d’Elles Bougent, explique : « le challenge est notre événement le plus fédérateur. Il montre la force de l’innovation au féminin. Son objectif premier est de permettre aux jeunes filles de se mettre dans la peau d’une ingénieure, d’une entrepreneure et d’une technicienne. Elles inventent, trouvent des solutions. Cela permet d’enlever les idées préconçues et de déclencher des vocations. » Le 21 juin, l’association Elles Bougent fêtera ses quinze ans lors d’un événement aux Champs-Elysées à Paris.
Depuis 2006, l’association, d’intérêt général, fait découvrir aux collégiennes, lycéennes et étudiantes les métiers des secteurs industriels, technologiques et scientifiques en manque de talents féminins : le numérique, l’automobile, l’aérospatial, l’énergie, le ferroviaire, le maritime, la défense et la construction. L’association parrainée par six Ministères, réunit 25 délégations régionales et deux délégations internationales, 260 partenaires entreprises et établissements d’enseignement supérieur, un club de 1.100 collèges et lycées, 7.200 marraines et 1.200 relais en entreprise. Ses 400 actions par an touchent environ 40.000 jeunes femmes.
Christine Calais