(AFP) – La Première ministre Elisabeth Borne a tenté mardi d’éteindre la polémique sur le projet de scission du groupe informatique français en difficulté Atos, dont une partie doit être cédée au milliardaire tchèque Daniel Kretinsky, au grand dam d’actionnaires minoritaires.
“Même si l’opération était menée à son terme, elle n’aurait aucune incidence en termes de contrôle ou de droit de blocage sur les activités sensibles”, a déclaré la Première ministre interrogée à l’Assemblée nationale par le chef de file des députés LR, Olivier Marleix, lors des questions au gouvernement.
En août, 82 parlementaires LR avaient appelé à maintenir Atos “sous le giron français“, notamment car sa branche spécialisée dans les supercalculateurs est indispensable aux simulations d’essais nucléaires et à la dissuasion française.
“Nous sommes très attentifs à ce que les activités sensibles rassemblées dans l’entité Atos BDS disposent des moyens nécessaires pour poursuivre leur développement au sein d’une organisation qui assure la protection de nos intérêts“, a développé la cheffe du gouvernement, qui a souligné que l’Etat n’était pas actionnaire d’Atos.
Le projet prévoit de céder à Daniel Kretinsky l’activité historique d’infogérance
Le projet présenté début août par le président du groupe, Bertrand Meunier, prévoit de céder à Daniel Kretinsky l’activité historique d’infogérance (maintenance des parcs informatiques), qui conservera le nom Atos après une lourde restructuration. Le reste des activités (cybersécurité, big data et supercalculateurs, dont Atos BDS) resterait coté sous le nom d’Eviden mais Daniel Kretinsky s’est vu proposer de participer à une augmentation de capital à hauteur de 217,5 millions d’euros, et pourrait ainsi en devenir l’un des principaux
actionnaires.
“Daniel Kretinsky est européen. Il n’y a donc rien de très choquant à lui avoir demandé d’investir dans Eviden. Quand Siemens détenait 10 % du capital d’Atos pendant de longues années, personne n’a rien dit”, a fait valoir M. Meunier en septembre, dans un entretien à La Tribune, soulignant que les pouvoirs publics n’ont mis “aucun” veto.
Certains fonds activistes et des actionnaires minoritaires opposés au plan qui diluera leur participation s’organisent actuellement pour proposer un projet alternatif, lors de l’assemblée générale extraordinaire prévue par le groupe d’ici la fin de l’année, mais dont la date n’a pas encore été révélée.
La bataille a également été portée sur le plan judiciaire, avec le dépôt vendredi d’une plainte pour corruption active et passive auprès du parquet national financier, et des alertes ont été adressées à l’Autorité des marchés financiers, le gendarme de la Bourse.