Broadcom, l’un des leaders mondiaux de la fabrication des semi-conducteurs, a confirmé fin mai 2022 l’acquisition de Vmware, un éditeur spécialisé en virtualisation dont Michael Dell est encore l’actionnaire majoritaire. Vmware peut encore trouver un autre repreneur pendant 40 jours, mais il devra alors verser jusqu’à 1,5 Md$ d’indemnités à Broadcom en cas de rupture.
Broadcom signe avec le rachat de Vmware la plus grosse acquisition dans le secteur IT. Surtout depuis le rachat fin 2015 du groupe EMC… et de sa filiale Vmware à 83% par Dell pour environ 67 Md$, avec l’aide des fonds MSD Partners et Silver Lake.
L’acquisition permettra à ce leader de la fabrication des semi-conducteurs d’origine singapourienne de diversifier encore bien davantage ses activités dans l’édition de logiciels BtoB. L’acquisition du leader mondial de la virtualisation de l’informatique est malgré tout un gros morceau à avaler, même pour Broadcom. En effet, la capitalisation boursière de Vmware qui est sorti du giron de Dell depuis fin octobre 2021, mais pas du portefeuille d’actions de Michael Dell, avoisine les 40 milliards de dollars.
Broadcom détiendrait environ 88 % du capital du groupe après fusion
Michael Dell, le PDG de Dell Technologies, a son mot à dire en effet dans la transaction car il demeure, semble-t-il, le plus gros investisseur de Vmware, dont il détient encore 40,2 %. De même que le fonds d’investissement Silver Lake, qui a déjà investi dans Broadcom, et qui est le deuxième actionnaire de Vmware avec une participation de 10 % selon le fondeur.
Outre l’échange d’actions entre les actionnaires des deux groupes, Broadcom détiendrait environ 88 % du capital de Vmware une fois la fusion terminée avec ses actifs. Quant aux actionnaires actuels de l’éditeur, dont Michael Dell, ils posséderont eux les quelques 12 % des deux sociétés fusionnées. Broadcom annonce aussi qu’il a obtenu un support financier de 32 Md$ par un consortium formé par une trentaine de banques. S’y ajoute les 8 Md$ de dettes de Vmware que le fondeur dit assumer en direct.
Si les deux parties en sont d’accord, la transaction devrait être bouclée fin 2022. Auquel cas, Broadcom Software, la division Logiciels de fondeur qui opère toutes ses activités des éditeurs de logiciels rachetés (CA Technologies, etc.), sera renommée Vmware et opérera sous ce nom.
Attention, le rachat n’est pas encore finalisé et les conséquences peuvent être importantes pour les clients
Les deux parties ont d’ailleurs prévu une clause d’indemnité d’un montant de 1,5 Md$ pour Vmware, en cas de rupture des discussions, même si la non validation des conditions de rachat par les autorités compétentes en est la source… Souvenons-nous que l’administration Trump avait bloqué le rachat par Broadcom de son concurrent Qualcomm, au motif que ce fondeur d’origine singapourienne était sans doute trop proche de la Chine. En 2015, Broadcom était né du rachat du groupe américain du même nom par le groupe américano-singapourien Avago Technologies pour 37 milliards de dollars. La nouvelle entité avait conservé le nom de Broadcom. En outre, Vmware dispose de 40 jours pour trouver un éventuel autre repreneur. Si l’éditeur en trouve un avant le 5 juillet au soir, il devra alors verser 750 M$ d’indemnités de rupture à Broadcom, voire 1,5 Md$ si sa décision intervient après cette date.
Selon les analystes du cabinet Forrester, “Cette acquisition pourrait avoir des conséquences pour les clients de VMware, car sa récente scission avec Dell était considérée comme une chance pour l’entreprise d’innover et de se développer sans entrave. Si Broadcom prévoit d’entrer sur le marché des logiciels d’entreprise, cela pourrait être une aubaine dans un nouveau domaine où il n’est pas très présent en dehors de CA Technologies. Elle pourrait extraire certaines fonctionnalités du portefeuille de VMware pour renforcer les capacités des produits de CA.”
Broadcom poursuit sa diversification dans l’édition de logiciels BtoB
L’entreprise a déjà investit beaucoup d’argent pour racheter des éditeurs de logiciels depuis 2018 afin de se diversifier. Ce leader des semi-conducteurs a par exemple déboursé environ 18,9 milliards de dollars pour acquérir l’éditeur CA Technologies, et 10,7 milliards de dollars en 2018 pour la division sécurité de Symantec Corp. Le groupe de semi-conducteurs Broadcom avait également annoncé en novembre 2017 avoir réalisé une offre de rachat non sollicitée sur son concurrent américain Qualcomm, pour un montant total de 130 milliards, dette comprise.
Enfin, rappelons que Pat Gelsinger, le PDG emblématique de VMware depuis 2012, avait quitté l’entreprise en février 2021 pour succéder à Bob Swan en tant que PDG d’Intel, l’un des concurrents connexes de Broadcom. C’était alors le 2e haut dirigeant de VMware à quitter l’entreprise en un mois après le départ de Rajiv Ramaswami, qui était devenu ensuite le nouveau PDG et président de Nutanix.