Les collaborateurs craignent notamment que l’IA subtilise leur emploi tandis que les dirigeant affirment qu’inclure l’IA en entreprise permettrait d’augmenter la productivité des salariés, selon un rapport mondial que Solutions Numériques a pu consulter en avant-première. Les professionnels de l’IT marquent encore plus leur différence de point de vue sur les profits de l’IA.
La main-d’œuvre intellectuelle, tant métier que IT, n’est pas totalement convaincue par les promesses de l’IA avancée, en tout cas bien moins que les dirigeants. Ce rapport intitulé “Embarquer les collaborateurs vers la révolution de l’IA » s’appuie sur deux enquêtes mondiales menées au premier semestre 2023 par Ivanti, un spécialiste des solutions de gestion des biens IT (ITAM), des services IT (ITSM), de sécurité du poste client, de gestion de la chaîne d’approvisionnement. Pas moins de 16 200 dirigeants, collaborateurs de bureau et IT ont été interrogés, ce qui donne du poids à ce constat : les premiers et les seconds sont nettement en désaccord sur les profits de l’IA. 1 personne sur 10 seulement parmi la main-d’œuvre intellectuelle pense que l’IA va entraîner « une forte amélioration » de la productivité. Les collaborateurs estiment également que l’IA générative profitera davantage aux employeurs qu’au personnel. Ils sont ainsi 6 fois plus susceptibles de le penser. Et comment le leur reprocher ? Un rapport de Morgan Stanley révèle que les deux tiers des emplois actuels sont vulnérables aux avancées de l’automatisation par l’IA, et que l’IA générative pourrait remplacer jusqu’à un quart de ces emplois.
Les inquiétudes particulièrement marquées chez les professionnels IT
Les inquiétudes liées à l’IA sont particulièrement marquées chez les professionnels IT. L’IA renforce le stress sur le lieu de travail IT plutôt que de l’atténuer, estiment-ils. 36 % se disent très inquiets de voir les outils d’IA générative comme ChatGPT leur voler leur emploi dans les cinq prochaines années, soit 17 % de plus que les autres collaborateurs de bureau. 56 % pensent que la révolution de cette technologie profitera davantage aux employeurs qu’au personnel. 7 % seulement y voient des avantages pour les collaborateurs.
Et alors qu’ils sont eux-mêmes chargés de la déployer dans l’entreprise, leur manque d’engouement est manifeste. Dans leurs priorités IT stratégiques, l’IA et l’automatisation arrivent bonnes dernières (11 % et 8 % respectivement), très loin derrière des sujets comme la cybersécurité (47 %), l’infrastructure IT (42 %) et le Cloud (30 %).
Des discordances entre l’IT et la direction
Haut niveau de stress, peur de perte d’emploi et inquiétude de voir l’IA générative améliorer les profits à leurs dépens, l’IT ne se range pas à la cause des DG. Ces derniers voient, par exemple, dans les avantages de l’IA la production de produits de haute qualité pour 52 % d’entre eux contre 38 % pour les personnels de l’IT. 62 % des premiers anticipent une automatisation des tâches de routine alors que les seconds ne sont que 50 % à l’espérer. Une productivité améliorée ? C’est 62 % contre 47 %, chiffre le rapport. Un dialogue poussé comme une implication active entre les deux parties semblent plus que nécessaires, ainsi que l’analyse Jeff Abbott, PDG d’Ivanti : “La valeur que l’IA générative pourrait apporter aux entreprises suscite beaucoup d’enthousiasme, mais nos études confirment que les collaborateurs se demandent qui en bénéficiera le plus. C’est un sujet qui ne doit pas être tabou en entreprise. Les employeurs doivent être transparents sur leur stratégie à court et long terme et sur l’impact de leurs futurs plans sur l’expérience, la productivité et la carrière des collaborateurs. »