Accueil Cybersécurité Atos prévoit de se scinder en 2 sociétés afin d’améliorer sa rentabilité

Atos prévoit de se scinder en 2 sociétés afin d’améliorer sa rentabilité

La SSII Atos déclare étudier pour mi-2023 une scission en deux sociétés cotées : SpinCo (Evidian) et TFCo (Atos). Rentable, la première combinerait ses expertises IT, Big Data et Sécurité (BDS), contrairement à la seconde, qui regrouperait ses actifs en infogérance des systèmes IT et dans le Bureau de Travail Numérique. La création de SpinCo et de TFCo coûterait 1,4 milliard d’euros à Atos, qui céderait des activités non stratégiques dans SpinCo pour environ 0,7 Md€.

Handicapée par 3 milliards d’euros de pertes en 2021 suite à une importante dépréciation d’actifs, Atos se réorganise du sol au plafond depuis début 2022 pour tenter de renouer avec la rentabilité dès cette année. Rodolphe Belmer, son nouveau directeur général depuis le 1er janvier, a déjoué tous les prognostiques le 14 juin lors du Capital Markets Day d’Atos.

Tout d’abord, il a annoncé son départ avant septembre à la surprise générale… sans doute parce que son plan de redressement n’a pas été bien suivi par le conseil d’administration. Ce dernier favorise pour l’instant une très probable scission d’Atos en deux sociétés qui seraient cotées dès mi-2023, et sans cessions d’actifs très significatives, pas encore du moins. Cette annonce a été très mal reçue à la bourse de Paris, où l’action Atos a chuté ce mardi matin de -16%. La SSII française avait déjà perdu près de 60% de sa valeur en Bourse depuis le début 2022… son actionnaire UBS Group AG n’a pas été impacté car la société financière avait déclaré à l’AMF avoir cédé ses actions dans la société Atos SE.

Vers une scission qui donnerait naissance à SpinCo (Evidian) et TFCo (Atos)

Nommée SpinCo (Evidian) et dirigée par Philippe Oliva, la première des deux nouvelles entités combinerait les lignes de métier IT, Big Data et Sécurité (BDS) d’Atos. Ils ont généré un chiffre d’affaires 2021 de 4,9 milliards d’euros, en croissance organique de +5%, avec une marge opérationnelle de 7,8%. SpinCo porterait donc les actifs rentables et les 50 000 experts de la SSII sur les marchés des données, de la sécurité, et du calcul intensif. Inclus dans le dispositif, le pôle Digital dirigé par Rakesh Khanna a généré un chiffre d’affaires 2021 de 3,5 milliards d’euros et une marge d’exploitation à un chiffre.

La seconde, TFCo (Atos), serait composée de la ligne de métier Tech Foundations d’Atos, qui a généré en 2021 un chiffre d’affaires de 5,4 milliards d’euros (hors activité Unified Communications & Collaboration), en baisse organique elle de -12%, et une marge opérationnelle négative de -1,1%. Cette entité est spécialisée dans la gestion et la modernisation des systèmes IT critiques et le Bureau de Travail Numérique. Dirigée par Nourdine Bihmane, TFCo devra renouer avec la rentabilité, mais pas avant… 2026 tant la tâche semble ardue.

La nouvelle organisation ne sera pas effective avant le second semestre 2023

« Cette nouvelle voie que prendrait potentiellement Atos aurait pour objectif d’optimiser notre performance dans les deux marchés distincts sur lesquels le Groupe est positionné, qui ont des dynamiques fondamentalement différentes : d’une part le marché lié aux infrastructures, requérant d’importants actifs, d’autre part le marché des applications digitales et de la sécurité » explique Rodolphe Belmer, directeur général d’Atos.

Si après une réorganisation préalable de la SSII, sa direction décide de séparer Atos en deux entités, la nouvelle organisation ne sera pas effective avant le second semestre 2023. Quant au processus de cotation de SpinCo, il n’interviendrait pas avant fin 2023 semble-t-il. Soulignons que Bertrand Meunier, le président du conseil d’administration d’Atos, reconnaît « avoir examiné un certain nombre d’options possibles », dont le cession d’actifs probablement…

La transformation de SpinCo et de TFCo coûterait 1,4 milliard d’euros

Si Atos se réorganise de cette façon, sa direction estime à environ 1,6 milliard d’euros ses besoins de financement pour la période 2022-2023. Ce montant tient compte d’un décaissement estimé à -1,4 milliard d’euros, comprenant notamment les coûts de création de SpinCo et de TFCo, environ -0,9 milliard d’euros en fonds de roulement, en discussions avancées avec deux de ses banques de financement, l’acquisition de Cloudreach, etc. Le plan de développement du pôle Digital intégré à SpinCo (Evidian) coûterait à lui seul environ 370 millions d’euros sur la période 2022-2026. S’y ajoute enfin le remboursement de dettes pour un montant cumulé estimé à 1,5 milliard d’euros. En contrepartie, Atos espère encaisser 0,7 milliard d’euros suite à la cession d’activités non stratégiques, principalement au sein du périmètre de SpinCo.

Dans le scénario privilégié à ce stade, les actionnaires d’Atos conserveraient leurs actions actuelles d’Atos et recevraient des actions de SpinCo à travers une distribution en nature. SpinCo serait cotée à la bourse d’Euronext Paris. Une fois le projet envisagé achevé, l’hypothèse actuelle est que les actionnaires d’Atos détiendraient 100% du capital de TFCo et 70% du capital de SpinCo, les 30% restants étant détenus par TFCo et pouvant être par la suite monétisés pour refinancer les coûts du plan de redressement de TFCo.