Cette question, l’entreprise doit se la poser. Il faut pouvoir justifier d’un nombre de projets suffisants pour créer des postes de testeurs, voire, une cellule qualité. Il faut aussi une certaine masse critique de salariés pour le justifier. Hormis des entreprises très spécialisées, en dessous de 100-150 personnes, une structure testing n’est sans doute pas viable. D’autre part, comment pourvoir les postes de testeurs ? Promotion interne ou par recrutement ? Le testeur doit-il passer une formation, une certification ? La complexité croissante du système d’information, la multiplication des terminaux, de systèmes et des technologies pose un réel problème de test. Rien que pour les applications mobiles multiplateformes, l’entreprise devrait tester sur toutes les plateformes majeures et différentes versions des systèmes. Que dire pour les sites web qui nécessitent des tests sur l’ensemble des navigateurs sur différents systèmes et différentes versions. L’automatisation des tests, par des automates, ne permet pas tout. Là, une cellule qualité se justifie à condition qu’elle bénéficie de toute une infrastructure matérielle et logicielle pour pouvoir créer et exécuter les plans de tests. Le recours à un testing externe peut être une bonne solution pour être plus flexible, ne pas à avoir à mettre en place l’infrastructure de tests, ni avoir de testeurs. “Je vois de plus en plus cette externalisation. Le faire en France est assez fréquent. Est-ce une bonne chose ? Je n’en suis pas sûr,” modère Bernard Homès (CFTL). Un des arguments contre l’externalisation du testing est une perte de maîtrise du projet, voire, de connaissances. Ce qui n’est jamais une bonne chose. Les grandes SSII proposent des services de testing. Les petites SSII peuvent aussi en proposer, notamment pour des projets plus petits, que les SSII leaders ne pourront pas forcément adresser, à cause de leurs tarifs. “Le testing est un vrai métier. L’entreprise ne possède pas toujours une infrastructure pour réaliser les campagnes de tests. Il faut alors regarder vers une externalisation des tests et des services complémentaires. C’est une tendance du marché. De plus, les sociétés se recentrent de plus en plus sur leur coeur métier. Il y a une logique de valeur ajoutée. Le test l’apporte-t-il ?”, précise et s’interroge Philippe Oléron, Président de Sigma. Rajoutons aussi que les entreprises n’ayant pas le même niveau de maturité, celles qui n’ont pas de réflexion globale autour du test auront une certaine facilité à s’adresser à des SSII ayant des compétences en testing. “Il y a un intérêt budgétaire à consulter des sociétés comme Acial. Il y a une vraie prise de conscience sur le test, il fait gagner de l’argent. Cet argument revient souvent” estime Pierre de Rauglaudre (directeur associé d’Acial). L’externalisation franco-française se fera surtout pour les entreprises ayant une activité nationale. Pour une activité internationale, une SSII internationale apportera des compétences appréciables (conformités, tests d’interface pour les devises, formats, etc.). “Quand une partie des activités de développement et de test est externalisée, il devient plus difficile d’avoir une vision globale sur l’ensemble des activités de test d’un projet. Pourtant c’est indispensable pour bien gérer le projet de test et coordonner les activités qui vont se dérouler aux différents niveaux. La notion de “Plan de test maître” (“Master Test Plan”) telle qu’introduite par la norme IEEE 829-2008 prend alors tout son sens. Ce plan de test maître permettra, non seulement de définir et contrôler une planification globale de l’activité de test sur l’ensemble du projet, mais aussi d’identifier les différents niveaux de test et les Plans de Test associés. Pour un composant dont le développement est sous-traité, il conviendra alors de demander au sous-traitant, s’il est également en charge des tests, un Plan de Test de niveau composant. Un Plan de Test de niveau Intégration pourra être demandé à un soustraitant en charge de l’intégration. Externaliser une activité de test ne veux pas dire “perdre contrôle et visibilité” sur celle-ci. Ainsi, un “Master Test Plan” a permis de définir une stratégie globale de test pour un projet complexe d’évolution d’un SI, faisant appel à de nombreux sous-traitants. Par exemple, chaque composant développé a donné lieu à la rédaction d’un Plan de Test référencé par le Plan de Test maître”.( Extrait d’avis d’expert sur l’externalisation des tests, par Eric RIOU du COSQUER, Trésorier du CFTL (Comité Français des Tests Logiciels), Secrétaire de l’ISTQB et TestManager Senior chez France Télécom ). Si vous envisagez du testing sans aucune expérience, passez par des SSII spécialisées pour être conseillé, démarrer l’activité. Le test ne s’improvise pas. Une campagne de test mal calibrée ou exécutée, et c’est votre qualité logicielle qui en souffrira.
Testing interne, externe ou mixte ?
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