Les flux s’accélèrent, tirés de plus en plus par la demande. Aussi la production et la logistique doivent se réinventer, stimulées par la démocratisation des solutions numériques.
Les chaînes d’approvisionnement locales ont de beaux jours devant elles. Le règne de la production de masse commence à s’effriter au profit de la relocalisation de la production en petite série, à travers notamment l’impression 3D, au plus proche du besoin lorsqu’il est confirmé. Celle-ci transforme déjà les chaînes de distribution des pièces de rechange, et bientôt les lignes de production. L’industrie va transformer certaines chaînes de fabrication en impression 3D (réalisable sur quasiment toutes les matières : minérales, organiques et chimiques). Cela permet une « hyper-personnalisation » du produit fini et une réduction drastique des temps de production en passant directement de la conception digitale à la production sans phase d’industrialisation lourde.
Plus largement, l’IT devient le pilier des processus logistiques, organisationnels et décisionnels. Selon l’étude «Digital Transformation in the Age of the Customer» (Accenture Interactive-Forrester Consulting, octobre 2015), les entreprises citent à 75% les processus opérationnels et la technologie, et l’organisation à 64% comme les domaines dans lesquels elles ont le plus de progrès à accomplir pour réussir leur transformation numérique. Toutefois, elles tendent à s’engager prématurément dans la mise en œuvre des processus et technologies, avant d’avoir défini les outils analytiques et indicateurs qui permettront de les évaluer.
L’IT et la Supply Chain étroitement liés
Le plan de transformation de l’entreprise doit imbriquer les dimensions digitales et Supply Chain. Ce qui mène à deux points clefs, selon Pierre Fournet, président de Leon, société de conseil en logistique et e-business : « le premier est la centralisation des données. Il est primordial d’avoir une vision des stocks en temps réel (fournisseurs, entrepôts, magasins) pour pouvoir réaffecter les produits en fonction de la demande, accélérer la fréquence des livraisons en magasin et assurer la promesse client, qui comprend le respect du délai de livraison. Le second, avec l’essor de l’omnicanal, tend à réintégrer les plates-formes et divisions e-commerce dans l’organisation commerciale centrale. »
Assurer la promesse client dans un environnement omnicanal est un chantier qui mobilise toutes les directions afin d’aligner les processus, l’organisation et les solutions IT. Il faut calculer le « cost-to-serve » par canal, garantir la traçabilité des commandes et avoir une logistique performante quel que soit le canal, y compris au niveau des flux retours qui croissent alors qu’ils restent toujours complexes et chers à gérer. Heureusement, les solutions IT Supply Chain sont de moins en moins coûteuses et de plus en plus flexibles. Par exemple, la mutualisation logistique est plus simple et rapide à réaliser grâce aux plates-formes collaboratives en mode SaaS, idem pour les prévisions de vente. Cela favorise la collaboration entre industriels et distributeurs.
Vers la mort douce des ERP
« Nous nous dirigeons peut-être vers la mort douce des ERP qui savent tout faire au profit de systèmes spécialisés en SaaS, prévoit Eric Blandin, consultant chez Newloop Partners. Pour ce faire, ceux-ci doivent être facilement paramétrables et s’interfacer aisément. C’est aussi le début de l’ère du partage d’informations entre entreprises pour permettre à chacune d’enrichir ses propres données et être encore plus pertinente sur la proposition ciblée de l’offre « instantanée » et « personnalisée ». »