Pour Guy de Lussigny, DSI de l’Etablissement de Santé Ville-Evrard (EPSVE), la gestion rationnelle des SI se fonde sur des achats maîtrisés avec pragmatisme et sur l’écoute de tous ses interlocuteurs.
Début 2008, à son arrivée à l’Etablissement Public de Santé mentale Ville-Evrard (EPSVE, qui rassemble près de 3000 personnes et prend en charge médicopsychologique ou psychiatrique 30 000 patients dans le département de Seine-Saint-Denis sur 66 sites et 90 structures de soins), Guy de Lussigny a toute l’informatique à reconstruire. “Dans le Public comme dans le Privé, il faut commencer par auditer l’entreprise. Mon expérience passée comme DSI ou chef d’entreprise me permet d’avoir une vision complète de l’entreprise : quel que soit le secteur, il y a des besoins communs à toutes les entreprises. Et voir ensuite comment on peut l’améliorer à travers le système d’information. L’objectif est la baisse des coûts pour pouvoir préserver l’investissement, car le budget annuel est restreint, quelques millions d’euros, notamment avec la crise financière depuis 2008. Le DSI se doit d’être très bon gestionnaire, et le SI efficace et pas cher.”
Maîtriser le processus d’achat
Il fait appel aux progiciels du marché – l’EPSVE est référent Microsoft dans le milieu hospitalier – mais n’hésite pas à réaliser des développements spécifiques en C# au besoin, en fonction du coût. De même est-il référent HP pour les PC, les serveurs et le stockage, et a bien négocié avec Cisco pour les réseaux et la téléphonie sur IP. “Le DSI maîtrise le processus d’achat ; il sait bien négocier pour acheter à bas coût. Après l’audit des besoins internes, je consulte toujours avant l’appel d’offres pour expliquer nos projets et nos attentes. Car le public a une image de “grosse marge” pour les offreurs…” Le SI repose sur un ensemble de logiciels connectés entre eux par un bus EAI. A ceci est associé un datacenter centralisé. L'orientation actuelle est de développer le Cloud privé et les services à la demande, pour des questions de simplification et de coût. “Il faut être créatif. Ainsi pour le transport de médicaments, le marché nous recommandait d’étiqueter les boîtes et mallettes de transport entre les sites avec de la RFID. Beaucoup moins cher avec un système GPS+QR Code via un iPhone au final !” Sur le projet en cours, d’armoires informatisées pour une préparation automatisée et déconditionnée des médicaments à délivrer, il saura certainement appliquer ses principes.
Apprendre de ses erreurs
A l’EPSVE, il a constitué une équipe de trente personnes, dont un tiers de prestataires. Selon lui, le DSI sait recruter, gérer et repérer les potentiels. Il se souvient de son expérience en Chine quand il travaillait pour la société de distribution Admea : “Au départ je n’obtenais rien de mes collaborateurs chinois, peu habitués à la délégation, ce qui les perturbait ; ils se sentaient perdus voire méprisés. Puis j’ai effectué un suivi plus fort. Il faut apprendre de ses erreurs et comprendre les attentes de ses collaborateurs… tout comme de ses fournisseurs ou de son patron !” Les pannes sont également un bon moyen d’apprendre et de faire prendre conscience aux clients internes de la nécessité d’agir. Suite à une panne de climatisation dans le centre de données de l’EPSVE à l’été 2010, il est équipé de capteurs de température, et le plan de secours est bien défini et rodé ; une récente panne électrique a conduit à investir dans un groupe électrogène.
Ecouter, comprendre, agir
Aujourd’hui, à 48 ans, “écouter, comprendre, agir,” sont les fondements de son travail. Présent au comité de Direction de l’EPSVE, “ce qui permet de favoriser le contact avec mes homologues et écouter leurs préoccupations, nous travaillons de concert, une fois qu’on est reconnu comme un acteur fiable qui apporte de la valeur ajoutée.” A son arrivée, il a ainsi mis plus d’un an à mettre en place une relation maîtrise d’ouvrage/maîtrise d’oeuvre. La DSI promeut également des solutions, comme un réseau social interne basé sur Microsoft Sharepoint pour faciliter le partage.
Tombé dans la marmite informatique quand il était petit
Adolescent, Guy de Lussigny écrit des programmes. A 18 ans, il vend son premier programme, un émulateur vidéo/texte pour Mac et PC, puis travaille à l’Office d’Annonces (ODA) comme développeur, finançant ainsi ses études à l’école d’ingénierie informatique EPSI. D’abord chef de projet chez Cap Gemini Sogeti, puis directeur des opérations d’une société de services il devient directeur technique chez Dassault, pour construire le nouveau SI d’une société du groupe, avant de passer chez Bouygues Telecom. Il obtient son 1er poste de DSI chez Messier Dowty (groupe Safran), puis un 2e à AOL France, et un 3e à Admea, grossiste en biens électroniques. Il a été également chef d’entreprise, à la tête de deux agences immobilières. Il anime plusieurs sites Internet sur l'informatique depuis 12 ans. Auteur de livres informatiques, il a été directeur de collection des éditions informatiques ESKA Sybex. En janvier 2008, il rejoint l’Etablissement de Santé Ville-Evrard (EPSVE), son premier poste de DSI dans le Public.
