Pour Catherine Morin-Desailly, sénatrice auteure du rapport « L’Union Européenne, colonie du monde numérique » en 2013, « la donnée est l’or noir qui porte l’économie de demain. L’UE autant que la France doivent considérer les données comme un actif stratégique pour développer notre industrie, de nouveaux marchés, de nouvelles applications, de nouveaux services. Il faudrait une politique européenne intelligente, globale et coordonnée à horizon 2030 pour créer les conditions d’une autonomie stratégique. »
La sénatrice de l’Union Centriste de Seine-Maritime promeut un plan d’actions cohérent : une politique accélérée de formation aux métiers du développement et du numérique, une politique de soutien au développement des acteurs du numérique souverain, brique après brique, notamment celles des infrastructures et des solutions Cloud. Un “Buy European Act” permettrait de réserver une part des marchés publics aux entreprises locales respectant la réglementation européenne.
« Il faut mener la bataille de la souveraineté, même si les enjeux géopolitiques d’énergie et de défense font qu’il n’y a pas de véritable stratégie européenne à court terme sur la souveraineté numérique, met en avant Philippe Latombe, député et auteur du rapport « Bâtir et promouvoir une souveraineté numérique nationale et européenne » publié en juillet 2021. Il faudrait augmenter la collaboration entre les acteurs des différentes briques technologiques. Et la commande publique est le nerf de la guerre pour mener à l’échelle les acteurs français et européens, de par son effet d’entraînement. Mais la transformation numérique de l’Etat s’est souvent effectuée au plus simple, au plus rapide. »
Selon le député Modem de Vendée, l’écosystème européen est de très bon niveau mais pas à la taille ; or la souveraineté du Cloud est nécessaire, permettant notamment de faciliter l’avancée des travaux d’intelligence artificielle. En outre, la décision d’adéquation entre l’Union Européenne et les Etats-Unis, prévue pour 2023, qui mettrait fin au flou juridique depuis l’arrêt Schrems II, pourrait augmenter la part de marché déjà dominante des hyperscalers américains en Europe.