L’hiver s’annonce rude, la production nucléaire française risque fort de ne pas suffire en cas de pics de froid. Et les chiffres alarmants ne cessent d’augmenter chez les énergéticiens : en octobre, ils s’attendaient à une dizaine de coupures importantes durant l’hiver ; début novembre, ce chiffre doublait.
Les datacenters risquent fort d’être soumis à rude épreuve, alors que la continuité de service s’impose à eux. En s’engageant auprès du gouvernement – qui demande à l’industrie et aux Français de réduire de 10 % leur consommation d’électricité – à pratiquer l’effacement, c’est-à-dire à se couper du réseau électrique à la demande de RTE, France Datacenter ne facilitera pas non plus la tâche des gros datacenters pour affronter les coupures.
Les recours possibles
Cette mise en situation de risque électrique place les onduleurs et UPS, ainsi que les batteries, sous le feu des projecteurs.
Rappelons tout d’abord que l’utilisation des ordinateurs et autres équipements électroniques est soumise à la nécessité de protéger les systèmes contre les dommages et interruptions soudaines de services. Lorsque les systèmes sont soumis à des perturbations, l’onduleur comble le vide. Si la tension du secteur tombe ou atteint des limites de tolérance, UPS et batteries sont sollicités en protection adéquate contre tous les principaux problèmes de perturbation de l’alimentation, y compris les pannes, le bruit, la régulation de ligne et les transitoires de tension. Et pour cela l’UPS est également adossé à des batteries, qui sont une alimentation de secours maintenue en charge par le circuit de redressement de l’onduleur.
« L’onduleur reste un des piliers sensibles
de l’installation électrique du datacenter, et la pierre angulaire en cas de coupure. »
François Debray, Eaton
Face aux défaillances d’EDF et à la versatilité des sources d’énergie renouvelable, un autre équipement risque fort d’être sollicité durant l’hiver pour affronter les coupures : le groupe électrogène.
Celui-ci est l’ultime secours lorsque la coupure se prolonge et que les batteries arrivent à leurs limites. Le groupe prend le relai et permet au datacenter de produire sa propre énergie. En cas de demande d’effacement par RTE (à des horaires qui sont imposés), les groupes sont lancés à l’avance et produisent leur énergie dès que le réseau est coupé. Les géants de la colocation comme les opérateurs de datacenters ont rempli leurs cuves de fuel en prévision. Mais une fois encore, UPS et batteries seront sollicités pour assurer la qualité et la régularité de l’électricité de secours.
L’onduleur, pièce sensible
Le DSI n’est pas un homme à prendre des risques. Pour affronter l’hiver, il exige de ses fournisseurs de respecter leurs engagements, et donc d’assurer la continuité de service. Or, dans le datacenter, le risque zéro n’existe pas. Certes, les accidents sont rares, mais lorsque l’hiver s’annonce rude, avec des coupures de courant et une sollicitation supérieure à la moyenne des équipements de régulation et de secours, le risque augmente.
« L’onduleur reste un des piliers sensibles de l’installation électrique du datacenter, et la pierre angulaire en cas de coupure, rappelle François Debray, chef produit de la division Power Quality d’Eaton France. On nous annonce un hiver compliqué en matière d’électricité, avec des problématiques de coût, et les parties onduleurs et groupes qui seront sollicitées d’avantage. Les entreprises doivent s’assurer qu’en cas de coupure intempestive, l’ensemble de l’installation puisse tenir le choc. »
Une situation tendue à venir
En admettant que la maintenance soit suivie, les principaux risques sur les équipements UPS et batteries sont la distorsion harmonique, le volume de commutation en mode de dérivation et les surtensions transitoires. S’y ajoutent pour le secours les dysfonctionnements potentiels de la chaîne d’approvisionnement en carburant, et l’inadaptation des groupes de secours, qui ne sont pas des groupes de production adaptés à produire régulièrement de l’électricité. Multiplier les coupures et l’appel au secours, même acceptés, multiplie les risques que le DSI se refuse à assumer. La situation sera certainement tendue durant les prochains hivers.