Pour l’instant, le gouvernement n’a pas pris la décision de déployer une telle application de suivi, mais a demandé à une “task-force” menée par les experts de l’Inria (Institut national de recherche en informatique) de développer un “prototype”. Des grands groupes, ESN, opérateurs et cabinets de conseil ont annoncé vouloir apporter leur aide. Une startup française installé aux Etats-Unis fait aussi parler de sa propre application, qui semblerait remplir tous les critères demandées.
“Plusieurs innovations font l’objet de travaux comme une application numérique dédiée qui, sur la base du volontariat et de l’anonymat, permettra de savoir si oui ou non on s’est trouvé en contact avec une personne contaminée, a déclaré Emmanuel Macron dans son allocution télévisée du 11 mai. Le gouvernement aura à y travailler mais je souhaite qu’avant le 11 mai, nos assemblées puissent en débattre et que les autorités compétentes puissent nous éclairer.” Vendredi 17 avril, Cedric O, le secrétaire d’Etat au Numérique, a cependant indiqué que la solution ne serait pas prête les 28 et 28 avril pour le débat au Parlement.
L’application Stop Covid à laquelle le président de la République fait référence à pour but de prévenir les personnes qu’elles ont été en contact avec d’autres, porteuses du virus. Un projet piloté par l’institut de recherche Inria, et mené dans le cadre d’un programme européen. Pour le codage, la Direction interministérielle du numérique (Dinum) est aux commandes. Pour la cybersécurité, c’est l’Agence nationale de sécurité informatique (Anssi). Mais selon Le Point, six grands groupes seraient disposés à offrir leurs briques technologiques : Orange, pour le Bluetooth et la partie delivery, Dassault Systèmes pour l’hébergement (Outscale), Capgemini, pour les données de santé, Sopra-Steria, pour le développement, Accenture et le cabinet de conseils Sia Partners. Ils auraient déjà commencé à travailler sur une appli de déconfinement. Les six PDG de ces grands groupe auraient même envoyé une lettre au Premier ministre le 6 avril dernier, précise Le Point, indiquant pouvoir fournir, gracieusement, une application le 20 avril. L’idée cependant est de ne pas fournir une solution concurrente, mais d’associer des technologies avec celles du gouvernement.
Rappelons au passage que l’opérateur télécom Orange a travaillé avec les chercheurs de l’Institut français de la recherche médicale (Inserm) sur l’exploitation de données de géolocalisation anonymisées, pour mieux suivre les mouvements de la population en France pendant la pandémie, et alimenter les autorités avec des indicateurs statistiques, pour évaluer les variations de population « avant confinement » et « après confinement ».
Une appli prête outre-Atlantique
Outre le projet mené avec l’Inria, les propositions des 6 grands groupes susnommés, il existe aussi une application réalisée par une startup française installé à San Francisco : nommée, “Coalition” elle est disponible pour les smartphones Android, dans l’attente d’une validation par Apple. Elle se décrit comme “la première application de suivi des contacts, anonymisée, basée sur la proximité qui utilise la technologie Bluetooth, pour lutter contre la propagation de COVID-19. Cette application permet aujourd’hui d’informer très rapidement les utilisateurs s’ils ont été en contact avec une personne contaminée pour les inviter à diminuer leurs déplacements réduire les risques de contamination“.
L’application, en open source, permet aux utilisateurs porteurs du virus de se déclarer anonymement. Via le système “Whisper Tracing Protocol”, pensé par les développeurs de Coalition, elle détermine alors tous les autres téléphones équipés qui ont été à sa proximité sur une période prolongée au cours des deux semaines précédentes et les informe automatiquement. La startup explique que le protocole “Whisper Tracing Protocol” permet de générer fréquemment un identifiant anonyme et unique associé à chaque téléphone. Cet identifiant, généré de manière pseudo-aléatoire est diffusé par Bluetooth à d’autres personnes à proximité, enregistre chaque rencontre. Si un utilisateur signale qu’il est malade, l’ensemble de ses identifiants anonymes des deux dernières semaines sont automatiquement envoyés sur le Cloud.
Maîtriser la conception de la future application
Il y a une certitude : le gouvernement français veut maîtriser la conception de la future application anti-coronavirus de traçage des contacts, sans laisser Apple et Google préempter les choix techniques.
“Il y a eu des déclarations des deux géants américains” sur leur volonté de collaborer ensemble pour faciliter la conception d’application de traçage des contacts, en utilisant la technologie Bluetooth, a indiqué le secrétaire d’État au numérique, Cédric O, mercredi lors des questions au gouvernement au Sénat. “il y a une chose qui est absolument essentielle me semble-t-il (…) : les conditions dans lesquelles celle-ci doit être développée ne peuvent relever que de la seule décision d’un État souverain“, a-t-il ajouté
Mercredi matin, un conseiller du gouvernement français avait mis en garde contre la perspective de voir Apple et Google développer ensemble l’application de traçage des contacts que plusieurs pays européens envisagent de mettre en place.
Sondage – Les Français semblent favorables à une appli de suivi
L’idée semble faire son chemin, selon un sondage d’Odoxa et SAP paru ce 15 avril. Ainsi, 62 % des Français téléchargeraient et utiliseraient une application du type Stop Covid. Plus généralement, les Français jugent actuellement que la France n’a pas suffisamment recours aux nouvelles technologies pour lutter contre l’épidémie (69 %). Caméras thermiques (79 %), Big data (58%), traking (54 %) voire reconnaissance faciale (51 %), ils estiment que le pays doit utiliser les outils numériques pour lutter contre l’épidémie.