San Francisco, 18 fév 2018 (AFP) – Après la vente en ligne, les services informatiques, l’alimentation… Amazon s’attaque désormais à la santé, dernière illustration de la stratégie de croissance tous azimuts voulue par son fondateur Jeff Bezos, dont les ambitions semblent sans limites.
Désormais, c’est à la santé que s’intéresse de près le groupe de Jeff Bezos, en raison de l’explosion de ses coûts aux Etats-Unis. Cela donne déjà des sueurs froides au secteur, surtout si, comme le pensent certains analystes, Amazon pourrait in fine vouloir vendre des médicaments sur ordonnance.
Créer un système de protection sociale
Le groupe a annoncé fin janvier une alliance avec le milliardaire Warren Buffet et Jamie Dimon, PDG de JPMorgan Chase, pour créer un système de protection sociale, qui concernerait dans un premier temps leurs employés respectifs, soit plus d’un million de personnes.
Selon le Wall Street Journal cette semaine, Amazon, qui vend déjà des médicaments sans ordonnance, souhaiterait aussi devenir fournisseur de matériel médical pour les hôpitaux.
Même si la santé est un marché très complexe parce que très encadré, Amazon pourrait donc tenter d’y appliquer les recettes qui ont fait son succès depuis ses timides débuts au milieu des années 90: tirer les prix vers le bas et proposer des livraisons rapides et fiables grâce l’envergure de son réseau logistique.
Jeff Bezos a déjà démontré qu’il avait souvent un coup d’avance, par exemple avec son assistant vocal Alexa, intégré dans ses enceintes connectées Echo dès 2014, un marché aujourd’hui en plein essor qu’il domine largement. Il est aussi leader mondial de l’informatique en nuage, le “cloud”, avec sa division AWS lancée en 2006.
Une multinationale de 540 000 employés, richissime et toujours dirigée par son fondateur
Amazon vend son premier livre sur internet en 1995 et quatre ans plus tard élargit son catalogue à l’électronique, les jouets, les logiciels, les outils… Un an plus tard, “Marketplace” permet à d’autres distributeurs de vendre sur son site.
Parallèlement, Amazon développe des technologies et des services logistiques (entrepôts, centre de tri…) qui lui permettent de livrer partout dans le monde dans des délais parfois très courts.
En 2005, l’entreprise lance le service d’abonnement Prime, qui propose notamment la livraison gratuite. Prime est devenu un élément-clé du modèle économique d’Amazon car il permet d’assurer des revenus réguliers, de fidéliser les clients et de créer un écosystème. Selon les analystes du secteur, quelque 90 millions de personnes y sont abonnées, rien qu’aux Etats-Unis.
AWS : 5,1 milliards $ au dernier trimestre 2017
Après un faux départ en 2002, il lance en 2006 Amazon Web Services (AWS), son service d’informatique dématérialisé. Il en est aujourd’hui numéro un mondial. AWS lui a rapporté 5,1 milliards de dollars rien qu’au dernier trimestre 2017.
En 2007, il lance Amazon Music, service de musique en streaming, avant de l’étendre aux films et séries avec Prime Video. Aujourd’hui, le groupe produit ses propres contenus avec Amazon Studios.
C’est aussi en 2007 qu’il lance Amazon Fresh, qui livre des produits alimentaires frais. Dix ans plus tard, il achète pour 13,7 milliards de dollars la chaîne de supermarchés bio Whole Foods, qui lui permet d’avoir quelque 450 points de vente physiques aux Etats-Unis et des relais pour ses colis. Amazon vient d’annoncer qu’il va livrer à domicile les produits Whole Foods.
Amazon vend depuis plus de dix ans des appareils électroniques: liseuse Kindle, tablette Kindle Fire…
En 2014, son téléphone portable est un échec mais son haut-parleur connecté Echo, qui réagit à la voix grâce à l’assistant virtuel Alexa, lance la mode des enceintes bourrées d’intelligence artificielle. Amazon domine aujourd’hui ce marché en plein essor aux Etats-Unis.
Progressivement, Amazon s’est installé dans le monde entier: Canada, Mexique, Royaume-Uni, France, Allemagne, Japon, Italie, Espagne, Pays-Bas, Irlande, Chine, Inde, et vient d’arriver en Australie.
Le groupe emploie environ 540.000 personnes.
Si Amazon n’était quasiment pas rentable au cours de ses premières années, les choses ont bien changé: il a dégagé un bénéfice net de 3 milliards de dollars en 2017. Comme les autres géants technologiques américains, il est régulièrement accusé de pratiquer l’optimisation, voire l’évasion fiscale, en particulier en Europe.
Le groupe pèse environ 700 milliards de dollars en Bourse, comme Microsoft.Ce qui fait de Jeff Bezos, 54 ans, l’homme le plus riche du monde avec une fortune estimée à plus de 100 milliards de dollars. Il est à titre personnel propriétaire du Washington Post et de l’entreprise spatiale Blue Origin.