Le patron des services secrets extérieurs allemands a mis en garde mardi 28 novembre contre une multiplication de piratages informatiques en provenance notamment de Russie, afin de peser sur le jeu politique à moins d’un an des législatives.
“L’Europe est au centre de ces tentatives de déstabilisation et l’Allemagne tout particulièrement“, a déclaré Bruno Kahl au quotidien Süddeutsche Zeitung dans une interview publiée au lendemain d’un piratage, d’origine non déterminée, des routeurs du principal opérateur du pays, Deutsche Telekom, qui a perturbé les connexions de près d’un million de personnes.
Il existe des “indications selon lesquelles des cyberattaques se produisent dans le seul but de créer de l’incertitude politique”, a-t-il ajouté, “une forme de pression est exercée sur le débat public et sur la démocratie qui
n’est pas tolérable“. Le patron des services secrets extérieurs a parlé d'”éléments” pointant en direction de la Russie pour ces piratages. “Il est par définition difficile de pouvoir attribuer (ces actes) à un acteur étatique mais divers éléments indiquent qu’ils sont au moins tolérés ou souhaités par un Etat“, a indiqué M. Kahl.
La chancelière Angela Merkel avait déjà mis en garde au début du mois contre des tentatives de désinformation et de piratages en provenance de Russie en vue des élections législatives, où elle briguera un quatrième mandat.
Environ 900 000 foyers en Allemagne, clients de l’opérateur Deutsche Telekom, ont rencontré lundi d’importants problèmes d’accès à internet à cause d’une cyberattaque. Selon l’Office fédéral allemand de la sécurité informatique, l’attaque a été ressentie également par des réseaux sécurisés de l’administration gouvernementale allemande mais a pu être contrée grâce à des mesures de protection.
« Le malware était mal programmé, il n’a pas fait ce pour quoi il était conçu, sinon les conséquences auraient pu être beaucoup plus graves“, a indiqué mardi le porte-parole de Deutsche Telekom, Georg von Wagner. Les dernières pannes des particuliers devraient être résolues dans la journée.
Le quotidien berlinois Tagesspiegel, citant des experts en sécurité informatique, indique que le piratage pourrait provenir de Russie. Dans le passé, plusieurs partis politiques allemands ainsi que la chambre des députés ont été victimes de cyberattaques, pour lesquelles la Russie a été mise en cause. La chancelière allemande Angela Merkel a estimé que l’Allemagne devait apprendre à faire face aux cyberattaques orchestrées par la Russie, qui sont devenues un défi “quotidien“. Mme Merkel a indiqué ne pas savoir si la récente attaque qui a visé le
groupe Deutsche Telekom était à imputer à Moscou, mais elle a jugé que ce type
de “cyberattaques, les conflits hybrides, selon le terme employé par la
doctrine (officielle) de la Russie, appartiennent désormais au quotidien et
nous devons apprendre à y répondre“.
Pour Kaspersky, éditeur de sécurité russe, Deutsche Telekom a été victime d’une variante du malware Mirai.
Auteur : La Rédaction avec AFP