Alibaba voulait se rapprocher, via son bras financier Ant Financial et filiale spécialiste des paiements du groupe (Alipay), de MoneyGram. Les 1,2 milliard de dollars qu’Ant Financial était prêt à mettre sur la table ne seront pas dépensés. Le Comité sur les investissements étrangers aux Etats-Unis (CFIUS), qui examine les risques de sécurité nationale liés aux acquisitions de sociétés américaines par des entités étrangères, a dit non. Il craindrait l’identification possible de citoyens américains, dont des militaires (alors qu’Alibaba est en partie détenu par des fonds gouvernementaux chinois), et la difficulté de contrôle financier (blanchiment d’argent, financement du terrorisme…). Et cela malgré le fait qu’Ant Financial ait assuré que l’infrastructure de données de MoneyGram resterait aux Etats-Unis, avec des données personnelles chiffrées ou détenues dans des installations sécurisées sur le sol des Etats-Unis.
Pas de fusion, mais des initiatives communes à venir
Il y a deux jours, le constat est fait par les deux sociétés dans un communiqué commun : “MoneyGram et Ant Financial Services Group ont annoncé aujourd’hui qu’ils ont mutuellement accepté de mettre fin à leur accord de fusion, modifié suite à l’incapacité des sociétés à obtenir l’approbation requise pour la transaction du Comité des investissements étrangers aux Etats-Unis.”
“Malgré nos efforts incessants pour travailler de manière constructive avec le gouvernement américain, il est maintenant devenu clair que le CFIUS n’autorisera pas cette fusion“, a déclaré, déçu, Alex Holmes, le directeur général de MoneyGram. “L’environnement géopolitique a considérablement changé depuis que nous avons annoncé la transaction proposée avec Ant Financial il y a un an“, a souligné Alex Holmes, alors que Washington durcit ses positions en matière d’échanges commerciaux avec la Chine.
MoneyGram empoche au passage 30 millions de dollars d’indemnités liées à la résiliation du contrat. Et certains analystes prévoient que le spécialiste des transferts d’argent pourrait se vendre à Euronet, spécialiste américain des paiements électroniques, qui avait fait une proposition en mars 2017 de plus d’1 milliard de dollars pour racheter son compatriote.