Développé par une équipe d’experts au sein du Datalab de la Dinum (Direction interministérielle du numérique), Albert se veut le socle technologique de référence pour tous les établissements de la fonction publique désireux de développer, en co-construction avec leurs agents, des applications d’IAG libres et ouvertes.
« Albert » a été initié proactivement en juin 2023, avec pour ambition de créer une IA générative souveraine capable de répondre à tous besoins et cas d’usage d’IAG émanant de l’administration, confie à Solutions Numériques et Cybersécurité Ulrich Tan, chef du Datalab. Albert repose sur des briques « libres et ouvertes » et dans un souci d’indépendance, nous sommes susceptibles de les instancier sur des serveurs maîtrisés, voire des serveurs on premise, afin d’éviter les fuites d’informations et les atteintes à la confidentialité », poursuit-il. Après avoir ré-entrainé (« fine tuning ») une dizaine de modèles, le Datalab travaille actuellement sur des LLM ré-entrainés à partir de modèles libres de Mistral AI.
En janvier dernier, la Dinum a initié avec l’ANCT (Agence Nationale de la Cohésion des Territoires) l’expérimentation de la première application d’IAG basée sur la technologie Albert auprès d’une soixantaine d’agents répartis dans une trentaine de guichets du réseau France services. Ces guichets, au nombre de 2 700 sur le territoire, sont chargés d’accompagner les usagers dans leurs principales démarches administratives quotidiennes.
Albert France services, une solution emblématique des capacités des IAG
L’application « Albert France services » permet, via un moteur de réponse en langage naturel, de faciliter l’accès aux informations pour les conseillers France services en générant des réponses adaptées à la situation de l’usager. « Albert France services est l’exemple emblématique des possibilités offertes par les IAG, estime Ulrich Tan. L’agent pose une question à Albert en décrivant la situation de l’usager et reçoit la réponse ainsi que les sources sur lesquelles Albert s’est appuyé, des liens et des fiches pratiques issues de service-public.fr ».
S’il n’est pas satisfait de la réponse, le conseiller peut reformuler la question à Albert et engager une discussion avec lui mais c’est bien toujours l’agent qui a la responsabilité de la réponse apportée aux usagers. L’avantage principal est un gain de temps pour le conseiller qui n’a pas besoin d’aller « scroller » toutes les sources d’informations en ligne, dont certaines, affichées sur les moteurs de recherche grand public, ne sont pas toujours fiables ou pertinentes ou sont polluées par des liens sponsorisés. L’objectif est ainsi de libérer du temps aux agents afin qu’ils puissent se consacrer davantage à l’accompagnement des usagers.
Vers de nouvelles applications d’Albert
« Nous en sommes à la deuxième itération d’Albert France services mise en production, précise Ulrich Tan. A la différence de la première, l’interface est conversationnelle. Auparavant, si le conseiller voulait ajuster la question ou ajouter du contexte supplémentaire, il devait revenir en arrière et reformuler la demande. Dorénavant, il peut le faire en direct en conversant avec Albert ». Albert France Services fait partie des six initiatives déjà accompagnées par Alliance, l’incubateur IA animé par la Dinum, et a bénéficié d’un financement pour assurer son développement et sa phase de beta test. Il revient maintenant à l’ANCT de décider de la généralisation d’Albert France Services à l’ensemble des guichets France Services.
L’équipe du Datalab est actuellement en discussion avec quelque 70 administrations diverses, tant centrales que territoriales, dans le but de co-construire et de développer de nouvelles applications basées sur Albert. « Au cours de ces échanges, des typologies d’usages variées se dégagent telles que la synthèse de documents, l’analyse de documents ou l’assistance à la réponse à des questions RH en interne, déclare Ulrich Tan. Plusieurs cas d’usage devraient voir le jour dans l’année, confie-t-il. Parmi eux, un portail API permettant aux administrations de tester l’IA générative en général dans un cadre sécurisé, ainsi qu’un agent conversationnel généraliste spécialisé sur l’administration ».
Patricia Dreidemy