Activités stratégiques : l’Etat français investit dans les câbles sous-marins d’ASN

En s’offrant 80 % d’Alcatel Submarine Networks (ASN), l’ancienne division de câbles sous-marins d’Alcatel détenue depuis 2015 par le Finlandais Nokia, l’Etat français entérine sa politique de sécurisation d’actifs stratégiques à l’aune des élections législatives anticipées.

Annoncé jeudi par le ministère de l’Economie, le rachat d’une majorité de ce groupe, considéré comme un actif crucial pour la France et qui fabrique, pose et entretient les câbles sous-marins, “démontre la capacité de l’État à investir dans des sociétés françaises afin de soutenir et développer leurs activités stratégiques”, a indiqué le ministère dans un communiqué.
Selon une estimation du cabinet du ministre de l’Economie français, Bruno le Maire, l’Etat devrait débourser environ 100 millions d’euros pour acquérir cette entreprise parmi les leaders mondiaux du secteur et valorisée à 350 millions d’euros.

Les câbles sous-marins, stratégiques

C’est une activité stratégique essentielle pour la France puisqu’elle concerne l’approvisionnement en connexion internet avec l’étranger“, indique-t-on au ministère, “dans un contexte où l’on voit que les infrastructures de câbles sous-marins peuvent faire l’objet d’attaques“. Jugés critiques, les câbles sous-marins assurent en effet 99 % des
communications numériques mondiales et tout dommage leur étant causé peut donc
avoir d’importantes conséquences. “La société est l’un des leaders mondiaux sur le marché des câbles sous-marins et la seule entreprise de ce type en Europe“, a indiqué Bruno le Maire dans un communiqué envoyé par Nokia à la rédaction de Solutions Numériques et Cybersécurité

Négocié depuis près d’un an, l’accord prévoit à terme la possibilité pour l’Etat d’acquérir 100 % du capital de l’entreprise et que Nokia garde une part minoritaire dans une première phase pour faciliter la transition. Nokia parle, lui, de conserver “une participation de 20 % et une représentation au conseil d’administration jusqu’à la sortie ciblée afin d’assurer une transition en douceur.”

La transaction devrait être définitive d’ici la fin de l’année, si les conditions suspensives sont levées. “Nokia a présenté un certain nombre de repreneurs potentiels qui ne convenaient pas forcément”, souligne le cabinet de Bruno le Maire, ce qui a poussé le ministère français à se positionner.

ASN, qui a réalisé un chiffre d’affaires de plus d’un milliard d’euros en 2023, compte environ 2 000 salariés, dont les deux tiers en France. Son siège et son usine principale de l’entreprise sont en France et son patron, Alain Biston, est aussi français.
L’annonce de cette acquisition est faite trois jours avant le premier tour de législatives anticipées qui s’annoncent difficiles pour la majorité présidentielle.

 

Juliette Paoli avec AFP