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A peine 37 % des lycéennes envisagent de s’orienter vers une école d’informatique ou une école d’ingénieur

L’Epitech publie un observatoire sur la féminisation des métiers du numérique réalisé par Ipsos, qui montre comment se construisent les choix d’orientation des jeunes filles, aboutissant aujourd’hui à une sous-représentation des femmes dans les écoles d’informatique mais aussi dans le secteur du numérique tout entier.

Il ressort en effet de l’étude, réalisée auprès de 800 lycéens et 400 parents, que dès le lycée, les jeunes filles sont découragées à s’engager dans des cursus informatiques. Pour Emmanuel Carli, directeur général de l’Epitech, nous sommes face à un véritable problème de société qui commence par les stéréotypes des parents et des influenceurs divers au sein des lycées, dans les entreprises, les familles, parfois les médias, ce qui maintient des schémas ancestraux sur le caractère masculin de ces métiers. 

L’enquête révèle en premier lieu que des 94 % des lycéens estiment important, voire indispensable, d’avoir un très bon niveau dans les matières scientifiques pour être admis et réussir dans une école d’informatique. Or, même lorsqu’elles obtiennent plus de 14 sur 20 de moyenne dans ces matières, les jeunes filles sont bien moins nombreuses que les garçons à penser avoir le niveau pour suivre une formation en école d’informatique (43 % contre 78 %), et leurs parents partagent cet avis.

Au final, à peine 37 % des lycéennes envisagent de s’orienter vers une école d’informatique ou une école d’ingénieur alors que les garçons sont 66 %. Pourtant 56 % sont intéressées par l’informatique et le numérique. Mais seules 33 % (61 % des garçons) sont encouragées par leurs parents, principaux prescripteurs en matière d’orientation, à s’orienter vers les métiers du numérique. Et ce, bien que lycéens et parents reconnaissent en très grande majorité qu’il s’agit de métiers bien rémunérés et d’avenir, permettant d’agir sur les grands enjeux actuels.

Transformer tout l’environnement

« L’informatique est hyper immatérielle, on n’en perçoit pas toujours tous les usages dans notre société et les parents ne retiennent que les aspects négatifs comme les fake news, les problèmes de sécurité…, analyse Emmanuel Carli. L’étude met également en avant le fait que les étudiants et les étudiantes ont en général une mauvaise compréhension de ce qu’on fait dans les écoles d’informatique et des métiers auxquels elles mènent, d’autant qu’ils sont en évolution permanente ».

A la suite de l’enquête, l’Epitech a décidé de prendre contact avec les fédérations de parents d’élèves, de rencontrer les associations impliquées, les entreprises…., ainsi que les ministères concernés pour leur expliquer la nécessité de structurer et coordonner les actions.

« Il faut un cadre de travail, estime Emmanuel Carli. Cette étude met en avant la nécessité d’adresser plusieurs grands volets. Celui de l’empowerment, qui consiste à apprendre aux jeunes filles à avoir confiance en elles et à oser. Le deuxième volet est de leur expliquer qu’elles ont les mêmes opportunités de carrières et de salaires que les garçons car elle pensent avoir moins de valeur pour un recruteur ou une entreprise. Le troisième volet est d’assurer pour les jeunes filles et leur parents une meilleure compréhension des parcours dans les écoles et de lutter contre le côté trop sexiste. Nous sommes en train de rédiger un manifeste sur ce point et nous allons demander aux étudiants d’Epitech de s’engager sur ce texte qui promeut la mixité dans le numérique ».

C’est donc tout l’environnement qui demande à être transformé. « C’est un problème systémique, affirme Emmanuel Carli. Il ne faut pas croire qu’une personne toute seule dans son coin, réussira à changer les choses. C’est un changement global et il faut donc trouver les personnes qui en soient les chefs d’orchestre et qui soient en mesure de le structurer ».

 

Patricia Dreidemy