Philippe Latombe, un député du Modem, fait à nouveau parler de lui sur la question de la Souveraineté numérique. Il alerte officiellement, à l’occasion de la rentrée scolaire, le ministère de l’Éducation nationale sur les dangers d’offrir Office ou Microsoft 365 aux élèves et au personnel enseignant.
Après s’être attaqué cet été à la question des « Clouds souverains » made in US du type S3ns ou Bleu, Philippe Latombe reprend son bâton de pèlerin pour questionner cette fois-ci les conséquences liées au fait d’offrir Office 365 aux élèves et au personnel enseignant français.
Dans une question écrite publiée au Journal officiel le 30 août 2022, le député de Vendée, un membre du Modem, alerte le ministre de l’Éducation nationale et de la jeunesse, Pap N’diaye, sur les dangers, selon lui, de la gratuité d’Office 365 dans son secteur. En attendant sa réponse, Philippe Latombe pointe par exemple les risques d’atteinte à la concurrence, l’existence d’un « problème grave de souveraineté » et pour certains « enseignants qui y sont hostiles l’impression d’une administration vendue à Microsoft ».
Microsoft est très généreux avec le système éducatif
Le député s’inquiète du fait de laisser grandes ouvertes les portes des écoles aux produits Microsoft, surtout lorsqu’ils sont proposés gratuitement, ou presque, au détriment d’une plus grande valorisation des logiciels libres, français ou européens notamment. A l’instar de nombreux éditeurs de logiciels, américains notamment, Microsoft est très généreux avec le système éducatif de nombreux pays. En France, il l’annonce d’ailleurs sur son site que : « les élèves et les enseignants des établissements admissibles peuvent s’abonner gratuitement à Microsoft Office 365, qui intègre Word, Excel, PowerPoint, OneNote et maintenant Microsoft Teams, ainsi que de nombreux autres outils pour la classe ».
Faut-il laisser grandes ouvertes les portes des écoles aux produits Microsoft ?
Philippe Latombe rappelle aussi le contexte d’une possible dépendance de l’Éducation nationale à l’éditeur américain. Car selon lui, « cette offre gratuite s’apparente à une forme ultime de dumping et à de la concurrence déloyale ».
En mai 2022, l’association Anticor avait déposé une plainte auprès du Parquet national financier (PNF), suite à des soupçons de favoritisme dans l’attribution d’un marché public de l’Éducation nationale à l’entreprise américaine Microsoft.
Elle concerne notamment un appel d’offres de 8,3 millions d’euros lancé par le Ministère de l’Éducation nationale et de l’enseignement supérieur. Cet ancien marché public avait pour objet l’équipement de 800 000 postes avec des licences Microsoft sur ses différentes offres systèmes d’exploitation, bureautique, collaboratif, ERP, CRM, etc. Cela dit, les étudiants n’ont-ils pas intérêt à se former à cet outil bureautique sachant que les entreprises utilisent massivement la suite Office de Microsoft ?
Le secteur public français doit-il encore l’utiliser, même gratuitement ?
Mais le secteur public français doit-il encore l’utiliser, même gratuitement ? Dans une Note du Directeur Interministériel intitulée Doctrine “Cloud au Centre” et offre Office 365 de Microsoft et datée du 15 septembre 2021, l’Etat français exclut pour la première fois de manière explicite l’offre Cloud Office 365 proposée par Microsoft de sa Politique “Cloud au Centre”.
Philippe Latombe est un parlementaire reconnu pour son expertise et son engagement sur les enjeux de souveraineté numérique. Il a notamment écrit un rapport sur le sujet publié en 2021 intitulé « Bâtir et promouvoir une souveraineté numérique nationale et européenne ».