Impulsé par le ministère du Travail et l’Inria, le LaborIA a pour objectif de comprendre et d’expérimenter les systèmes d’IA et leur influence sur le travail, les compétences et la formation professionnelle, afin de faire évoluer les pratiques des entreprises et l’action publique
La création du LaborIA en novembre 2021 répond aux recommandations du groupe de travail du partenariat mondial sur l’intelligence artificielle, consacré à l’avenir du travail, et entre dans le cadre de la stratégie nationale pour l’IA. Le LaborIA vise ainsi à explorer le rapport des entreprises et des acteurs publics à l’intelligence artificielle et, dans un second temps, à déployer des expérimentations concrètes en situation de travail sur différentes thématiques : conditions de travail, recrutement, évolution des compétences…
Il a également pour vocation de créer un lieu de débat et d’échanges entre tous les acteurs de la société civile, partenaires sociaux et décideurs publics. D’une durée de cinq ans, il est financé par le ministère du Travail, de l’Emploi et de l’Insertion.
Opéré pour la thématique emploi/travail par l’institut des transitions écologiques, technologiques et sociales Matrice, il va lancer en septembre son premier grand projet, prévu pour deux ans. Celui-ci a pour but de comprendre et catégoriser les impacts des systèmes d’IA sur le travail et de concevoir un ou plusieurs outils d’analyse. Il comporte trois grands volets : la mise en place d’un baromètre de l’IA au travail via une enquête auprès de 250 organisations, des évaluations sur le terrain et des séminaires.
Trouver des cas d’usages intéressants
« Les entreprises participant à l’enquête seront sélectionnées sur la base de leur activité en IA, précise Jean Condé, directeur stratégique et scientifique chez Matrice. Elles ne sont pas nombreuses et il n’existe pas de base de données les répertoriant. Nous agissons donc à l’opportunité. L’objectif final est de rendre robuste une matrice d’analyse sur les impacts de l’IA sur le travail, qui répertorie déjà un certain nombre de zones d’impact de l’IA comme la reconnaissance, le contrôle, la sécurité et le sens donné au travail. La matrice, élaborée par le sociologue Yann Ferguson, sera d’autant plus robuste que les terrains d’expérimentation seront différents et hétérogènes ».
Matrice est en train de finaliser le questionnaire de l’enquête qui va démarrer à la rentrée. « Nous travaillons avec un institut de sondage , confie Jean Condé. Des entretiens téléphoniques d’une quinzaine de minutes seront menés avec environ 250 décideurs de différents services dans les organisations qui ont un projet en cours ou finalisé : les directions d’innovation, DSI, DRH… ». L’enquête ne s’arrêtera pas là. « Nous continuerons ensuite avec une dizaine de décideurs dans le cadre d’une étude « longitudinale » en trois temps, dont l’idée est d’interroger les organisations à différents stades du déploiement de leur projet d’IA », déclare-t-il.
Les évaluations terrain, qui vont courir sur l’ensemble de l’année 2023, devraient commencer dans les même temps. « Il nous faut trouver des décideurs qui acceptent que l’on vienne faire des observations dans leur entreprise sur les postes de travail, ainsi que des cas d’usages intéressants par rapport à la problématique de l’influence de l’IA sur le travail et à la manière dont elle peut « percuter » les travailleurs », explique Jean Condé.
Quant aux séminaires, le premier s’est tenu en juin et le prochain est prévu pour l’automne. « Ils sont destinés aux entreprises qui envisagent d’introduire des systèmes d’IA et anticipent leur impact sur le travail et sur les relations sociales, déclare Jean Condé. Nous les aidons à comprendre comment fonctionne l’IA, ses potentiels et ses limites, afin de déterminer, notre matrice à l’appui, à quel niveau du management de l’organisation, de la culture et du travailleur lui-même, l’IA va venir empiéter, chevaucher et impacter le travail ».
Pour participer au programme : https://matrice.typeform.com/Laboria
Patricia Dreidemy