(AFP) – L’autorité britannique de réglementation nucléaire (ONR) a mis en lumière des “lacunes” en matière de sécurité chez EDF, opérateur du parc nucléaire d’outre-Manche, notamment sur les questions de cybersécurité, a appris l’AFP lundi auprès du régulateur et de l’entreprise.
Le régulateur place ainsi sous “vigilance renforcée” l’opérateur, chez qui il a “identifié des lacunes” sur des questions de “gouvernance, de risques et conformité, et de certains contrôles techniques à la suite d’une série d’inspections ciblées“, selon une déclaration transmise à l’AFP, confirmant une information du Sunday Telegraph. La “vigilance renforcée” est le deuxième niveau sur une échelle de trois, entre le degré de “routine” et l’attention “significativement renforcée”.
Des risques accrus en raison de la mise à niveau de systèmes informatiques complexes
L’ONR a identifié “un potentiel accru de risques en raison de la mise à niveau de systèmes informatiques complexes et de changements dans l’organisation de notre service de sécurité interne“, a précisé un porte-parole d’EDF dans une déclaration à l’AFP. “Le régulateur n’a identifié aucun autre problème préoccupant, il a simplement choisi de soumettre ces sujets à un examen plus approfondi au cours de l’année à venir”, a ajouté l’entreprise, assurant que ce développement ne remet pas en cause la sûreté nucléaire de ses réacteurs britanniques.
Une sécurité qui utilise la défense en profondeur
L’ONR précise de son côté ne pas pouvoir entrer dans le détail des questions de sécurité car “ces informations pourraient être exploitées par des adversaires potentiels” du Royaume-Uni. “Mais il est important de souligner que la sécurité sur les sites nucléaires est conçue en utilisant la défense en profondeur (un système composé de barrières successives indépendantes, ndlr), de sorte que les lacunes individuelles dans des domaines spécifiques n’ont aucun effet sur la sécurité globale”, a ajouté le régulateur.
EDF présentera des plans détaillés pour répondre à ces préoccupations, qui
seront examinés et évalués par le régulateur.
La Grande-Bretagne compte actuellement 15 réacteurs sur huit sites, mais beaucoup sont en fin de vie et Hinkley Point, projet de nouvelle centrale porté par EDF et le chinois CGN, a vu ses coûts s’envoler et n’ouvrira pas avant 2027. Le gouvernement britannique s’est par ailleurs fixé jusqu’au 20 juillet pour trancher sur le lancement du projet de construction d’une autre centrale, Sizewell C, pour laquelle EDF est aussi son principal partenaire. Londres a fait du développement du nucléaire l’une de ses priorités de sa stratégie énergétique pour atteindre son objectif de neutralité carbone en 2050.