Il aura cependant fallu attendre jusqu’à cette année pour voir apparaître de véritables infrastructures mêlant matériels et logiciels sur lesquels les clients n’ont plus qu’à déployer leurs progiciels. Certains hébergeurs se sont en effet positionnés très tôt sur les marchés émergents de l’IaaS et du PaaS, de façon à prendre une longueur d’avance sur leurs concurrents en utilisant leur expérience d’infogéreur. C’est notamment le cas d’Agarik, filiale de Bull. “En 2010, nous possédions déjà une plate-forme PaaS. Nous y avons ajouté une infrastructure IaaS disponible à la fois pour du Cloud privé ou public”, explique Céline Bousquet, directrice technique d’Agarik. Objectif : proposer un socle technologique prêt à l’emploi. “Notre système repose sur les technologies de virtualisation KVM de Red Hat ou de Microsoft, des systèmes d’exploitation libres comme Ubuntu, accompagné de sa couche LAMP (Linux, Apache, la base MySQL et PHP pour le développement – NDLR) ou Windows. Nous fournissons même à nos clients la possibilité d’installer différents VLAN, des sous-réseaux virtuels, dont chacun peut être affecté à l’un des départements d’une société. Le client n’aura plus qu’à placer son progiciel par-dessus. Nous préparons d’ailleurs pour cela une API qui évitera de passer par notre interface d’administration”. Le tableau est presque similaire chez eNovance qui construit ses Clouds Privés à la demande. Présent sur le marché depuis 3 ans, ce nouvel acteur qui, grâce à son expertise technique, veut combler le manque de dialogue entre les développeurs et l’hébergeur. “Nous apportons notre expertise sur des architectures à hautes performances, explique Raphaël Ferreira, président d’eNovance. C’est là notre spécificité, plus que simple fournisseur de puissance machine à la demande. Nous concevons ainsi la plate-forme technique la plus adaptée au besoin d’un prospect, qu’elle soit matérielle ou logicielle. Nous estimons au plus juste le nombre de serveurs nécessaires et recommandons la base de données correspondant le mieux à l’application”. Spécialiste de l’Open Source, eNovance connaît par exemple sur le bout des doigts les différents moteurs de MySQL. “Nous préconiserons ainsi Toku-DB ou Percona, selon les nécessités. Même chose pour les serveurs web. Nous étudierons les temps de réaction de la base, les temps de chargement des pages, la dynamique générale du site…” eNovance est même allé jusqu’à installer une “Appstore”, une bibliothèque de progiciels prêts à l’emploi, conçus pour être démarrés en quelques clics. “Le client y trouve des applications comme Magento ou Drupal ainsi qu’un outil graphique pour les déployer. Nous nous sommes livrés à un gros travail de préconfiguration. Enfin, nous n’imposons pas l’infrastructure matérielle. Le site peut être placé sur nos serveurs, mais également sur un Cloud public comme celui d’Amazon. Nous n’imposons rien”. Même démarche chez Planet- Work où infogérance prime sur fourniture de puissance. “L’application métier reste du domaine du client, continue Arnaud Gautier, son directeur Général, nous prenons en charge la configuration des machines, mais aussi celle de leurs logiciels. C’est notamment le cas des traditionnels serveurs Apache, Tomcat ou MySQL, mais aussi des programmes métiers. Nous vérifions soigneusement les programmes afin de contrôler leur bonne adéquation avec le matériel. Nous fournissons ainsi, et cela nous différencie de la plupart de nos concurrents, des conseils sur le paramétrage de certains progiciels. Magento, une application de commerce électronique nécessite plusieurs manipulations très pointues pour s’adapter au serveur physique. Nous nous en occupons et évitons de surdimensionner le nombre de machines attribuées à un client”. Chez Oxalide, l’infogérance reste le point fort, même si cette société, spécialiste du langage PHP s’est dotée d’une infrastructure de Cloud privé. “Le conseil demeure notre spécificité, ajoute le directeur commercial Sébastien Lucas. Aujourd’hui, le développement web s’industrialise. Nos clients se concentrent de plus en plus sur la production du code source de l’application. Nous assurons notamment les migrations d’une structure applicative interne vers notre plate-forme. “C’est un processus très complexe qui passe par des études préalables et plusieurs simulations. Un site ne doit jamais cesser de tourner. Ces phases d’enquêtes nous permettent de dimensionner le matériel en fonction de la charge qu’aura à subir le logiciel. Plus globalement, nous sommes également capables de guider les entreprises si elles choisissent d’opérer en mode Saas ou optent pour de la puissance serveur brute comme en proposent Amazon et Google”. Face à cette avalanche d’offres mutualisées, les traditionnels serveurs dédiés résistent. “Nous ne négligeons pas notre pool de serveurs traditionnels, continue Christophe Doveil. Il y a des clients qui résistent ! D’autant que le Cloud privé ou public ne permet pas la fourniture de grande puissance de calcul comme en nécessitent les applications transactionnelles qui reposent sur des bases de données”. Une opinion partagée par Éric Sansonny d’Amen : “La virtualisation, même bien faite n’adresse pas les gros SGBD de façon optimale. Elle réduit trop le nombre de requêtes concomitantes. Mieux vaut passer par des machines dédiées”.
Quand l'infogérance reprend ses droits
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