Après avoir conquis en partie le grand public, les produits numériques reconditionnés sont en train de gagner le marché des professionnels. Si le marché est encore émergeant, avec l’entrée en application de la loi AGEC (loi anti-gaspillage pour une économie circulaire), son développement devrait s’accélérer.
C’est ce que révèle le baromètre que viennent de publier le SIRRMIET (Syndicat Interprofessionnel du Reconditionnement et de la Régénération des Matériels Informatiques, Electroniques et Télécom), l’INR (Institut du Numérique Responsable) et KEEEP, une plateforme de produits numériques reconditionnés pour les pros.
36 % des organisations professionnelles qui n’achètent pas de produits numériques reconditionnés annoncent qu’ils vont passer à l’acte dans les 12 prochains mois. Pour les entreprises privées, l’intention monte à 44 %.
49 % des professionnels qui achètent déjà des produits numériques reconditionnés y consacrent déjà plus de 10 % de leur budget d’achats IT. Le réemploi commence donc à s’imposer auprès des entreprises qui l’ont déjà testé.
Le secteur public plus lent
54 % des professionnels estiment que leur budget alloué aux produits numériques reconditionnés dépassera 10 % dans les 2 ans à venir. En revanche, moins de 30 % des acteurs publics prévoient de consacrer une partie de leur budget au réemploi dans les 2 ans à venir. Un retard net du secteur public versus les entreprises alors que depuis le 1er janvier 2021, ces acteurs publics ont l’obligation de consacrer au moins 20% de leur budget à des achats de produits de seconde main (Loi AGEC).
3 principaux freins à l’achat apparaissent clairement pour 6 professionnels sur 10 : l’absence de fournisseurs spécifiquement dédiés aux entreprises, l’offre trop restreinte et une perception de la fiabilité inférieure à celle des produits neufs.
Pour près de 9 répondants sur 10, favoriser l’économie circulaire “made in France” et développer la politique RSE sont les 2 principales motivations d’achat de produits reconditionnés, devant les raisons budgétaires. Ces motivations d’achat sont très prononcées chez les entreprises privées qui se démarquent également des acteurs publics par l’importance qu’elles accordent à la perception de leur image auprès des clients et de leurs collaborateurs.
Une enveloppe de 15 millions d’euros d’aides publiques
Annoncée le 14 mars par le gouvernement, une enveloppe de 15 millions d’euros d’aides publiques sera dédiée à la structuration de la filière du reconditionnement et du réemploi des produits numériques. Deux volets ont été retenus : d’une part l’accompagnement de la filière dans la création d’un label pour développer le marché du réemploi et de l’occasion, d’autre part, une aide directe sous forme d’un montant versé pour chaque équipement (téléphone ou tablette) reconditionné.
« Le matériel informatique représente un marché colossal dans une société et une économie aujourd’hui massivement digitalisées. Évidemment, sur le marché tech, il est illusoire d’espérer pouvoir se passer du neuf, qui mène les avancées technologiques et permet d’approvisionner le marché de la seconde main. En revanche, il est évident qu’avec des modes de consommation davantage tournés vers la réparation et le recours à des produits reconditionnés, en opposition à la surconsommation, nous combattons efficacement le gaspillage et la surproduction. Le reconditionné Made in France par des professionnels certifiés est un atout majeur. Les acteurs de la filière doivent se montrer à la hauteur des attentes des entreprises, en portant notamment leur attention sur la relation commerciale et le SAV, mais aussi sur la largeur et la profondeur de l’offre des produits et services proposés », explique Jean-Christophe CHAUSSAT, président de l’INR.