Déjà en forte hausse depuis plusieurs années, le free lancing a le vent en poupe depuis la crise du Covid. Mais que recouvre ce terme et qui sont ces free lances auxquels nombre d’entreprises ont de plus en plus recours en une période où la pénurie de talents est plus que tangible ? Pour le savoir, la société Freelance.com a réalisé la première étude macro-économique sur le free lancing en France dans les métiers de prestations intellectuelles aux entreprises.
« La plupart des études existantes sont des études par sondage effectuées par des sociétés qui se sont lancées sur le marché du free lancing, note Claude Tempé, vice-président de Freelance.com. Elles contactent leurs free lances et leur posent des questions pour comprendre qui ils sont, ce qui ne traduit pas forcément la réalité du marché. Notre étude est basée sur des données beaucoup plus larges et plus vastes issues de l’URSSAF et de l’INSEE ».
Elle a été réalisée par Datastorm sous la direction scientifique de Stéphane Auray, docteur en économie. « La population étudiée ne rentrait pas dans les grandes cases de l’INSEE, au niveau de ses différentes familles de métiers, précise ce dernier. Un travail fouillé à partir des données désagrégées de l’URSSAF a permis une recomposition pour identifier et ne qualifier que les métiers strictement liés à la prestation de services intellectuels aux entreprises ».
Par ailleurs, beaucoup de ces travailleurs indépendants échappaient au radar de la statistique. Nombre de créateurs et gérants de SARL ou de SAS ne sont en effet pas comptabilisés comme travailleurs non salariés par l’INSEE ou l’URSSAF.
Les free lances de la tech plus jeunes que la moyenne
L’étude confirme l’existence d’un million de free lances en France tout en révélant une réalité statistique de la répartition par métier, âge, sexe et région significativement différente des études réalisées jusqu’ici, mal renseignées d’un point de vue macro-économique. « Une idée reçue, abimée par notre étude, est que les indépendants oeuvrent essentiellement dans l’IT et la tech, souligne Claude Tempé. Or le premier secteur des free lances concerne la finance, la gestion et les achats. Une autre idée reçue est que les free lances sont très jeunes. Alors que beaucoup d’indépendants ont plutôt 45 ans et plus parce que l’expertise s’acquiert avec le temps. C’est une fois qu’on a un certain vécu au sein d’entreprises qu’on s’établit en tant que free lances ». Selon l’étude, le taux de travailleurs indépendants par âge est de 12 % chez les 25-44 ans, et pour les plus de 45 ans, de 19 %. « En France, la dérèglementation a également été un élément clé de cette expansion du free lancing au cours des quinze dernières années », souligne Stéphane Auray.
Claude Tempé apporte des précisions sur les free lances dans l’IT et la tech. « Les indépendants dans ce secteur sont tout de même un peu plus jeunes que la moyenne globale, puisqu’une des spécificités du numérique est de toujours apporter des solutions innovantes. Ce sont également davantage des hommes que des femmes ». Selon lui, il serait opportun que les politiques distinguent les free lances en prestations intellectuelles des autres indépendants de type chauffeurs, livreurs, agriculteurs ou encore artisans, les mesures à prendre à leur égard étant totalement différentes.
Patricia Dreidemy