(AFP) – La société israélienne NSO, qui a développé le logiciel d’espionnage Pegasus, a annoncé dimanche attaquer en justice pour “diffamation” le journal Calcalist, selon lequel la police a utilisé sans mandat cet outil informatique controversé contre des personnalités de l’Etat hébreu.
“Cette action en justice est uniquement destinée à révéler publiquement la vérité sur cette prétendue enquête” du Calcalist, a affirmé NSO dans un communiqué.
Le quotidien économique avait affirmé début février que la police avait pris le contrôle à distance de smartphones de dizaines de citoyens israéliens via Pegasus, déclenchant l’indignation en Israël. Le gouvernement a promis des réponses et le président Isaac Herzog déclaré que l’inconduite présumée de la police mettait en danger les fondements démocratiques du pays.
Une enquête de la police a conclu que le téléphone d’une personne avait été piraté via Pegasus, affirmant cependant que les forces de l’ordre avaient agi sur ordre de la justice.
D’après Calcalist, le logiciel de NSO a notamment été utilisé par la police contre Avner Netanyahu, un des fils de l’ancien Premier ministre Benjamin Netanyahu, des conseillers médiatiques de ce dernier, des journalistes de premier plan ainsi que des maires. “Aucune indication ne prouve que la police israélienne a utilisé le système Pegasus pour pirater, sans ordre du tribunal, le téléphone portable d’une des personnes de la liste publiée dans la presse“, a affirmé lundi la procureure générale adjointe Amit Merari. “Les conclusions de l’enquête contredisent les éléments publiés par le journal le 10 février“, soutient également NSO, qui est basée près de Tel-Aviv. Calcalist a de son côté déclaré dimanche à l’AFP qu’il “répondrait devant le tribunal“.
NSO est sous le feu des projecteurs depuis qu’un consortium de médias a révélé l’été dernier que les numéros de téléphone d’au moins 180 journalistes, 600 hommes et femmes politiques, 85 militants des droits humains ou encore 65 chefs d’entreprises avaient été espionnés via Pegasus. Cet outil informatique, considéré comme une “arme” par la défense
israélienne qui doit donner le feu vert à son exportation, permet d’activer à distance les caméras et les micros d’un smartphone. Il est vendu à des gouvernements, en théorie à des fins de lutte antiterroriste ou contre des criminels.