À l'époque des NTIC, que Georges Épinette considère comme révolue puisqu'il qualifie la période actuelle de 'numérique', “on a beaucoup parlé du DSI comme d'un acteur de la transformation de l'entreprise à travers l'innovation et dans une moindre mesure de l'intelligence économique. On pensait alors que l'innovation tirerait l'Europe du marasme économique face à la mondialisation. Aujourd'hui, on parle plus de numérique que de NTIC. Et le terme utilisé n'est pas neutre, car le numérique déborde des frontières de l'entreprise et adresse aussi bien le citoyen que le consommateur, le salarié ou l'actionnaire. De ce fait, le DSI peut être complètement court-circuité, car la direction métier ne voit pas obligatoirement pourquoi elle irait voir son collègue de l'informatique pour le mettre dans la boucle. L'idéal pour l'entreprise serait que le DSI devienne un directeur des ressources numériques, car court-circuiter le DSI, ce n'est pas forcément grave, mais ignorer le SI, c'est un peu plus gênant, parce qu'à un moment vont se poser des questions d'interopérabilité et de cohérence. Le DSI a forcément un rôle à jouer dans ce concert. Mais les instances de régulation du numérique ne peuvent pas être des instances solitaires : il faut mettre en place un conseil stratégique du numérique (ce qu'a fait le groupement des Mousquetaires NdlR),qui soit en mesure de mener des actions d'urbanisation, de cohérence et autres”. Un mémoire réalisé par Florence Dietsch, consultante en système d'information et organisation, envisageait cinq scénarios possibles pour la fonction SI dans l'entreprise d'ici 2015. Elle décrivait ainsi : > Une fonction SI sans DSI. “Cette hypothèse a peu de chances de voir le jour, car même dans le cloud et le SaaS se posent un certain nombre de problèmes qu'il faudra bien régler”, estime Georges Épinette ; >Une fonction SI qui serait au coeur de l'usage de l'information, dans les métiers de la presse, de l'éditique par exemple ; >Une fonction SI au coeur de la gouvernance de l'entreprise, opérationnelle mais aussi institutionnelle. “De plus en plus, on est amené à aligner la stratégie du numérique sur les valeurs de l'entreprise. Le numérique a un rôle social”, commente notre interlocuteur ; >La fonction SI au coeur de la stratégie métier : dans les grands groupes, on pourra par exemple trouver des DSI de branches et un DSI corporate, les premiers étant plus axés sur un métier particulier ; >La fonction SI au coeur de la stratégie de l'entreprise. C'est typiquement le cas dans les banques, les assurances ou encore la recherche pharmaceutique. “Dans ce cas, l'évolution de l'entreprise ne s'envisage pas sans avoir en tête le positionnement du numérique et des SI”, précise Georges Épinette avant de conclure : “Au groupement des Mousquetaires, nous nous classerions plutôt dans la troisième catégorie, avec des SI au coeur de la gouvernance de l'entreprise, plutôt axée sur les valeurs de la gouvernance institutionnelle”.
Vers un «directeur des ressources numériques» ?
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