par Lise Ezvan, Directrice Commerciale chez QAD Europe
L’industrie automobile est malmenée depuis des années et la pénurie de matériaux ne fait qu’exacerber la situation. Les semi-conducteurs par exemple, essentiels à la fabrication de véhicules et normalement conçus en quantité suffisante, sont devenus la denrée rare du moment ! Le monde entier fait face à un manque, et les fabricants cherchent des solutions en local. Retards dans les livraisons, déclin de la production, l’industrie automobile se retrouve désormais au ralenti à cause de cette insuffisance globale. Au niveau mondial, 7,7 millions de véhicules dans le monde en 2021 ne seraient pas produits, ce qui représente un manque à gagner de 180 milliards d’euros selon le cabinet AlixPartners. En France, selon des chiffres bruts du Comité des constructeurs français d’automobiles (CCFA), le marché automobile est en difficulté avec une baisse de 30,7 % sur un an en octobre 2021. Le retour à la normale n’est pas prévu à court terme et un équilibre ne sera pas retrouvé avant juillet 2022 au minimum d’après Thierry Breton, commissaire européen au Marché intérieur. Les répercussions sont nombreuses et le seront encore pendant plusieurs mois, alors comment dans ce contexte peut-on revenir à une activité industrielle normale au sein du secteur automobile ?
Le premier constat face à cette pénurie est le chamboulement des supply chain mondiales. Le manque de visibilité empêche les fabricants automobiles d’avoir la réactivité pour prendre les décisions nécessaires dans le contexte actuel. Pour s’en sortir, les fabricants automobiles doivent améliorer et simplifier la gestion de leurs supply chains. La transformation numérique représentait déjà un enjeu important, mais depuis 2020, un nouveau palier a été atteint dans le phénomène de numérisation de l’industrie. Les entreprises n’ont désormais plus le choix que d’adopter le digital. S’il n’y a pas d’investissement fait dans le numérique, il n’y aura pas d’avancées. Dans le secteur automobile, on utilise la numérisation pour gérer les livraisons sans contact, la maintenance à distance des usines, le suivi des expéditions ainsi que l’automatisation robotisée des tâches quotidiennes.
Les critères essentiels pour éviter les prochaines carences
Le premier élément primordial pour prévenir des problèmes d’insuffisance repose dans la maîtrise de sa supply chain. Cette partie logistique a longtemps été la dernière roue du carrosse chez les industriels mais cette fonction doit devenir le poumon de l’entreprise. En effet, ce contrôle de la supply chain permet de maîtriser les stocks, la production ainsi que la partie financière qui y est reliée. La pandémie souligne combien il est urgent et nécessaire de recentrer l’entreprise autour de la supply chain. Un grand groupe automobile français prévoit une perte de 500 000 véhicules en 2021 à cause de cette pénurie de composants. Faute de ne pas pouvoir en construire de neufs, cet acteur français a dû revoir sa stratégie, en industrialisant le reconditionnement de ses véhicules d’occasion.
Pour mettre en place un rouage fonctionnel, il est indispensable de mettre à profit les nouvelles technologies. Les grandes perturbations mondiales obligent les entreprises à repenser leur mode de fonctionnement et à encourager encore plus l’innovation et l’automatisation. Un outil pensé le plus souvent sur le plan technologique mais qui est en passe de devenir un outil central pour pouvoir gouverner et développer au mieux son entreprise est l’ERP. Un ERP cloud dans une entreprise centrée sur la supply chain, fournit une visibilité complète sur la chaîne logistique globale en intégrant et en automatisant des processus de gestion de la qualité et des livraisons avec les clients et les fournisseurs. Il est aussi important d’utiliser le cloud lorsque les usines sont présentes dans plusieurs pays à travers le monde avec des horaires différents permettant la récupération de données et plus simplement afin de les analyser et ainsi accélérer la prise de décisions. Essayer de planifier une production ou une visibilité sur une supply chain avec seulement un tableur Excel, n’est pas réaliste.
Les outils ERP permettent d’éviter les failles qui impactent le bon fonctionnement d’une entreprise et va permettre à l’industrie automobile de survivre face à n’importe quel bouleversement. Ensuite, côté fournisseur, la numérisation est une nouvelle fois abordée car les outils ERP permettent ici de gérer les commandes, les factures et donnent de la visibilité dans le suivi des fournisseurs. Cet écosystème permet de renforcer les liens avec les fournisseurs afin de gérer et d’anticiper les crises potentielles. L’insuffisance des informations prévisionnelles qui permettent la planification peuvent être contrées grâce à l’apport de technologie nécessaire. Les entreprises qui ne tirent pas parti des outils tels que les ERP cloud font face à ces insuffisances qui se traduisent en manques quantifiables. Le délai d’exécution doit être vu comme un processus essentiel de la supply chain pour éviter la prochaine perturbation et de ce fait, obtenir les informations de planification à long terme essentielles à la survie de l’industrie automobile.
En résumé, l’industrie automobile évolue et les crises imprévues l’obligent à développer des processus de supply chain fiables qui s’intègrent de façon transparente dans leurs systèmes métier. L’industrie dans son ensemble et les fabricants automobiles en particulier doivent prendre des mesures pour améliorer systématiquement les performances de la supply chain et assurer leur rentabilité. La pénurie de composants électroniques n’est pas la seule carence possible dans le secteur automobile : et si l’approvisionnement en métaux, éléments nécessaires dans la fabrication de ces composants, venait à faiblir également ? Il y aura toujours une épée de Damoclès au-dessus des industriels et fabricants de l’automobile. En faisant le pari d’investir dans une transformation numérique et un ERP approprié, le secteur pourrait planifier et anticiper comme il le devrait.