Pat Gelsinger, le nouveau PDG d‘Intel, a déclaré le 17 février 2022 que sa société dispose d’un fort potentiel de croissance, également dans les semi-conducteurs et les GPU désormais. Un avis que ne partagent pas forcément tous ses actionnaires réunis lors de sa Journée des investisseurs. Pour preuve, son action a reculé d’au moins 5% vendredi dernier.
Le PDG d’Intel, Pat Gelsinger, a présenté le 17 février 2022 son plan de relance pour consolider d’ici 2025 sa place de premier fabricant mondial de puces et de semi-conducteurs.
Le fondeur californien prévoit d’ailleurs d’atteindre une croissance annuelle de 10 à 12 % de son chiffre d’affaires d’ici 2025-2026. Une promesse difficile à croire car le fabricant de puces n’a enregistré une progression de son chiffre d’affaires de seulement 2 % en 2021, 8 % en 2020 et 2 % en 2019.
Intel dépensera beaucoup d’argent pour moderniser son système de fabrication de puces
Pat Gelsinger reconnaît cependant qu’Intel dépensera beaucoup d’argent dans les prochaines années afin de moderniser son système de fabrication de puces. Ses dépenses dans ce domaine pourraient atteindre environ 35 % du chiffre d’affaires annuel d’Intel dès 2022, avant de retomber à environ 25 % en 2025.
Le fondeur reconnaît aussi que ses dépenses auront un impact négatif sur sa trésorerie dès 2022, de l’ordre de 1 à 2 milliards de dollars, et qu’elles induiront un net recul de ses marges brutes annuelles, compris entre 51-53 % avant 2024. Pire, Intel s’attend à ce que son chiffre d’affaires ne progresse que de 1,7 % en 2022, avant d’atteindre un taux de croissance à seulement un chiffre en 2023 et 2024.
Et ainsi mieux concurrencer AMD et Nvidia notamment
Pat Gelsinger justifie ses investissements massifs pour rattraper son retard relatif sur les niveaux de gravure atteints commercialement par AMD et Samsung, qui ne dépassent pas les 7 nanomètres, contre 10 actuellement pour Intel. Ce dernier se focalise donc sur la création de lignes de production pour fabriquer de nouveaux processeurs à 5 nœuds gravés à seulement 7 nanomètres, voire moins.
Autre bonne nouvelle, Intel prévoit de livrer en 2022 jusqu’à quatre millions de GPU (Graphics Processing Unit) embarqués dans des ordinateurs portables. Un nouveau marché très porteur, celui des cartes graphiques haut de gamme, dont le géant américain des puces était quasiment absent et qui est dominé par Nvidia, et AMD dans une moindre mesure.
Intel estime que son nouveau plan d’investissement sur quatre ans l’aidera à rivaliser avec AMD et Nvidia, ses principaux rivaux sans usine, ainsi qu’avec des fabricants asiatiques comme le taïwanais TSMC. D’autant qu’avec le récent rachat du fondeur israélien Tower, Intel s’implante dans la fonderie de semi-conducteurs, un secteur très porteur actuellement, avec la création en mars 2021 d’Intel Foundry Services (IFS).
Mais plusieurs facteurs inquiètent les investisseurs
Toutefois, plusieurs facteurs inquiètent les investisseurs, dont la capacité réelle d’exécution d’Intel alors que les ventes de PC pourraient s’essouffler dès 2022, après que le marché ait atteint des plus hauts historiques depuis 2020. D’autant qu’Intel annonce qu’il retarde d’un an la commercialisation de Granite Rapids. Son nouveau processeur Xeon ,qui doit lui assurer un leadership important, ne sera pas disponible avant 2024. En outre, le fondeur a revu à la baisse ses prévisions de vente pour les centres de données, un marché très porteur et hautement stratégique pour les acteurs du secteur.
Au final, si Pat Gelsinger semble sûr de la capacité d’Intel à renouer avec une très forte capacité d’innovation et des marges élevées, certains de ses actionnaires le sont moins. L’action du fondeur a reculé vendredi soir de 5,3 % à 45,04 dollars.