La Conférence des directeurs des écoles françaises d’ingénieurs (CDEFI) interpelle les candidats à l’élection présidentielle sur la nécessité de former plus d’ingénieurs, et de mettre la science et la technologie au cœur des projets de politiques publiques d’enseignement.
La Conférence des directeurs des écoles françaises d’ingénieurs (CDEFI) émet 10 propositions aux candidats à l’élection présidentielle 2022. Cette association des directrices et directeurs d’établissements, publics et privés, accrédités par la Commission des titres d’ingénieur (CTI) a trois objectifs principaux :
– augmenter le nombre d’aspirants ingénieurs ;
– donner aux écoles les moyens de former leurs élèves dans de bonnes conditions et lever des barrières administratives ;
– renforcer la contribution des écoles à l’écosystème national de recherche et d’innovation.
Améliorer la mixité de genre et sociale dans les écoles d’ingénieur
La France ne forme pas assez d’ingénieurs : le déficit d’ingénieurs diplômés en France est estimé chaque année à plus de 5 000. Pour inciter plus de jeunes à choisir la voie de l’ingénierie et des sciences, elle recommande quatre actions :
– renforcer le niveau scientifique et mathématique des élèves français, la France étant actuellement dans la 2e partie des classements internationaux dans le primaire comme le secondaire ;
– encourager les jeunes filles à envisager des carrières d’ingénieures – elles représentent à l’heure actuelle 28% des candidats aux concours d’accès et des élèves-ingénieurs – en définissant des objectifs et des indicateurs de la mixité des formations et des métiers, en amplifiant les politiques créant un environnement favorable à la mixité.
– favoriser l’égalité des chances et la diversité des recrutements dans les écoles d’ingénieur : sans recourir aux quotas, sont préconisés le mentorat et la sensibilisation à l’école primaire et secondaire, une meilleure prise en compte des soft skills aux oraux d’entrée, la création d’un observatoire et d’indicateurs de la diversité des établissements, l’accroissement des bourses.
– porter la part des apprentis de 16% aujourd’hui à 25%, en faisant financer par France compétences son coût complet réel, soit 11000 euros minimum par apprenti et par an en école d’ingénieur.
Former les ingénieurs dans de meilleures conditions
La CDEFI souhaite un meilleur financement des écoles et une levée des « verrous administratifs. » pour former davantage d’ingénieurs dans de meilleures conditions. Ainsi, elle préconise d’accroître la dotation et les effectifs des personnels des écoles d’ingénieurs publiques, de faciliter les partenariats avec les entreprises et le mécénat.
Elle recommande de porter la dotation publique aux Etablissements d’enseignement supérieur privés d’intérêt général (EESPIG) à 1 500 euros par étudiant et par an, contre 600 euros en 2020.
Les propositions comportent un volet de lutte contre les inégalités et la précarité étudiante ainsi que pour l’amélioration de la qualité de vie étudiante :
– tripler le nombre de logements étudiants ;
– créer une aide à la mobilité internationale ;
– renforcer les moyens du Crous ;
– accroître le nombre de prêts garantis par l’Etat ;
– développer des postes d’accompagnants des étudiants en situation de handicap.
Des écoles actrices de la recherche et de l’innovation, avec les entreprises
Pour la CDEFI, les écoles d’ingénieurs doivent devenir des acteurs à part entière de l’écosystème français de recherche, encore très concentré dans les établissements publics type CNRS et dans les universités. Elle propose de valoriser davantage le doctorat auprès des élèves-ingénieurs par une meilleure communication et une augmentation du nombre de bourses de thèse et de thèses réalisées en partie en entreprise (CIFRE).
La dernière proposition vise à renforcer les liens entre entreprises, universités et écoles d’ingénieurs :
– augmenter la dotation au dispositif Carnot de soutien à la recherche entre entreprises et établissements ;
– augmenter le crédit d’impôt recherche, en particulier pour les PME et ETI.
– créer une « contribution partenariale scientifique » sur le même principe que la taxe d’apprentissage.
Enfin, la CDEFI appelle par ailleurs de ses vœux à ce que les politiques publiques nécessaires à la mise en œuvre de ces propositions soient déterminées en début de quinquennat dans une loi de programmation pluriannuelle de l’enseignement supérieur.
Christine Calais