(AFP) – La France, l’Allemagne et d’autres acteurs européens vont contribuer avec des fonds publics au financement des entreprises tech en pleine croissance (scaleups), pour les aider à devenir rapidement des champions européens ou mondiaux.
Paris et Berlin vont verser 1 milliard d’euros chacun à un nouveau fonds européen, rattaché au Fonds d’investissement européen (FEI), a indiqué le secrétariat d’État au numérique, à l’issue de deux journées de conférence européenne sur la souveraineté technologique.
Ce nouveau fonds européen pourra à son tour cofinancer, conjointement avec de l’argent privé apporté par des investisseurs institutionnels (banque, compagnies d’assurance…), des fonds d’investissement spécialisés dans les prises de participation dans les potentiels futurs champions européens de la tech.
Au total, Paris et Berlin espèrent voir surgir “le plus rapidement possible une quinzaine” de ces fonds spécialisés, dotés “d’au minimum” d’un milliard d’euros chacun, selon le cabinet du secrétaire d’État français au numérique, Cédric O.
Faire émerger une industrie du capital-risque européenne puissante
Aujourd’hui, il n’existe en Europe continentale que deux fonds d’investissements investissant dans la tech et dotés de plus d’un milliard d’euros, le français Eurazeo et le suédois EQT, selon la même source. “Nous voulons faire émerger une industrie du capital-risque européenne aussi puissante que l’industrie du capital-risque américaine“, a expliqué de son côté Cédric O.
Les fonds pour champions que Paris et Berlin espèrent voir essaimer pourront prendre des participations en capital se chiffrant en dizaines de millions d’euros par entreprise – voire en centaines de millions d’euros – pour aider celles-ci à grandir vite et solidifier leur position sur le marché mondial. Au total, 16 pays européens ont indiqué leur volonté de participer d’une manière ou d’une autre à cette initiative, certains devant préciser dans les semaines à venir leur investissement.
3,5 milliards d’euros d’argent public
La Banque européenne d’investissement (BEI) doit également annoncer un versement d’un milliard d’euros, avec une enveloppe répartie à peu près équitablement entre le futur fonds de fonds européen créé par Paris et Berlin, et des mises directes dans les fonds d’investissements pour champions. Des banques nationales d’investissement, comme Bpifrance et son homologue danoise, vont également investir dans ces fonds d’investissements. “En tout, on peut d’ores et déjà compter sur 3,5 milliards d’euros” d’argent public pour aider à “cette structuration de l’investissement” dans les futurs champions européens, a indiqué Cédric O. Selon le secrétaire d’État, les fonds publics devraient représenter au total de “20 à 25%” de l’enveloppe qui sera in fine levée par les fonds d’investissement, le reste venant du secteur privé.
Faciliter la venue de spécialistes non-européens
Pour stimuler leur secteur technologique, les États européens veulent également faciliter la venue de spécialistes non-européens dans l’Union européenne. “Nous devons faire de l’Europe le premier continent d’immigration des talents tech de l’ensemble du monde entier“, a déclaré Cédric O. “C’est comme cela que nous réussirons à être meilleurs, que nous réussirons à faire grandir nos écosystèmes” numériques.
Proposer dès maintenant un visa tech européen serait irréaliste, mais la présidence française de l’UE propose au moins de parvenir, d’ici à la fin de l’année, à réaliser un site internet européen unique présentant aux candidats à l’émigration les différents visas tech mis au point par les pays de l’Union.