Accueil e-santé Devenir médecin-ingénieur : un (encore) rare double cursus de formation

Devenir médecin-ingénieur : un (encore) rare double cursus de formation

La formation des futurs médecins aux nouvelles technologies de santé devient nécessaire à l’heure des dispositifs de guidage des gestes chirurgicaux ou encore de la datascience. Mais rares sont les enseignements de ce type en France. Un nouveau double cursus permet aux étudiants de l’UFR Médecine de l’Université de Bretagne Occidentale d’obtenir un diplôme d’ingénieur de l’IMT Atlantique en parallèle de leur cursus de médecine.

Chafiaa Hamitouche

Lancé à la rentrée 2021, ce double cursus a pour objectif de former des médecins de haut niveau disposant des compétences indispensables dans les technologies de la santé pour s’orienter vers les métiers de l’ingénierie médicale. Ce profil hybride de médecin-ingénieur connaît en effet une très forte demande, tant de la part des industriels de la santé que des 600 entreprises de la filière de la health tech (impression 3D, IA et big data, objets connectés, robotique, réalité augmentée…) en France.
« Les technologies de la santé sont en évolution permanente et commencent à prendre une bonne place au sein des structures de soins, entre imagerie médicale et dispositifs de guidage du geste chirurgical, notamment avec l’usage de l’intelligence artificielle. Il devient donc très important d’offrir une formation technique à de futurs médecins, affirme Chafiaa Hamitouche, professeur au département Image & Traitement de l’Information de l’IMT Atlantique et directrice adjointe du laboratoire de Traitement de l’Information Médicale (LaTIM INSERM U1101).
« En 2019, l’IMT Atlantique a mis en place une filière Ingenierie de la santé, explique-t-elle. C’est une thématique phare pour nous et elle regroupe beaucoup de chercheurs du monde de l’ingenierie, qui travaillent dans le domaine de la santé en étroite collaboration avec des cliniciens, et qui enseignent cette spécialité à l’IMT ».

Un type de parcours amené à se développer

Un tel double cursus entre une faculté de médecine et une école d’ingénieur est encore rare dans l’Hexagone. « Une formation du même genre existe aux Mines de Saint-Etienne, répond Chafiaa Hamitouche à notre interrogation sur le sujet. Il existe aussi, dans les écoles des Mines, beaucoup de doubles cursus pharmacien-ingénieur ».
Ouverte à la rentrée 2021, la nouvelle formation accueille quatre étudiants de deuxième année du Diplôme de Formation Générale en Sciences Médicales (DFGSM) de l’Université de Bretagne Occidentale de Brest. « Nous ne pouvons pas recevoir plus que quatre ou cinq étudiants en médecine dans ce diplôme d’ingénieur d’une grande école où les promotions sont limitées à 25 apprenants, explique-t-elle. Par ailleurs, les étudiants en médecine ne sont pas forcément tous intéressés par ce parcours ou en capacité de suivre un double cursus, qui rallonge de surcroit d’une année la durée des études ».

Durant la formation, les candidats retenus sur leur motivation et leur projet professionnel suivent d’abord, en parallèle de leur deuxième année du DFGSM, une mise à niveau intensive en mathématiques, physique et informatique à raison de 125 heures, réparties entre cours en présentiel à l’UFR Sciences de l’Université et cours à distance. « A l’issu de ce programme, un jury va décider de leur propension à intégrer le cursus d’ingénieur à l’IMT Atlantique pour une année en alternance, précise Chafiaa Hamitouche. Elle se fera au rythme de deux jours par semaine à l’UFR Médecine dans le cadre de la troisième année du DFGSM et de trois jours à l’IMT Atlantique de Brest ».

Entre dispositifs médicaux connectés, patient numérique, gestes médicaux-chirurgicaux assistés par ordinateur…

Durant cette année, ils choisiront une des thématiques d’approfondissement de la filière Ingénierie de la santé de l’IMT, entre dispositifs médicaux et capteurs, patient numérique, gestes médicaux-chirurgicaux assistés par ordinateur, imagerie médicale pour l’exploration diagnostique et le suivi thérapeutique ou encore dispositifs médicaux connectés. Ils effectueront également un stage en entreprise de quatre semaines.

L’année suivant leur DFGSM3 (voir le schéma ci-dessus), les étudiants intègreront à plein temps la troisième année du cycle d’ingénieur d’IMT Atlantique, avant de reprendre le cours de leurs études de médecine en DFASM (Diplôme de Formation Approfondie en Sciences Médicales). « Ils opteront pour une nouvelle thématique d’approfondissement Ingénierie de la santé de l’IMT et effectueront leur stage de fin d’études d’ingénieur de cinq à six mois », précise Chafiaa Hamitouche.
La datascience semble se détacher comme la thématique la plus prégnante, pour cette première promotion en tous cas.  

 

 

Patricia Dreidemy