L’université Paris VIII Vincennes – Saint-Denis forme des étudiants qui sortent avec une double compétence originale, en technologie et en handicap et accessibilité. L’enjeu sociétal d’une société inclusive est à la clef.
Le Master Mathématiques et Informatique Appliquées aux Sciences Humaines et Sociales (MIASHS), parcours Technologie et Handicap est ouvert depuis le début des années 2000. Dénommé plus brièvement Master Handi, il se fonde sur l’appropriation par les étudiants des nouvelles technologies pour mettre en œuvre des solutions facilitant l’intégration des personnes handicapées physiques et sensorielles dans leur environnement social et professionnel. Les diplômés contribuent à l’application des lois existantes, notamment la loi de février 2005 concernant l’intégration des personnes handicapées et le droit à compensation.
Professionnels de la santé et étudiants en informatique
Le Master réunit deux profils d’étudiants. Des professionnels ou jeunes diplômés du secteur de la santé (ergonomes, kinésithérapeutes et ergothérapeutes qui veulent améliorer leur prise en charge des personnes en situation de handicap). Et des étudiants qui ont une formation technologique : licence ou diplôme d’ingénieur en informatique, électronique, robotique, mathématiques et informatique appliquées.
Anis Rojbi, responsable du parcours, explique : « Nos enseignants sont particulièrement motivés, et adaptent leurs enseignements aux deux profils. La formation technologique est axée sur la pratique : les crédits se valident plus par projet que par examen. Tous les étudiants doivent avoir un projet professionnel qui combine technologies et handicap. Chaque année, nous recrutons 20 à 25 étudiants pour 150 à 200 candidatures. Nous accueillons naturellement des étudiants en situation de handicap. »
Le diplôme est à forte composante multidisciplinaire : informatique, traitement du signal et de l’image, neurosciences, médecine, ergonomie, psycholinguistique, statistiques… Les enseignements technologiques représentent 76 % du Master 1. En Master 2, un stage d’au moins 4 mois est effectué, et le projet technique collaboratif réunit des étudiants des deux profils dans chaque équipe.
Depuis 2020, le Master peut être suivi en alternance, en partenariat avec le centre de formation des apprentis (CFA) Afia. 20 % des étudiants choisissent l’alternance. Le Master 1 ne peut être suivi en alternance par les non-informaticiens, du fait de la charge de travail importante dans les matières technologiques. Le Master est ouvert aux étudiants étrangers. L’organisation permet de suivre l’enseignement à distance. Chaque année, ils sont six ou sept à le suivre ainsi.
Sensibiliser les entreprises
« Dès leur stage, les étudiants sensibilisent l’entreprise où ils travaillent sur les notions d’accessibilité, qu’elles connaissent parfois très peu, explique Anis Rojbi. Les retours sont très positifs des maîtres de stage. Ils cherchent par la suite à avoir d’autres stagiaires, voire à embaucher pour poursuivre le travail sur la thématique. Les entreprises appréhendent les bénéfices de la mise en œuvre d’actions sur le handicap, bien sûr en termes d’accessibilité, mais aussi financiers et d’image. Elles s’aperçoivent que ce n’est pas très compliqué à mettre en place. Quand il s’agit de traiter un handicap, par exemple de rendre accessible un site web aux sourds ou aux non-voyants, c’est assez simple. La prise en compte du polyhandicap requiert toutefois des solutions technologiques plus personnalisées, pouvant mêler l’intelligence artificielle et la robotique. »
Des thématiques et métiers variés
Les soutenances de mémoire de stage de Master 2 se font sur des sujets très divers. Citons, pour les diplômés 2021 :
– technologies et aides techniques pour le maintien à domicile des personnes âgées ;
– l’ergothérapeute et les outils technologiques ;
– dispositif de salle d’immersion sonore pour un centre de rééducation pour personnes déficientes visuelles ;
– l’accessibilité numérique qui améliore l’autonomie des joueurs en situation de handicap ;
– l’accessibilité numériques des produits d’assurance.
Et pour les Master 2020 :
– améliorer l’autonomie et l’indépendance des personnes en situation de handicap moteur grâce à la domotique ;
– l’accessibilité numérique des établissements hospitaliers ;
– développement de nouvelles fonctionnalités sur logiciel pour dyslexiques.
Les débouchés sont également variés :
– création de startups spécialisées dans l’accessibilité numérique ;
– experts en accessibilité de sites web ;
– spécialistes de l’adaptation des postes de travail ;
– chargés de mission handicap dans l’administration publique et les collectivités locales ;
Des professionnels de la santé retournent à leur métier, avec une expertise technique sur l’accessibilité et le handicap plus poussés.
Certains choisissent la voie de la recherche et poursuivent dans l’équipe THIM (Technologies, Handicaps Interfaces Multimodalités) au sein du laboratoire CHArt (Cognitions Humaine et Artificielle). CHArt est placé sous la cotutelle de l’Université Paris 8, de l’Ecole Pratique des Hautes Etudes (EPHE) et de l’université Paris-Est Créteil (UPEC).
Christine Calais