C’est l’un des constats du dernier baromètre international « Transformations, Compétences et Learning » de l’Observatoire Cegos. Pour cette édition 2021, 2 643 salariés et 365 directeurs ou responsables des ressources humaines/directeurs ou responsables de la formation d’organisations de 50 collaborateurs et plus ont été interrogés en juillet dans quatre pays d’Europe (France, Allemagne, Italie et Espagne), à Singapour et au Brésil.
Il ressort également du baromètre que malgré la crise sanitaire, les organisations ont poursuivi leur effort de formation. Ainsi, 89 % des DRH/RRH/RF français (93 % pour l’ensemble du panel international) disent avoir fortement adapté leur offre de formation depuis le premier confinement. Sans surprise, la crise a accéléré la tendance de montée en puissance des dispositifs à distance et du blended learning : 58 % des DRH/RRH/RF français ont mis en place des formations en ligne et près de la moitié des dispositifs mixtes. Les classes virtuelles ont été fortement privilégiées (69 % des DRH/RRH/RF français) tout comme les modules d’e-learning (52 %).
« Les barrières et les résistances se sont levées devant le besoin de montée en compétences toujours présent et à force d’expérimentations, on s’est rendu compte que beaucoup de choses fonctionnaient bien à distance », estime Christophe Perilhou, directeur Learning & Solutions du groupe Cegos.
Le télétravail fait augmenter les formations à distance
Les thématiques de formation ont été directement corrélées aux enjeux et aux impacts de la crise sanitaire. « De nouvelles thématiques ont émergé ou bien ont le vent en poupe telles que le management et la vente à distance, la maîtrise des outils collaboratifs et la gestion du stress, ce qui illustre parfaitement les défis du management hybride », souligne-t-il. La formation à distance s’inscrit désormais dans une tendance durable : en France, 81 % des salariés et 82 % des DRH/RRH/RF estiment que les formations désormais dispensées par leur organisation se feront davantage à distance qu’avant la crise sanitaire. Une vision qu’on retrouve également à l’international. « Tant pour les DRH que pour les collaborateurs, le télétravail va aussi faire augmenter les formations à distance », déclare Christophe Perilhou.
Le risque d’obsolescence des compétences toujours élevé
Déjà constaté l’an dernier, le risque d’obsolescence des compétences, notamment sur les hard skills, est avéré : en moyenne, selon les DRH/RRH/RF français, 40 % des emplois de leur organisation présentent un risque d’obsolescence des compétences dans les trois ans à venir, en baisse toutefois de 7 points versus 2020. Selon eux, dans les cinq prochaines années, leur organisation va faire face à l’émergence de nouveaux métiers (49 %), des créations d’emplois (38 %), la disparition de certains métiers (28 %) et des réductions d’effectifs (26 %). Les RH devront ainsi répondre à une double problématique : ajuster l’organisation – baisse d’effectifs, disparition de métiers – et trouver les personnes compétentes pour les nouveaux métiers et créations d’emplois.
Ce sont 88 % des DRH/RRH/RF français (75 % à l’international) qui estiment que la maîtrise des compétences numériques de base est aussi un enjeu RH majeur. Concernant les compétences comportementales (soft skills) à maîtriser en priorité, DRH/RRH/RF français et internationaux s’accordent sur le Top 3 suivant : communication au travers du numérique, collaboration à distance et agilité/adaptation. Selon eux, ce sont les compétences digitales qui doivent impérativement être renforcées (37 % en France, 33 % à l’international), devant les compétences managériales, comportementales et métiers.
Salariés et DRH conscients des transformations en cours
Les salariés sont tout à fait conscients de l’impact des transformations en cours sur leur métier et leur vie professionnelle. 27 % des salariés français (30 % au niveau international) craignent de voir disparaître leur métier. Cette peur est prégnante chez les ouvriers (39 % sur le panel international), dont les métiers sont particulièrement et notamment menacés par l’intelligence artificielle, et pour lesquels l’enjeu de reconversion (reskilling) est crucial.
Parmi les salariés français, 78 % pensent que les transformations liées aux évolutions technologiques vont modifier le contenu de leur travail. La menace est plus clairement identifiée par les agents de maîtrise (83 % sur le panel international) et les cadres (80 %), dont les métiers vont se transformer et pour lesquels l’enjeu est davantage celui de l’upskilling. Côté DRH/RRH/RF, la priorité est bien aux démarches d’upskilling et reskilling. En France, 66 % d’entre eux prévoient d’accompagner les collaborateurs pour les faire monter en compétences sur leur poste actuel et 51 % pour développer leurs compétences sur un autre métier tandis que 45 % entendent recruter de nouveaux profils. Seuls 3 % n’envisagent aucune action particulière.
Patricia Dreidemy