(AFP) – Le commissaire européen Thierry Breton a estimé que le projet de régulation des géants du numérique était conforté par les révélations de la lanceuse d’alerte de Facebook, Frances Haugen, après avoir échangé avec elle mercredi.
“Ce qui a été mis en lumière par Frances Haugen démontre qu’il y a vraiment une urgence à légiférer et à ne pas faiblir », a déclaré à des journalistes le commissaire au Marché intérieur.
Thierry Breton est à l’origine de deux projets de législation (DSA et DMA), présentés en décembre 2020, qui visent à mettre fin aux abus des géants du numérique. Ces propositions de texte sont depuis en cours de négociation au Parlement européen et au Conseil qui représente les Etats membres.
La conversation avec Frances Haugen incite à “ne pas affaiblir les propositions malgré le lobby pour diminuer les obligations » des plateformes, a estimé le commissaire français.
Il a expliqué avoir écouté ses accusations à l’encontre de Facebook avant de passer en revue avec elle les différents éléments du projet de régulation européen. “Cela a permis d’avoir sa perception, en particulier sur les problèmes de transparence, de données, d’algorithmes », a-t-il confié.
La lanceuse d’alerte avait appelé mardi le Congrès américain à renforcer la régulation de Facebook, qu’elle accuse notamment de pousser les adolescents à utiliser toujours plus ses plateformes, au risque de provoquer une addiction. Frances Haugen affirme également que Facebook a supprimé, après l’élection présidentielle américaine, des filtres contre la désinformation pour favoriser une augmentation de la fréquentation de ses plateformes, ensuite utilisées par des internautes pour préparer le rassemblement du 6 janvier à Washington, qui a mené à l’envahissement du Capitole.
Si ces faits sont avérés, il faut qu’ils “ne puissent pas avoir lieu en Europe », a martelé Thierry Breton, estimant que le projet de la Commission permettrait de contrer de telles dérives. Il a par ailleurs indiqué que la Commission réfléchissait à une régulation sur les publicités ciblées, alors que des eurodéputés réclament qu’elles soient mieux encadrées. Cette thématique n’est pas couverte par le DSA et le DMA, mais “c’est un sujet sur lequel on réfléchit » dans le cadre d’une prochaine proposition législative, a indiqué M. Breton, soulignant que cette réflexion ne portait pas seulement sur la publicité politique.
Selon M. Breton, Mme Haugen prévoit de venir début novembre à Bruxelles où elle pourrait être auditionnée par le Parlement européen.