Comme pour d’autres entreprises, la pandémie n’a pas été sans effet sur la conception des espaces de travail de Fujitsu, qui a quitté début juillet ses bureaux d’Asnières-sur-Seine pour emménager à la Défense au sein de la nouvelle tour Alto. Solutions Numériques a voulu en savoir davantage. Interview de Benjamin Revcolevschi, directeur général France de Fujitsu.
Solutions Numériques : Ce déménagement était-il déjà prévu avant la pandémie ?
Benjamin Revcolevschi : Nous sommes présents en France depuis 30 ans et, depuis quinze ans, nos bureaux étaient basés à Asnières-sur-Seine. Nous envisagions, depuis un certain temps et avant la pandémie, des locaux vraiment attractifs pour nos salariés, pour attirer des nouveaux talents, et pour nos clients.
Nous souhaitions y intégrer des espaces de co-création où l’on puisse travailler ensemble. Nous voulions aussi disposer de facilités d’accès grâce aux solutions de mobilité de demain et pas juste avec la voiture, qui était le moyen de transport de 70 % de nos salariés. Notre fin de bail arrivant cette année, nous avons profité de l’opportunité.
S. N. : La pandémie a-t-elle modifié le projet d’organisation de vos nouveaux bureaux ?
B. R. : Au moment du confinement, nous avons facilement basculé en télétravail à 100 % puisque nos collaborateurs étaient déjà équipés d’ordinateurs portables et de téléphones mobiles et travaillaient parfois déjà en distanciel.
Mais dans le cadre du projet de déménagement, nous nous sommes demandé à quoi devaient ressembler nos bureaux de demain, puisque dans l’avenir nos 350 salariés vont davantage télétravailler qu’avant.
Cette réflexion s’est basée sur une conviction forte : quand ils viennent au bureau, il faut qu’ils aient une expérience plus riche qu’à la maison. En effet, il y a eu un gain de productivité très net à travailler chez soi, même s’il existe aussi des désavantages. Donc, si les collaborateurs font deux heures de trajet en transports en commun pour venir au travail, il faut qu’ils se disent que cela vaut la peine.
“Si les collaborateurs font deux heures de trajet en transports en commun pour venir au travail, il faut qu’ils se disent que cela vaut la peine.”
S. N. : Qu’avez-vous fait dans ce sens ?
B. R. : Nous avons dédié deux tiers de nos bureaux à la collaboration avec des espaces de coworking, des salles de co-création, des espaces où les collaborateurs peuvent se retrouver, accueillir les clients et travailler différemment.
La seconde évolution est de penser nos locaux en hybride. Nous réfléchissons à la façon dont, demain, nous pourrons faire des réunions ou des ateliers avec des collaborateurs en présentiel et d’autres en télétravail.
“La seconde évolution est de penser nos locaux en hybride. Nous réfléchissons à la façon dont, demain, nous pourrons faire des réunions ou des ateliers avec des collaborateurs en présentiel et d’autres en télétravail.”
Cela demande une ingénierie technique différente en termes d’écrans, de caméras et de sonorisation ainsi qu’en termes d’animation des réunions. Il faut aussi former nos managers et avoir durant les réunions une personne garante que tout le monde s’entende et que la dynamique soit bonne, à la fois pour les personnes sur site et celles qui sont à distance.
Notre approche s’inscrit dans le cadre du plan Work Life Shift, démarche mondiale du groupe Fujitsu qui prône une nouvelle manière de travailler, avec notamment du travail à distance, de la responsabilisation et de l’autonomisation des salariés, de la confiance managériale, la refonte des locaux…
S. N. : Côté télétravail, où en êtes-vous ?
B. R. : Nous avons signé un nouvel accord, qui recommande de travailler deux jours par semaine à la maison, et nous donnons aussi une compensation financière. Nous voulons être sûrs de préserver une partie des bénéfices du télétravail durant la crise où les salariés étaient plus reposés, plus sereins et se sentaient plus efficaces. Nous mettons cependant un curseur, puisque lorsqu’on télétravaille à 100 %, on ne voit plus ses collègues, ce qui peut être perturbant.
“Nous avons signé un nouvel accord, qui recommande de travailler deux jours par semaine à la maison, et nous donnons aussi une compensation financière”.
Depuis un an et demi, avec la pandémie, nous n’avions pas dépassé les 10 % de personnes sur site. Depuis le 1er juillet, nous sommes passés à une jauge autorisée de 50 % dans nos nouveaux locaux. Nous poussons d’ailleurs nos salariés à revenir car se retrouver est bénéfique. La jauge de 100 % de salariés présents sur site ne sera sans doute pas autorisée avant la fin de l’année. Nous attendons les directives de la direction Monde à cet égard.
Des bureaux prenant en compte le caractère hybride
des nouveaux modes d’organisation du travail
Début juillet, la société nippone a abandonné ses bureaux de Asnières-sur-Seine pour emménager à la Défense au sein de la nouvelle tour Alto. Plus qu’un simple déménagement, cet événement a été l’occasion pour Fujitsu France de mettre en application un nouveau mode d’organisation prenant en compte à la fois son expertise technologique et son expérience des mois écoulés de pandémie. L’objectif est d’offrir aux équipes un continuum entre l’expérience vécue en télétravail et celle vécue au bureau : lors de réunions, de rendez-vous, de contacts entre collaborateurs, etc. L’idée, avec ces nouveaux bureaux, est que chacun salarié ait, dans l’entreprise, quelque chose de très différent de ce qu’ils ont chez eux en télétravail, et que l’expérience soit riche.
Les bureaux vont se décliner en 60% d’espaces de collaboration (salles de co-création, salles modulaires où les collaborateurs pourront brainstormer par exemple). Le reste de l’espace sera dédié à des bureaux organisés par pôles d’expertise. L’objectif est que l’expérience de travail de chaque salarié soit plus personnalisée en fonction de son métier.
Patricia Dreidemy