Le Forum International de la Cybersécurité édition 2021 est à l’heure de la maturité, alors que l’ANSSI veut exporter sa vision de la cyber au niveau européen.
C’est par une météo inhabituellement clémente que s’est tenue l’édition 2021 du FIC cette semaine. Le changement de date au mois de septembre explique cela et, après une première journée plutôt calme de l’aveu des exposants, ceux-ci ont été rassurés par l’affluence les jours suivants. Pari gagné pour les organisateurs et les acteurs qui étaient du voyage à Lille cette année. Après avoir multiplié les dispositifs digitaux en 2020 et 2021, ceux-ci peuvent renouer le contact « physique » avec leurs clients.
Parmi les points d’orgue de cette édition 2021, le passage des ministres et autres candidats à la présidentielle et bien évidemment le discours de Guillaume Poupard, directeur général de l’ANSSI. Celui-ci prépare activement la future présidence française de l’Union Européenne qui va démarrer le 1ier janvier prochain. « Nous y travaillons d’arrache-pied avec le Quai d’Orsay car cela reste un moment important. Il y a une véritable ambition politique de porter des idées et la cybersécurité fait partie des priorités, au plus haut niveau » a indiqué Guillaume Poupard. « Le sujet européen a été un sujet assez riche, parfois complexe car il y a plus de personnes à convaincre, mais globalement on peut être contents de ce qui a été réalisé au niveau réglementaire avec la directive NIS, et qui fonctionne si bien que nous en préparons la version 2. »
Le directeur de l’ANSSI mise sur la carte réglementaire
Plus que jamais, le directeur de l’ANSSI mise sur la carte réglementaire pour faire bouger les choses et pousser les acteurs publics et privés à augmenter leur niveau de sécurité. Commentant l’échec allemand à vouloir forcer les GAFAM et notamment Microsoft à appuyer son offre Cloud sur les datacenters de T-Systems, Guillaume Poupard a expliqué sa position : « Quand l’Etat cherche à forcer les clients et les offreurs en même temps, à la fin ça échoue. Quelle que soit l’offre, celle-ci doit être au top niveau, et il est hors de question de commercialiser une offre qui à un mois de retard, les gens n’en veulent pas. Les gens veulent des versions à jour, que les patchs et les évolutions soient poussés en continu. La deuxième conclusion, c’est qu’on ne tord pas le bras aux GAFA. Il faut parler avec eux, il faut qu’ils aient envie. On n’est pas de taille à les forcer car s’ils n’ont pas envie de le faire, ils ne le font pas et mettent tous les moyens pour faire échouer le projet… Enfin l’opérateur intermédiaire doit avoir une plus-value, doit apporter quelque chose. Ce retour est bien pris en compte dans les offres qui sont en train de se constituer ».
Face à une attitude dirigiste, le directeur général de l’ANSSI mise sur la discussion et le dialogue avec les GAFAM pour faire progresser les intérêts nationaux et européens.
Alain Clapaud